Yannick Neuder

Capture écran "Commission des Affaires sociales du Sénat"

Accès aux études de médecine : le Gouvernement envisage une réforme pour la rentrée 2026

Auditionnés conjointement par les commissions des Affaires sociales et de la Culture, l’éducation et le sport du Sénat, Yannick Neuder et Philippe Baptiste ont confirmé vouloir "aboutir à une réforme à la rentrée 2026", comme le préconise le rapport de la Cour des comptes. 

27/03/2025 Par Pauline Bluteau
PASS/LAS
Yannick Neuder

Capture écran "Commission des Affaires sociales du Sénat"

L’engagement semble ferme même s’il reste incertain : une nouvelle réforme sur l’accès aux études de santé Pass-LAS pourrait s’appliquer dès la rentrée 2026. Lors de leur audition devant les sénateurs, Yannick Neuder, ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins, et Philippe Baptiste, ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, ont confirmé vouloir annoncer des propositions "très rapidement pour aboutir à une réforme" d’ici un an donc… "Si possible".

Car si les deux ministres partagent l’avis rendu par la Cour des comptes, dont le rapport sur les études de santé a été publié en décembre dernier, les modalités pour accéder aux filières MMOP (médecine, maïeutique, odontologie et pharmacie) sont loin d’être tranchées.

"Je m’inscris dans ce calendrier pour la rentrée 2026, pose d’emblée Yannick Neuder, après les propos liminaires de son homologue de l’Enseignement supérieur. Nous souhaitons aller le plus vite et le plus haut possible pour former vite et mieux." Le ministre, qui n’a jamais "été fan de cette réforme", le confirme : en plus d’une "complexité administrative", d’une mauvaise appropriation de la réforme par les étudiants sur Parcoursup et d’une "mauvaise acculturation du monde médical et des enseignants eux-mêmes qui sont perdus", "l’idée est de tirer les conséquences".

Philippe Baptiste penche, lui, pour une "simplification du système actuel". "Plutôt qu’une voie unique, je souhaite que l’on travaille sur un modèle unique d’organisation de l’accès aux études de santé en gardant le principe de parcours diversifiés : je compte identifier les meilleures pratiques pour proposer des solutions au niveau national." Rien ne semble fixé à ce stade, sauf un éventuel retour de l’ancien système : "Le fantôme de la Paces nous hante avec ses défauts, mais [avait] l’avantage d’une grande simplicité. Il est exclu de revenir à ce système. Ce serait renoncer aux avancées réalisées ces dernières années et continuer à gâcher un grand nombre d’étudiants, constate le ministre. La volonté de simplifier et d’harmoniser le système au niveau national est une demande générale et un diagnostic que je partage."

Plus de quatre ans après la mise en place des parcours Pass-LAS, la réforme a atteint "ses limites". "La réforme devait donner une certaine souplesse aux universités mais cela n’a pas toujours bénéficié aux étudiants, l’hétérogénéité entre les établissement nuit au système, les étudiants souffrent de cette situation et la juge inéquitable. C’est l’enjeu majeur", souligne Philippe Baptiste.

 

Première année délocalisée

Là encore, les constats de la Cour des comptes et plus généralement des doyens, des étudiants et des élus sont repris par les ministres : la réforme de l’accès aux études de santé ne répond pas aujourd’hui aux besoins de santé des patients ni des territoires, le tout dans un contexte où "le rapport au travail a changé", appuie Yannick Neuder. D’après le ministre de la Santé, "il y a un enjeu de souveraineté des formations". Il évoque ses discussions avec les ministres de la Santé belge et espagnol "venus [lui] dire gentiment que ce serait sympathique de récupérer nos étudiants". Les départs à l’étranger "accélérés" depuis la réforme Pass-LAS laisse un sentiment amer de perte "de contrôle de notre système de formation", poursuit Yannick Neuder.

Dans la salle, les sénateurs ont repris à plusieurs reprises la nécessité de territorialiser la formation pour attirer les étudiants et éviter les promotions surchargées en première année. "Les capacités d’accueil sont une réalité. On peut pousser les murs en première année grâce à des dispositifs numériques, mais c’est moins possible dans les années supérieures à cause des stages, répond Philippe Baptiste. Il faut réfléchir à d’autres dispositifs et je pense qu’on aura des propositions avec le ministre de la Santé."

Parmi les pistes évoquées : la multiplication des "campus connectés". "La première année peut être délocalisée de façon virtuelle. À Grenoble, elle se déroule totalement en distanciel", illustre Yannick Neuder. Un avis partagé par le ministre de l’Enseignement supérieur : "Avec cette réforme, on a augmenté le nombre d’antennes universitaires avec une composante santé : nous avons 70 antennes et 75% des départements proposent une première année de santé."

Pour les sénateurs, l'objectif de la diversification des profils des futurs professionnels de santé est loin d’être atteint. "Les progrès ne sont pas spectaculaires en termes de diversification des parcours, il y a encore beaucoup de travail à mener", admet Philippe Baptiste.

Pourtant, si le ministre tient à cet enjeu, la simplification l’emporte. La prochaine réforme devrait "limiter le nombre de double-parcours à quelques disciplines qui ont vraiment du sens. Il faudra savoir quelles sont ces disciplines". À l’inverse, Yannick Neuder réaffirme l’importance des profils scientifiques : "Il faut trouver un équilibre."

Rien n’est sûr donc, tout comme le retour au redoublement, remis sur la table et qui laisse poindre des désaccords entre les ministres. "Le redoublement doit pouvoir exister dans la réforme que l’on va proposer", insiste Yannick Neuder qui "entend" aussi les argument du ministère de l’Enseignement supérieur quant à la nécessité de poursuite d’études. "J’étais perplexe sur le redoublement en Paces mais le fait d’avoir plusieurs chances pour intégrer un cursus médical, ça me paraît vraiment important, commente Philippe Baptiste. Est-ce que ça doit être un redoublement d’une année ou une deuxième chance au cours du cursus ? Ce sont des discussions que l’on doit avoir."

Pour Philippe Mouiller, président de la commission des Affaires sociales du Sénat, une autre question se pose : "Quelles sont les marges de manœuvre à court terme pour avancer sur cette réforme ?" Comme le rappelle Yannick Neuder, "les calendriers se percutent" avec d’autres dossiers importants à gérer, dont la mise en place de la quatrième année de médecine dont l’ensemble des décrets doivent être "publiés avant l’été".

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Claire FAUCHERY

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il y a 8 mois
Il y a une maladie chronique chez les politiques, c'est qu'ils sont atteints de réformite "sans repos" et attachés à laisser un nom pour la postérité. Le problème dans l'enseignement, c'est qu'on forme des étudiants pour de nombreuses années et pour les rendre opérationnels. Pour les étudiants en santé et en médecine en particulier, cela a un impact sur toute la population. En informatique, avant de rendre opérationnelle la version définitive, on teste une version beta! Cela permet de corriger les bugs. En médecine on "fait" dans l'expérimental et on compte les échecs. La précipitation n'est pas la solution, même dans cette lo..o...n..n...gue période de pénurie. Et c'est pire que l'EPR de Flamanville. Les causes des retards on les connait, les coûts sur la santé aussi et on s'acharne à réformer et réformer encore. Veuillez, s'il vous plait appuyer sur "pause" et réfléchir avec les professionnels et stop avec les lobbies. S'engager dans des études de médecine, c'est un long parcours de toute façon. Il y a des connaissances indispensables à acquérir. Il y a des pratiques à apprendre et consolider. S'il on peut comprendre qu'une sélection (oh le vilain mot) est nécessaire, l'élimination définitive n'est pas indispensable. S'il on peut comprendre qu'une spécialisation prenne du temps, il n'est peut être pas indispensable que ce temps soit le même pour toutes les spécialités; mais cette durée ne doit pas être fonction des besoins mais de la qualité de la formation. S'il on veut que ce parcours "sélectif" soit néanmoins attractif, il faut probablement glisser quelques gratifications pendant et à la fin de ce parcours. S'il on forme des médecins étrangers, plutôt que de les exploiter et les mettre en colère, peut être faut il les évaluer, certes, mais qu'à travail égal la rémunération ne soit pas honteusement si différente. Peut être aussi qu'on peut leur donner le CHOIX d'un temps d'exercice en France et d'un retour ultérieur dans leur pays d'origine. Mon vrai et seul conseil, c'est qu'une réforme hâtive a de fortes chances d'être une réforme bâclée et encore plus une réforme loupée ce qui ajoutera à la confusion, à la réforme de la réforme et une nouvelle perte de temps, un surcoût et un accroissement des déserts. Déserts qui par ailleurs ne sont pas que médicaux et qu'il faut y penser aussi à "revitaliser" les territoires désertifiés par l'enseignement, le travail et tout ce qui fait avoir envie d'y vivre pour s'y installer et faire sa vie .... Et pas seulement médicale.
 
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