"Nous sommes victimes de notre activité marginale" : le SOS d’un réanimateur du privé

26/12/2022 Par Louise Claereboudt
Témoignage
Dans un texte transmis à Egora, le Dr Cyril Manzon, membre du conseil d’administration de l’association des réanimateurs du secteur privé (ARDSP), alerte sur la perte d’attractivité de cette activité, écartée par les politiques publiques.
 

"Nous avons été comme il se doit aux premières loges des premières vagues épidémiques liées au Covid avant de retomber ensuite dans l’oubli ou presque", livre, amer, le Dr Cyril Manzon, dans un texte envoyé à Egora. Le réanimateur qui exerce dans le privé, en secteur 1, alerte sur une perte d’attractivité de la pratique "depuis plusieurs années avec une accélération en lien avec l’épidémie Covid". "Nous ne parvenons plus à attirer nos plus jeunes collègues, ne pouvant tout simplement plus faire face à la concurrence de l‘anesthésie libérale autant qu’aux conditions d’exercice largement revalorisées à l’hôpital public", constate le praticien. "[Nous sommes] victimes de notre activité marginale à contre-courant de la dichotomie prête à penser d’une médecine hospitalière et salariée opposée à une médecine libérale surnommée ‘de ville’", analyse le Dr Manzon, qui indique qu’il existe une cinquantaine de services de réanimation privée en France, représentant "12% de l’activité de réanimation dans notre pays".

"Systématiquement ignorés par des mesures de colmatage qui ont tenu lieu de revalorisation et qui n’ont concerné que nos collègues du public. Pas davantage considérés par les syndicats de praticiens libéraux, sans doute accaparés par de plus gros enjeux", décrit-il. "Quant aux groupes propriétaires des établissements où nous exerçons, et dont nous dépendons directement sur le plan économique par la mise à disposition de moyens (pour résumer : les lits ouverts), ce n’est que dialogue de sourd stérile depuis des mois." Malgré les "multiples" interpellations au ministère de la Santé, les SOS des réanimateurs du privé "sont restés jusqu’ici lettre morte", regrette le Dr Manzon, qui se fait le porte-voix d’un secteur invisibilisé. "Nous revendiquons une revalorisation rapide de la [permanence des soins en établissement (PDSES), NDLR]", énonce-t-il d’abord. "Nous espérons ensuite que les travaux en cours du Haut Conseil à la nomenclature sauront reconnaître à leur juste valeur, et avant qu’il ne soit trop tard, le travail de médecins qui assurent la sécurisation médicale de leurs établissements et participent au maillage territorial des soins critiques, nuits et jours, 365 jours par an", demande enfin le praticien de la métropole lyonnaise.

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