IDE et futur infirmier anesthésiste, Jérémy Guy se voit bien un jour devenir Youtubeur à mi-temps, tout en gardant “un pied à l’hôpital”. A 25 ans, il est d’ores et déjà à la tête d’une communauté de plus de 35.000 abonnés sur ses réseaux sociaux. Il y poste toutes les semaines des vidéos de vulgarisation sur la santé : présentation de cas cliniques, conseils aux professionnels de santé et au grand public… mais aussi des vidéos plus humoristiques, mais néanmoins éducatives, dans lesquelles il analyse par exemple les erreurs médicales dans les films et séries. Petit, il ne voyait que par Jamy Gourmaud, l’acolyte à lunettes de Fred dans l’émission C’est pas sorcier. Aujourd’hui âgé de 25 ans, Jérémy Guy se rapproche indubitablement de son idole de jeunesse, avec plus de 35.000 personnes qui s’intéressent à ses contenus sur les réseaux sociaux. C’est en 2019 que le jeune infirmier, diplômé deux ans plus tôt, réalise son premier court-métrage sur les accidents domestiques au sein même de l’hôpital Necker (AP-HP) où il prend son premier poste à la sortie de l’école, d’abord aux urgences pédiatriques puis en réanimation pédiatrique. Ce premier projet à peine terminé, grandit en lui l’envie de poursuivre la vulgarisation dans la santé. Le 1er août, il saute le pas en lançant sa propre chaîne Youtube, Les Minutes de Jérémy. “Il y avait beaucoup de vulgarisation dans le domaine de l’histoire, de la biologie, mais pas grand-chose au niveau de la santé”, raconte l’infirmier. “Je me suis dit aussi que c’était une bonne façon de représenter le métier d’infirmier, de montrer que ce n’est plus la profession des années 70, qu’on a beaucoup évolué.” Lassé d’entendre que les infirmiers sont les “petites mains” des médecins, il s’est efforcé de décrire au mieux son métier de passion dans une série de vidéos : quelles évolutions possibles ? quels rôles ? etc.
Au-delà de la volonté de défendre sa profession, l’envie de transmettre l’anime. “Ça me fait vibrer”, explique celui qui organise aussi des formations. Que ce soit auprès du grand public ou des professionnels de santé, Jérémy Guy s’efforce chaque semaine dans ses vidéos d’expliquer le plus simplement possible cas cliniques, sujets d’actualité, ou encore théories scientifiques… “Je faisais beaucoup de vulgarisation grand public puis, pendant le Covid, je me suis mis à faire aussi des vidéos pour aider les professionnels de santé qui se retrouvaient mobilisés en réanimation”, indique le jeune homme qui propose également des tutoriels (respirateurs et modes de ventilation, ECG, transfusion…), notamment pour les étudiants en santé qui le suivent. Au cours de cette crise sanitaire, le jeune passionné s’est également donné pour mission de déconstruire les théories fumeuses...
qui circulaient - et pour certaines circulent toujours - sur Internet. Il s’est notamment attaqué aux discours selon lesquels les vaccins à ARN messager modifieraient notre ADN. Le Youtubeur, qui a réalisé quelques vacations en service Covid et a été marqué par le décès d'une fillette, s’est aussi intéressé à l’origine des antivax, s’efforçant de comprendre comment les propos anti-vaccins, nombreux sur les réseaux sociaux – et en particulier depuis que le Gouvernement a décidé d’obliger certains professionnels (dont les soignants) à se faire vacciner, ont pu se multiplier dans le pays de Pasteur. Conscient de l’importance de donner des informations fiables, il n’hésite pas à s’entourer d’autres professionnels de santé comme dans son podcast sorti samedi 17 juillet, dans lequel il discute avec Océane, virologiste et vétérinaire, alias "The French Virologist", des vaccins contre le Covid, des contre-indications, des effets secondaires, de leur efficacité, etc.
Décortiquer avec humour les erreurs médicales dans les films et séries Du haut de ses 25 ans, Jérémy entend, grâce à son contenu dynamique et sa présence sur les réseaux sociaux (Instagram, Twitter…), apporter des clefs de compréhension aux jeunes qui l’écoutent. “Il y a de grosses lacunes en termes de connaissances en santé publique, ce qui est grave pour un pays comme la France”, constate-t-il au sein de la jeune génération, notamment autour des questions de prévention (contre le VIH par exemple), de la sexualité, et ce, malgré la libération de la parole. “Comme il commence à y avoir des traitements, la jeune génération passe bien souvent à la trappe. Il faut refaire cette éducation en l’adaptant à leur âge”, ambitionne-t-il. Celui qui a été plus jeune pompier volontaire et bénévole à la Croix Rouge française a conscience que pour accrocher ce public, il est nécessaire d’apporter une touche de fraîcheur et de légèreté dans ses vidéos. Ainsi, il a développé une série plus humoristique dans laquelle il analyse les erreurs médicales dans les films et séries à la mode. “En général je repars d’une erreur, je la reproduis chez moi et j’explique en quoi c’est complètement faux.” La dernière en date a été réalisée en partenariat avec l’Agence de la moelle osseuse, dont il est l’ambassadeur. Elle met en lumière la réalisation fantasque des dons de moelle dans la science-fiction, avec...
des interventions très éloignées de la réalité et qui, déplore le jeune homme, brouillent le message. Dans The 100 par exemple, une série apocalyptique dans laquelle 100 jeunes élevés sur une station spatiale sont envoyés sur Terre pour vérifier si elle est de nouveau habitable après la guerre nucléaire qui a ravagé presque l’intégralité de la planète il y a des générations, on assiste à une scène de prélèvement de moelle osseuse “extrêmement violente”, réalisée “à la perceuse” dans les “hurlements”. “Quand j’en ai parlé à l’Agence de la biomédecine, ils m’ont dit que ce passage faisait passer un très mauvais message à destination d’un public que l’on cible, les 18-35 ans”, explique le jeune infirmier. En effet, “on associe le don de moelle osseuse à quelque chose d’hyper violent, hyper traumatique”, ce qui n’incite pas au don, déplore-t-il.
Parler de ces erreurs cinématographiques permet à Jérémy Guy d’expliquer comment se déroule généralement un don : bien souvent par cytaphérèse, ou en intra osseux sous anesthésie générale. S’il n’est pas adepte de la critique pour la critique, le Youtubeur relève d’autres aberrations dans la série comme le pneumothorax réalisé par l’héroïne, fille de médecin dans la série, avec un tuyau rouillé. Les séries médicales ne sont pas en reste. Si les actes techniques semblent plus réalistes, “notamment dans les séries récentes, comme The Resident”, le monde hospitalier disparaît complètement au profit du scénario. “Dans Docteur House par exemple, on a une atmosphère centrée sur le médical. On dirait que les autres personnels sont inexistants.”
“Il était une fois la vie” version 2021 S’il ne compte pas laisser de côté ces formats pédagogiques qui cartonnent sur le net, le jeune homme veut aller plus loin avec un projet XXL, “In Vivo”, une sorte de “Il était une fois la vie”, qui berçait son enfance, version 2021. Il s’agit tout simplement d’une fiction qui se déroule intégralement dans le corps humain. Le jeune homme a d’ores et déjà sorti un épisode 0 qui explore la réaction du tronc cérébral à une infection bactérienne sévère. Un format qui, il l’espère, plaira aux étudiants en santé. “On a déposé le concept tellement on voit loin là-dessus”, explique le futur infirmier anesthésiste. A terme, Jérémy souhaiterait sortir deux voire trois vidéos de ce type, et s’entourer d’une équipe de production pour développer ces véritables courts-métrages. Un projet qui nécessite des moyens, ce qui est loin de décourager l’étudiant, passionné par cette nouvelle aventure. “Ça cristallise tout ce que j’aime”, confie-t-il.
Entré en formation d’infirmier anesthésiste en septembre 2020 après avoir réussi le concours, Jérémy s’organise pour mener à bien tous ses projets, ce qui peut parfois être assez “compliqué” et reste “un défi d’organisation monstrueux”, reconnaît-il. Depuis peu, il a décidé de déléguer une partie du montage pour lui dégager du temps dans sa vie à cent à l’heure. Bientôt, il espère avoir suffisamment de rentrées d’argent pour que YouTube devienne “une partie de [son] métier” même s’il gardera “toujours un pied à l’hôpital”, assure-t-il. “Au-delà d’une passion, c’est devenu un travail.”
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