La stratégie de lutte contre l’endométriose annoncée ce 11 janvier par Emmanuel Macron, et dont le premier comité de pilotage s’est tenu le 14 février dernier sous la présidence d’Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, a enfin mis la lumière sur cette pathologie qui concerne 10% des femmes en âge de procréer et altère la qualité de vie. Les mécanismes de l’endométriose et ses liens avec l’infertilité sont encore mal connus. Du tissu endométrial présent anormalement en dehors de la cavité utérine provoque des lésions dont les cellules, influencées par les hormones ovariennes, se comportent comme celles de la muqueuse utérine. Lors des règles, ces fragments tissulaires entraînent une inflammation. Le rectum, la vessie, les ovaires, les ligaments utérosacrés et le vagin sont les organes les plus fréquemment touchés et dans de rares cas, le cerveau et les poumons. « L’endométriose déclenche des douleurs extrêmement invalidantes dont l’intensité est notée de 8 à 10 sur l’échelle de la douleur. Avec un retard au diagnostic de 7 à 10 ans, l’endométriose continue d’évoluer. Le Graal est d’être capable de réduire ce temps à seulement quelques jours », introduit le Pr François Golfier (CHU de Lyon), président de la commission endométriose du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF). Jusqu’à aujourd’hui, chez les patientes symptomatiques avec suspicion d’endométriose, le diagnostic s’effectue par l’examen clinique et l’imagerie (échographie et IRM). Si ces méthodes détectent certains types d’endométriose (kystes ovariens, endométriose profonde), elles restent insuffisantes pour d’autres formes comme l’endométriose péritonéale. « Nous devons parfois aller jusqu’à la coelioscopie chez les patientes « discordantes » qui ont une échographie et une IRM normales, un traitement médical arrêtant leurs règles et qui, malgré tout, ont toujours des douleurs. Si un test diagnostique peut réduire ce parcours de soin compliqué, c'est fantastique pour les femmes » complète le Pr Philippe Descamps (CHU d’Angers), vice-président de la Fédération internationale de gynécologie et d’obstétrique (Figo). De 30 à 40% des patientes endométriosiques sont infertiles. « Avec ce test, nous pourrons les identifier plus tôt dans leur parcours afin de les orienter vers une aide médicale à la procréation adaptée » indique le Dr Léa Delbos, gynécologue-obstétricienne (CHU d’Angers). Une étude sur 200 patientes Depuis plusieurs années, des équipes scientifiques travaillaient sur l’identification de biomarqueurs en vue de concevoir un test diagnostique non invasif. Les micro-ARN (miARN) se sont révélés prometteurs. Ces ARN non codants répriment l’expression des gènes en se fixant sur un ARN messager spécifique bloquant sa traduction en protéines et/ou induisant sa dégradation. Ils interviennent dans certains processus biologiques (différenciation, prolifération, mort cellulaire, inflammation) et dans la physiopathologie de maladies. Un lien direct entre la dérégulation de certains miARN et le développement de lésions d’endométriose a été mis en évidence. Sécrétés dans le milieu extracellulaire, les miARN circulants sont retrouvés dans les fluides biologiques tels que la salive. Lancé en janvier 2021 par la société lyonnaise Ziwig, l’essai clinique Endo-miRNA, incluant 200 patientes a permis le développement de son test salivaire Endotest. Menés par une équipe française associant médecins hospitaliers, ingénieurs en intelligence artificielle et spécialistes du séquençage haut débit, ces travaux ont identifié, dans la salive, 109 miARN impliqués dans la physiopathologie de l’endométriose parmi les 2600 miARN humains. Selon le Pr Golfier, « avec une sensibilité de 96,7%, une spécificité de 100% et une AUC de 98%, la précision diagnostique de cette sélection de biomarqueurs est inégalée et ceci quelles que soient les formes d’endométriose ». Une nouvelle étude incluant 1000 femmes vient d’être initiée dans cinq centres français référents. L’objectif, avec ce test salivaire, sera d’aller plus loin en phénotypant les formes d’endométriose et en identifiant le risque d’infertilité. Un kit d’auto-prélèvement de salive Les femmes réalisent le prélèvement à domicile et l’envoient au laboratoire qui, en quelques jours, confirme ou infirme le diagnostic d’endométriose. Marqué CE, Endotest a reçu l’autorisation de mise sur le marché européen. En France, sa mise à disposition fait l’objet d’une concertation avec les autorités de santé, en vue de son inscription dans le parcours de soin et de son éventuel remboursement par la CNAM. Lors du premier comité de pilotage interministériel sur l’endométriose, O. Véran a « salué les résultats » de ce dispositif et précisé que la HAS pourrait lui accorder un forfait innovation. Endotest devrait être disponible d’ici l’été.
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