Sacoche

Un an dans un désert pour les jeunes médecins ? Une nouvelle proposition de loi déposée à l'Assemblée

La députée de la Mayenne, Géraldine Bannier, a mis sur la table de l'Assemblée nationale une proposition de loi visant à instaurer une année obligatoire dans un désert pour les jeunes médecins. Ce projet concerne les généralistes et les autres spécialistes. 

27/09/2024 Par Chloé Subileau
Déserts médicaux
Sacoche

Imposer une année dans un désert aux jeunes médecins ? C'est le projet de la députée Modem de Mayenne Géraldine Bannier, qui a déposé le 17 septembre une proposition de loi en ce sens auprès de l'Assemblée nationale. "Sans vouloir remettre en cause la liberté de choisir leur lieu d'installation tout au long de leur carrière", "une réponse doit toutefois être apportée à un problème qui perdure nonobstant l'augmentation du nombre de professionnels de santé", indique la députée, en préambule de sa proposition de loi.

Elle propose ainsi d'instaurer "une année obligatoire d'exercice en zones sous-dotées" pour tous les nouveaux diplômés en médecine. Cette mesure concerne tant les généralistes que les autres spécialistes. 

Le service médical citoyen : la proposition de l’Académie de médecine pour lutter contre les déserts médicaux

"On ne peut douter du fait que cette année d’exercice, qui certes ne permettra pas aux patients d’être longtemps suivis par le même médecin, leur donnera pour le moins une solution, une réponse, vraie, accessible, qui manque dans l’immédiat", estime Géraldine Bannier. Elle ajoute : "Les professionnels, jeunes médecins, y gagneront une expérience de vie forcément enrichissante et bénéfique pour le reste de leur carrière."

Loyers entièrement pris en charge

Aussi, le texte déposé prévoit que les médecins réalisent leur première année d'exercice en zones sous-dotées, dont "il conviendra de déterminer chaque année, par spécialité" ces territoires ; "un décret en déterminera les conditions", précise la proposition de loi. Elle prévoit également que cette année obligatoire soit renouvelable deux fois, si le jeune médecin en fait la demande. Les loyers seront, eux, entièrement pris en charge. De plus, les premiers étudiants concernés par ce dispositif seront ceux ayant commencé leurs études en septembre 2023.

L'article 2 de cette proposition de loi précise qu'"une indemnité sera attribuée par les collectivités locales et leurs groupements à tous les médecins généralistes et spécialistes venant d'obtenir leur diplôme". Il n'est pas donné plus de précisions sur cette rémunération.

 

Et un service civique ?

Aucune date de discussion de ce texte n'est pour l'instant connue. Mais celui-ci risque fortement de déplaire aux futures blouses blanches. Et ce, d'autant plus que le député PS Guillaume Garot, qui milite pour la régulation à l'installation des praticiens en France, a récemment relancé son groupe transpartisan sur les déserts médicaux.

Le 17 septembre, la députée Géraldine Bannier a déposé une autre proposition de loi – très similaire - visant, cette fois, à instaurer "un service civique d'un an basé sur le volontariat en zones sous-dotées" pour tous les nouveaux diplômés en médecine. Organisé en lien avec les ARS et les facultés de médecine en fonction des besoins, il est prévu que ce service civique soit exercé "dans le cadre d'un salariat calqué sur la grille indiciaire des praticiens hospitaliers". Les premiers étudiants concernés par ce dispositif sont ceux qui commencent leurs études de médecine cette rentrée 2024, précise le texte.

[avec France Bleu Mayenne]

Faut-il limiter l'installation des médecins dans les zones sur-dotées ?

LÉA THOMAS

LÉA THOMAS

Non

L'OMS estime que moins de 2,3 médecins pour 1 000 personnes ne permettent pas de couvrir les besoins primaires en termes de soins ... Lire plus

2 débatteurs en ligne2 en ligne
Photo de profil de LOUIS NGO
397 points
Incontournable
Acupuncture
il y a 1 an
Excellente idée ! pour faire fuire les jeunes diplômés, et peut-être les autres, de l'exercice libéral. Envoyer des jeunes fraichement diplômés et donc, a priori, sans autre experience que celle acquise à l'hôpital dans une zone éloignée des structures rassurantes où, précisément, il faut un peu de "bouteille", Que cette idée germe dans la tête d'un(e) élu(e) pour donner l'impression "qu'on fait quelque chose" ou, pire, pour se faire "mousser" n'est, hélas, pas nouveau. Malheureusement cette "bonne idée" soulève plus de questions qu'elle n'en résoudra. Qui paiera, combien, quoi, qui organisera, quid du conjoint et des enfants (les promotions se sont beaucoup féminisées). En résumé malheur aux soignants et aux soignés.
Photo de profil de JEAN SCHEFFER
75 points
il y a 1 an
Voilà quelque chose qui évoque ma proposition de "Clinicat Assistanat pour Tous". Même si une année me semble un peu court, le point principal est que la mesure concerne autant les futurs généralistes que les futurs spécialistes. je rappelle ma proposition: Les déserts médicaux ne sont pas exclusivement des les zones rurales et dans les quartiers. Il sont aussi dans les Hôpitaux avec 30 % des postes vacants (40% dans les hôpitaux généraux), dans les hôpitaux psychiatriques, les CMP, les PMI, la médecins scolaire, médecins du travail, santé publique, médecine pénitentiaire… Le manque des médecins est partout, dans toutes les disciplines, dans toutes les formes d’activité, salariées et libérales. Il s’agit donc à mon sens de voir l’ensemble des problèmes et de les solutionner en même temps, ce qui est possible. La solution c'est un Clinicat-Assistanat pour tous, en fin d'internat, obligatoire pour tous les futurs généralistes et les futurs spécialistes, d’une durée de 3 ans.  L’activité serait partagée entre divers établissements à l’image des assistants partagés actuels entre CHG et CHU: entre CHU et CHG pour les futurs spécialistes; entre CHG-CHU et PMI, CMP, santé publique, santé scolaire, médecine pénitentiaire, médecine du travail… ; entre CHG et centres de santé et maisons de santé… Il  s’agit donc par un seul et même dispositif de solutionner en quelques années l’ensemble des manques criants et urgents de médecins dans tous les domaines, dans toutes spécialités, sans pénaliser une catégorie, les futurs  généralistes par exemple, ou les étudiants en médecine peu fortunés, obligés de s’installer dans un désert pour se payer ses études. Cela évitera de plus le dumping entre villes, entre départements pour recruter ou débaucher, les jeunes en fin d'internat, ou ceux déjà installés et répondant à une offre plus alléchante. Il faudra définir par région, département et territoire, les manques les plus urgents en généralistes et spécialistes, et en tirer les conséquences sur la répartition par spécialité pour la première année d’internat. Pour plus de renseignements me contacter - jscheffer81@gmail.com
Photo de profil de ROMAIN L
17,5 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 1 an
Je l'avais prédit ! Il y aura une mesure démagogique visant à forcer les médecins à s'installer là où ils ne veulent pas. Mais alors là ce qu'ils projettent est particulièrement contre-productif : forcer les jeunes à exercer là où l'exercice est le plus difficile (sur le plan professionnel et familial) c'est le meilleur moyen de faire fuir ceux qui auraient encore envie de s'installer. Nous sommes vraiment gouvernés par des imbéciles.
 
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