Urgences en plein vol ou dans le train : médecins, quelle est la marche à suivre ?
Installé à bord d’un avion ou dans un train, un médecin peut être appelé et confronté à une situation d’urgence, en présence d’un passager malade ou en urgence vitale. Quelle est la conduite à tenir ? On fait le point.
Porter assistance à une personne en danger est une obligation morale, légale et pour un médecin, déontologique. Cette obligation s’impose à tout citoyen, et à plus forte raison aux professionnels de santé, mieux armés de par leur formation à prodiguer les premiers gestes de secours.
La non-assistance à personne en péril peut être sanctionnée pénalement et sur le plan disciplinaire, en présence d’un péril réel, grave et imminent alors que le médecin a conscience du péril auquel il est confronté, mais décide de s’abstenir d’intervenir. Une action est ainsi possible alors que l’intervention peut être personnelle ou consister à appeler ou provoquer un secours plus adapté à la situation.
Le refus d’intervenir peut aussi être sanctionné en cas d'absence de risque personnel pour le médecin, son action ne devant pas mettre en danger sa propre vie ou celle d’un tiers. Si un médecin sera plus facilement amené à intervenir auprès d’un patient qu’il connaît, une intervention en urgence sur la voie publique, en vol ou dans un train peut couvrir diverses situations médicales pour lesquelles un médecin témoin ou passager n’est pas toujours préparé.
Egora fait le point sur ces situations.
Intervention en vol
A bord d’un avion, certaines situations peuvent nécessiter une assistance médicale. Si, comme le rappelle le Dr Vincent Feuillie, médecin-conseil chez Air France (1), chaque membre du personnel navigant reçoit tous les ans une formation de premiers secours pratique et théorique avec des mises en situation, une urgence médicale peut dépasser leur niveau de compétences et justifier l’avis et l’intervention d’un passager médecin à bord.
Ce praticien pourra ainsi avoir accès à du matériel médical disponible à bord, en fonction de l’état du passager malade. Une première trousse de premiers secours contient du paracétamol, des médicaments sans ordonnance ou encore des pansements et du désinfectant. Une seconde trousse est composée d’antibiotiques et d’un nécessaire de perfusion ne pouvant être utilisé que par un médecin. Une troisième trousse doit compter un défibrillateur automatique, du matériel de diagnostic avec un tensiomètre électronique, un saturomètre, un lecteur de glycémie, un thermomètre, une lampe pupillaire ou encore un stéthoscope.
Comme le rappelle le Dr Feuillie, "toute intervention faite à la demande de l’équipage est couverte par l’assurance de la compagnie, en plus de l’assurance responsabilité que possède chaque médecin". Le médecin devient ainsi préposé de la compagnie aérienne qui répond donc de ses actions, même s’il appartient au seul commandant de bord de décider ou non de modifier son plan de vol, quelle que soit la préconisation du médecin.
Comme le rappelle la MACSF, en cas de situation d’urgence ou de péril grave et imminent sur un vol assuré par une compagnie française, un médecin intervenant spontanément ou à la demande du personnel navigant sera couvert par le statut de "citoyen sauveteur", en sachant que son obligation reste de moyens et non de résultat. Il convient toutefois de se renseigner auprès de son assureur sur l’étendue de sa couverture d’assurance. A titre d’exemple, la MACSF couvre ses assurés dans le monde entier, à l’exception des Etats-Unis, de l’Australie et du Canada.
A bord d’un train
Il appartient à l’agent SNCF de procéder à une annonce sonore pour solliciter l’aide d’un médecin ou d’un membre du corps médical parmi les voyageurs. Lorsqu’un professionnel de santé se manifeste, il peut utiliser la trousse d’urgence disponible à bord, effectuer un premier diagnostic, évaluer la gravité de l’état de santé du voyageur, et procéder, si nécessaire, aux premiers gestes d’urgence.
Le chef de bord devra prévenir le centre opérationnel dont il dépend si une intervention de secours extérieurs est nécessaire, pour que le train puisse s’arrêter dans un lieu accessible. Et ce, en sachant que seuls les secours peuvent décider de déplacer ou d’évacuer la personne malade. C'est une intervention a priori moins compliquée qu’en avion.
Rappelons enfin que depuis 2009, les rames TGV sont équipées de défibrillateurs cardiaques situés dans la voiture-bar du train. Le personnel à bord est formé pour s’en servir. Les voyageurs peuvent aussi les utiliser grâce aux consignes sonores émises par l’appareil.
(1) "Y a-t-il un médecin à bord ?", bulletin de l'Ordre des médecins n°97, mai-juin 2025.
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