fin de vie

80% des médecins généralistes favorables à une légalisation de l'aide à mourir

Un sondage Ifop paru dimanche 11 mai en exclusivité dans La Tribune dimanche relève que 74% des médecins français souhaitent la légalisation de l'aide active à mourir pour les patients, qui la demandent "expressément et de manière réitérée". 

12/05/2025 Par Louise Claereboudt
fin de vie

Quel rapport les médecins entretiennent-ils avec la fin de vie ? Que pensent-ils de l'aide active à mourir ? Alors que deux propositions de loi - l'une sur les soins palliatifs, l'autre sur l'aide active à mourir - font leur entrée dans l'hémicycle ce lundi, un sondage Ifop réalisé pour l'Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD), et publié en exclusivité dans La Tribune dimanche, montre qu'une majorité de médecins semblent favorables aux évolutions prévues par ces textes législatifs. 

Pour parvenir à ces conclusions, l'Ifop a sondé 400 médecins généralistes et spécialistes exerçant à l'hôpital et en ville, d'abord sur leur expérience professionnelle de la fin de vie. Il leur a été demandé s'ils avaient déjà reçu, dans leur pratique médicale, des questions de la part de patients sur les possibilités d'accéder à une aide active à mourir, en France ou à l'étranger, ou des demandes d’aide active à mourir. 77% des médecins interrogés ont répondu par l'affirmative.

Les médecins étaient ensuite amenés à faire part de leurs opinions sur l'aide active à mourir. Des affirmations leur étaient présentées et ils devaient indiquer s'ils étaient favorables ou non. Pour 71% des médecins sondés, l'aide active à mourir apparaît "compatible" avec les soins palliatifs. Pour 70%, elle est "un soin de fin de vie", "au même titre que la sédation profonde et continue avec altération de la conscience maintenue jusqu'au décès". 

74% des médecins sondés ont, par ailleurs, jugé "souhaitable" que la France légalise l'aide médicale active à mourir "pour les patients qui la demandent expressément et de manière réitérée" (formulation proposée par l'Ifop dans son sondage). Dans le détail, 28% ont jugé cela "tout à fait souhaitable", 46% "plutôt souhaitable". A contrario, 17% ont répondu "plutôt pas souhaitable" et 9% "pas du tout souhaitable". 

Ces chiffres varient en fonction du sexe de l'interviewé, de sa spécialité, de son type d'exercice. Ainsi, 79% des femmes médecins se sont montrées favorables, contre 70% des hommes de l'échantillon. 80% des généralistes ont exprimé leur souhait d'une légalisation de l'aide active à mourir, contre 70% pour les autres spécialistes. Un écart important est également visible entre libéraux (81% sont favorables) et hospitaliers (69%).  

 

58 % des médecins accepteraient de participer activement à une aide active à mourir

Les médecins étaient également interrogés sur leur propension à accompagner un patient souhaitant bénéficier d'une aide active à mourir. D'abord, "sans avoir de rôle actif" (aide aux démarches, rédaction de dossiers…). Dans ce cas, 73% ont répondu "oui" (27% "oui certainement", et 46% "oui probablement"). Là encore, les libéraux (77%) apparaissent davantage prêts à le faire que les hospitaliers (69%).

Il leur a ensuite été demandé s'ils accepteraient de participer "activement" à une aide à mourir "pour un patient arrivé en fin de vie et qui la demande expressément et de manière réitérée". 58% des médecins sondés ont répondu "oui" (16% "oui certainement", 42% "oui probablement) ; 62% pour les généralistes, 55% pour les autres spécialistes. L'écart entre libéraux (60%) et hospitaliers (55%) est moins marqué dans ce cas. 

Le sondage Ifop réalisé pour l'ADMD a ensuite distingué euthanasie (administration d'un produit létal par un tiers) et suicide assisté (auto-administration d'un produit létal). Ce lundi 12 mai, la ministre du Travail et de la Santé, Catherine Vautrin, a dit vouloir que l'auto-administration constitue "la règle", et la réalisation de l'acte par un professionnel de santé, "l'exception". 68% des médecins sondés se sont déclarés favorables (23% "tout à fait favorable" et 45% "plutôt favorable) à une légalisation de l'euthanasie à titre personnel : 76% pour les libéraux, 60% pour les hospitaliers, 75% pour les généralistes et 63% pour les autres spécialistes.

S'agissant du suicide assisté, 60% ont répondu être favorables à une légalisation à titre personnel (19% "tout à fait favorable", 41% "plutôt favorable"). Des variations apparaissent là aussi en fonction des professionnels sondés. 67% des généralistes se sont déclarés favorables contre 55% des autres spécialistes, et 69% des libéraux contre 51% des hospitaliers.  

 

*Sondage réalisé par téléphone entre le 7 et le 16 avril. 

[avec La Tribune dimanche]

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Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 7 mois
En tant que médecin généraliste, je suis régulièrement confronté à la fin de vie, mais je ne me suis jamais senti bloqué pour des raisons juridiques à l'accompagnement de mes patients. Les problématiques sont essentiellement matérielles, avec des difficultés à trouver des lits de soins palliatifs, une HAD efficace et non réfractaire à la sédation profonde à domicile, des délais raisonnables dans les centre anti-douleur et des soins psychiatriques. La plupart des gens ont une méconnaissance profonde de la fin de vie, de ce que la loi actuelle permet, et c'est malheureusement sur cette base d'ignorance que nous allons ouvrir la porte à toutes les dérives sans que cela n'apporte à mon avis quelque chose de positif.
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Débatteur Passionné
Anesthésie-réanimation
il y a 7 mois
Tant qu’on (me) posera la question, je formulerai une réponse… Mais je ne suis pas sûr qu’on me la pose ni qu’on tienne compte de ce que je dis. Avec bien des réticences on a accepté l’arrêt des traitements actifs qui étaient pratiqués en réanimation par les équipes et requalifiés par la loi en arrêt de l’obstination déraisonnables. Après bien des discussions on est arrivé aux lois Léonetti Claeys sur la sédation profonde dont on a discuté la faisabilité en ville. Il reste que ces dispositions ne couvrent pas toutes les fins de vie et notamment celles qui concernent les maladies neuro-dégénératives. (Sans parler des patients sous tutelle ou curatelle et les mineurs). Pourtant qui n’a pas entendu des malades non communicants criants dans les services la nuit comme le jour dont certains soignants disent qu’ils expriment peur angoisse ou cauchemars. et pas forcément douleur. J’ai l’impression que les deux premières situations ont été acceptées (avec tous les garde-fous possibles) parce qu’ils relevaient d’une pratique reconnue et décidée PAR les médecins et de façon collégiale. Là quand la décision relève du patient mais qu’elle requière l’assentiment du médecin, tout change sur le plan politique. Pourtant ce sondage montre qu’une majorité de médecins y est favorable. On accepte du bout des lèvres que le cancer en phase terminale puisse en bénéficier, bien qu'on peine à délimiter la phase terminale. Mais c’est justement la situation où les soins palliatifs sont les mieux placés pour les critères de la sédation profonde. Mais rien sur les maladies dégénératives où la fin de vie, inéluctable est souvent vécue comme insupportable (indigne par les malades) du fait d’une souffrance psychologique intolérable. Et attendre amène parfois à un état de dégradation comportemental incompatible avec la formulation de la demande d’assistance. Alors que penser des directives anticipées réitérées? Elles ne semblent pas devoir être prises en compte! On accepte bien (et c'est heureux) les clauses de conscience. Pourquoi opposer l’assistance au suicide quand on accepte la sédation profonde et pourquoi opposer les dispositions liées à la demande du patient et celle des soins palliatifs quand c’est décidé par le soignant? Pourquoi obliger les patients à changer d’équipe soignante quand elle leur serait le plus utile dans un travail de confiance abouti? Pourquoi donc deux projets de loi? Je ne peux que souhaiter que ce ne soit pas pour un problème budgétaire et qu’il ne soit pas question de ne pas renforcer celui des soins palliatifs ou de différer (encore) la loi sur l’aide à mourir (dans la dignité). Et quand je vois la complexité des débats et le peu de suivi des opinions des comités citoyens, j’espère que cela ne sera pas soumis à referendum ce qui serait un grand risque de récupération politicienne. Le courage, dans les réformes sociétales c’est quand le politique prend ses responsabilités.
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22 points
Néphrologie
il y a 7 mois
Alors que je pratique quotidiennement les soins palliatifs, je me présente chaque fois comme un médecin qui est là pour préserver la vie, mais quand la nature en choisit autrement et que le patient devient inconfortable il est de ma responsabilité de lui offrir une fin de vie digne. La loi actuelle, lorsqu'on connaît les outils qu'elle procure et que l'on a un peu de moyens soignants, permet de proposer des projets de fin de vie dignes aux patients tout en protégéant légalement, mais aussi moralement les professionnels. La peine de mort a été aboli en 1981, une seule personne était in fine responsable (le PdR), après un circuit juridique très contrôlé. Ouvrir le droit à mourir à 300 000 médecins ? comment pourra-t-on éviter les dérives, sur des personnes par définition en situation de vulnérabilité ? Ce jour j'ai eu une demande à peine voilée d'euthanasie par une famille sur son proche en situation de grande vulnérabilité, dans un contexte de différents dans la fraterie (notaire ...) etc Si cette loi doit passer il faudra bien réfléchir à son écriture : . Droit à mourir (pour tous !), ou dépénalisation du droit de tuer pour certaines situations ? . Contrôle de légalité du consentement par un juge pour préserver les professionnels sur un plan légal ? (comme pour les dons du vivant ?) Personnellement, que le patient et son entourage puissent se dire que je peux être pour eux un outil pour mourir m'effraie totalement. Qu'en sera-t-il du rôle du médecin lorsque des injonctions économiques micro ou macro viendront à s'ajouter (ce qui arrive déjà) ?
 
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