ECNi : pendant plusieurs années, ces quatre lettres ont rythmé la sixième année de médecine des carabins. Mais, nouveauté de cette rentrée 2021 : le décret cadrant la réforme du deuxième cycle des études de médecine a été publié au Journal officiel le 8 septembre, actant définitivement sa mise en place après deux ans de report et mettant ainsi fin à ces examens tant redoutés. Elle concerne les étudiants inscrits en première année du deuxième cycle des études de médecine cette année, et ceux qui suivront, précise le décret.
“C’est une nouvelle stratégie de formation et d’affectation, construite avec enseignants et étudiants. Place à la pédagogie active basée sur les compétences, le raisonnement clinique et la simulation !”, s’est félicitée la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, sur Twitter. “Ça faisait longtemps qu’on attendait ce décret. C’est une première étape”, s’est de son côté satisfaite Marie Bousigues, vice-présidente chargée des affaires sociales et études médicales à l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) qui tient néanmoins à souligner qu’il manque encore des arrêtés importants : ceux précisant par exemple l’organisation et le déroulé des épreuves ou de la procédure de matching.
C’est acté ! Le décret sur la réforme des études de médecine est paru. C’est une nouvelle stratégie de formation et d’affectation, construite avec enseignants et étudiants. Place à la pédagogie active basée sur les compétences, le raisonnement clinique et la simulation ! pic.twitter.com/thf7zoj8kl
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) September 8, 2021
Si les ECN ont donc disparu, les carabins vont néanmoins vite devoir se familiariser avec de nouveaux acronymes : les “EDN” et les “Ecos” en tête. En effet, à la place d’un examen... unique à la fin de l’année, la réforme prévoit deux grosses sessions d’examens, en octobre et en mai, qui permettront aux candidats de réaliser 44 classements différents (un par spécialité).
Les EDN : examens dématérialisés nationaux
Dès le début de l’année, les externes se frotteront aux “Examens dématérialisés nationaux” (EDN). Le concours remplace le modèle actuel des ECNi et représente 60% de la note finale servant à classer les étudiants pour le choix de leur spécialité. Dans ce nouveau format, les connaissances ont été réparties et hiérarchisées en trois niveaux : rang A, rang B, rang C.
Les connaissances de rang A relèvent de tout ce que le médecin doit savoir absolument, quelle que soit sa spécialité (définition, prise en charge d’une urgence, etc... ). Les connaissances de rang B correspondent à des éléments spécialisés, utiles à un carabin au début de son internat sans être des éléments de sur-spécialité. Enfin, le rang C regroupe toutes les connaissances de sur-spécialité mais elles ne figurent pas dans les attendus des EDN. Pour valider ses EDN, un étudiant devra nécessairement obtenir une note minimale de 14/20 aux connaissances de rang A.
Les modalités d'évaluation vont, elles aussi, évoluer. Si les carabins avaient l’habitude de travailler des QCM et des dossiers progressifs, ils devront également réaliser des vignettes cliniques réalistes, des concordances de script, des “key-features problems”, menus déroulants… En ce qui concerne les dossiers progressifs, le nombre de questions a été réduit de moitié afin de ne pas tomber sur des questions de sur-spécialité. Au total, 367 items ont été retenus. (Tout le détail du programme et des modalités d’évaluation des EDN à retrouver dans notre article sur le sujet).
Les Ecos : la grande nouveauté de la réforme
En complément de cet examen théorique, les externes devront se confronter, à la fin de l’année, aux “examens cliniques objectifs et structurés” (Ecos). Cette fois, il s’agira pour eux d’être évalués sur dix thèmes tirés au sort parmi 11 compétences attendues au cours de l’apprentissage : procédure, éducation / prévention, stratégie diagnostique, communication interprofessionnelle, urgence, iconographie, examen clinique, stratégie pertinente de la prise en charge, entretien/anamnèse, annonce et synthèse de résultats d’examens paracliniques.
Les étudiants devront ainsi réagir à un scénario qui leur sera proposé, avec un acteur ou un chef de clinique qui jouera un rôle. 350 situations de départ ont été déterminées et créées par un Conseil scientifique. Elles seront évaluées sur 100. (Tout le détail à retrouver dans notre article sur le sujet).
Les Ecos constituent 30% de la note globale déterminant leur classement avant le choix des spécialités. Les 10% restants seront complétés par la prise en compte du parcours des carabins, c’est-à-dire l’ensemble des... éléments annexes qui font la particularité des étudiants, comme des stages à l’étranger ou dans d’autres CHU que celui de rattachement, des diplômes ou formations autres que la médecine par exemple.
Choix de la spécialité : le matching
Contrairement au fonctionnement des ECN, les futurs internes ne disposent pas à la fin de l’année d’un classement unique, mais de 44 classements (un par spécialité), constitués en fonction de leurs résultats aux EDN, des Ecos et de la note “parcours”. L’idée de la réforme : que des candidats ayant, par exemple, été très bons lors des épreuves de chirurgie soient favorisés pour choisir la spécialité. Ou, à l’inverse, qu’un étudiant ayant eu de mauvais résultats à des questions de neurologie soit moins favorisé pour choisir cette spécialité.
Une fois leurs classements obtenus, les candidats formuleront des vœux de ville et de spécialité, puis un algorithme (celui de Gale et Shapley) se chargera de faire correspondre - ou “matcher” - un poste, une spécialité, une subdivision avec un candidat. (Retrouvez le détail du fonctionnement de l’algorithme dans notre article sur le sujet.)
Redoublement
Que se passe-t-il pour les étudiants qui ne parviennent pas à valider la note de 14/20 aux connaissances de rang A lors des EDN ? “Dans ce cas, ils passeront une deuxième session qui aura lieu avant les Ecos”, précise Marie Bousigues. Mais, pour éviter une rupture d’égalité des chances avec les autres candidats, c’est la note obtenue lors de la première session qui sera retenue malgré un résultat supérieur à 14 pour le calcul de leur note finale en vue du choix de la spécialité.
Le décret stipule également que le redoublement sera possible en cas de force majeure ou pour une raison médicale dûment justifiée.
Vers plus d’égalité
La vocation de la réforme du deuxième cycle des études de médecine était notamment de rendre le concours de l’internat plus égalitaire pour les étudiants. Dans cet esprit, l’Anemf se satisfait d’avoir obtenu la possibilité que les membres du jury des Ecos proviennent à 50% d’une autre faculté. Ainsi, un juré sur les deux examinateurs des Ecos ne connaîtra pas l’étudiant effectuant ses Ecos. “C’était une nécessité pour nous, nous sommes très heureux d’avoir pu l’obtenir”, dit Marie Bousigues. “Globalement, c’est un premier pas. Il reste encore du chemin à parcourir mais l’Anemf travaille depuis le début sur la conception de cette réforme et continuera d’aider tous ses acteurs”, affirme la représentante de l’Anemf.
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