“Aujourd’hui, il y a urgence”, écrit l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) dans un courrier adressé à la nouvelle ministre de la Santé. “La situation du système de santé et de la formation médicale est préoccupante”, analyse son président, Alexis Loupan. Alors que Brigitte Bourguignon vient tout juste de prendre ses nouvelles fonctions avenue de Ségur, l’association qui défend les carabins lui rappelle que les étudiants ne peuvent désormais plus se contenter de “demi-mesures”, à l’heure où “la vocation n’a jamais été aussi forte”. “Nous, étudiants en médecine, vous appelons solennellement à mener les transformations nécessaires pour restaurer les conditions d’études et d'exercice des professionnels de santé de demain.”
L’Anemf liste ainsi ses priorités d’action, à commencer par le chantier des réformes, aujourd’hui “inabouties”, selon elle. “L'augmentation significative du nombre d'étudiants et la révolution pédagogique promise n'ont pas été accompagnées de moyens humains et matériels suffisants”, considère Alexis Loupan, qui appelle à augmenter urgemment le nombre de personnels hospitalo-universitaires ainsi que “de valoriser la valence enseignement des praticiens hospitaliers et de financer des plans immobiliers pour les facultés”. Soulignant que près d’un étudiant sur quatre a déjà songé à arrêter ses études pour des raisons financières et compte-tenu de la hausse des prix des carburants, le président de l’Anemf souhaite aussi que les indemnités de transport et d’hébergement soient réévaluées. Une revalorisation qui devra aussi être complétée par la hausse de la rémunération des externes.
L’Anemf souhaite également que l’engagement de "tolérance zéro” sur les violences sexistes et sexuelles soit réaffirmé par Brigitte Bourguignon. “La tolérance zéro de la part des institutions envers les auteurs de violences, l’attribution de moyens suffisants pour permettre à la Coordination nationale d’accompagnement des étudiants en santé d’assurer ses missions, et la formation obligatoire des professionnels de santé aux risques psychosociaux devront être des priorités du prochain quinquennat”, écrit Alexis Loupan.
Enfin, parmi les priorités de l’Anemf figure le report des discussions de la quatrième année d’internat de médecine générale à la rentrée. “Nous vous demandons d’ores et déjà de suspendre le projet de quatrième année de médecine générale. A un mois des Examens Classants Nationaux, il est en effet intolérable de...
prévoir son application pour la rentrée prochaine”, prévient l’association. “Une décision concernant la moitié des promotions des futurs internes ne peut être prise à la légère. La qualité de la supervision des internes, l’accompagnement du projet professionnel ou encore l’adaptabilité de la maquette du DES de médecine générale, indispensables à la réussite d’une telle réforme, doivent être garantis”, affirme-t-elle encore.
Une position partagée par l’Intersyndicale nationale autonome et représentative des internes de médecine générale, qui s’est également fendue d’une lettre à la ministre de la Santé. Pour elle, “la tentation est grande d’associer la création d’une quatrième année d’internat de médecine générale à une volonté politique de résoudre les problématiques actuelles d’accès aux soins”. “Pour autant, les internes de médecine générale ne sauraient être utilisés comme variable d’ajustement pour répondre aux enjeux d’un système de santé défaillant”, énonce Mathilde Renker, la présidente du syndicat.
Outre ce point, l’Isnar-IMG demande à Brigitte Bourguignon de s’attaquer à la question du respect du temps de travail des internes. “Votre prédécesseur s’est engagé à ce que les tableaux de service des internes, permettant la mesure et le contrôle du temps de travail, soient réalisés de façon systématique pour chaque interne dès le 1er mai 2022. Nous demandons des mesures concrètes, car le non-respect de cette réglementation, pourtant en vigueur depuis 2015, ne peut plus être ignoré”, insiste le syndicat qui veut que tout manquement soit sanctionné. En parallèle, il faudra ouvrir le chantier des gardes hospitalières : l’Isnar-IMG entend, en effet, à ce que les gardes de 24 heures soient respectées.
Enfin, le syndicat de futurs généralistes rappelle, dans sa lettre, son opposition ferme à toute coercition. “Nous sommes force de proposition sur la question de l’accès aux soins, mais les internes de médecine générale se mobiliseront toujours contre les velléités de les priver de leur liberté”, annonce Mathilde Renker.
L’Anemf et l’Isnar-IMG ont, par ailleurs, fait savoir à la ministre qu’ils attendaient de pouvoir la rencontrer.
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