Stéphanie Rist a clôturé les Rencontres de la médecine spécialisée, ce samedi 15 novembre à La Baule. Crédit photo : Louise Claereboudt.
"Mon intention n'est pas de pénaliser le secteur 2" : Stéphanie Rist rassure les médecins spécialistes
Malgré un agenda très contraint, la ministre de la Santé a tenu à être présente en clôture des Rencontres de la médecine spécialisée, ce samedi 15 novembre à La Baule, pour calmer les inquiétudes et la colère de la profession.
Stéphanie Rist a clôturé les Rencontres de la médecine spécialisée, ce samedi 15 novembre à La Baule. Crédit photo : Louise Claereboudt.
Après une heure d'échanges auxquels seuls les représentants des verticalités étaient conviés, la ministre de la Santé a souhaité adresser un message d'apaisement à l'ensemble des médecins spécialistes réunis ce samedi 15 novembre au Palais des congrès de La Baule, pour la clôture des Rencontres de la médecine spécialisée. "Il était important pour moi de me déplacer ici à La Baule pour parler avec vous des perspectives de la médecine spécialisée dans le contexte que vous connaissez. Non pas pour délivrer un discours de plus, mais pour nouer ou renouer le fil essentiel du dialogue", a-t-elle déclaré.
"Je sais que les débats récents autour du budget de la Sécurité sociale ont pu susciter des inquiétudes, des doutes, de la colère, mais, au fond, je sais que nous avons tous la même source de préoccupation : est-ce que notre modèle social et notre système de santé sont viables dans le temps ?", a poursuivi Stéphanie Rist, affirmant avoir fait le déplacement non pas pour "adresser des politesses", mais pour "partager et discuter en toute franchise des défis auxquels nous faisons face". Et de "prendre une minute pour rappeler de quoi on parle" : "Depuis deux ans, le déficit de la Sécurité sociale a plus que doublé […]. Si nous n'agissons pas, il sera de 29 milliards d'euros l'année prochaine."
"Certains diraient qu'il est urgent d'attendre, je pense, au contraire, qu'il faut assumer l'effort demandé, dès lors qu'il est collectif et que le constat est bien partagé", a affirmé la locataire de l'avenue de Ségur. En disant cela, "je ne veux pas créer de la peur, mais je veux qu'on réalise que chacun, dans la mesure de ses moyens, doit participer à l'effort collectif. Nous le demandons aux patients, aux industries du médicament et du dispositif médical, aux organismes complémentaires, et, oui, nous le demandons aux secteurs de la santé pour lesquels nous pouvons parler d'une rentabilité excessive", a-t-elle lancé.
Je ne jetterai jamais l'opprobre sur des spécialités entières
Stéphanie Rist a tenu à désamorcer la bombe sur ce sujet explosif. "Je ne jetterai jamais l'opprobre sur des spécialités entières, je ne stigmatiserai jamais des professionnels dans leur ensemble. Je veux simplement qu'on regarde au cas par cas, secteur par secteur, acteur par acteur, avec lucidité et transparence, les situations où la rentabilité est la plus excessive", a-t-elle expliqué, soulignant qu'"il existe [dans la santé] des secteurs avec un niveau de rentabilité opérationnelle moyenne supérieur à 15 % voire à 20 ou à 30 %. […] C'est le double de la rentabilité moyenne des entreprises marchandes".
Jouant le jeu du dialogue, la ministre a assuré, face aux médecins spécialistes, "que les études du niveau de rentabilité se feront avec [eux]". "Les organisations syndicales seront, en particulier, pleinement associées à la définition des critères de ces études", a promis Stéphanie Rist.
La ministre s'est ensuite aventurée sur le terrain – miné lui aussi – des dépassements d'honoraires. "Admettons que ce ne sont pas des mesures proposées à l'aveugle", a-t-elle dit, citant les rapports du HCAAM et des parlementaires Jean-François Rousset et Yannick Monnet sur la question. Le premier a établi que "la progression du secteur 2 est arrivée à un point où la généralisation des dépassements et leur niveau génèrent des effets systémiques et [des] déséquilibres sur le système de santé qui deviennent majeurs", le second, des constats similaires et des recommandations pour "en sortir". Le montant total des dépassements d'honoraires des médecins spécialistes a été évalué à 4,3 milliards d'euros en 2024, en hausse de 5% par an depuis 2019. "Aussi inconfortables soient-ils, je ne peux balayer ces constats d'un revers de la main", a déclaré Stéphanie Rist.
"La majorité des spécialistes [pratiquent] des dépassements avec tact et mesure, souvent d'ailleurs dans le cadre de l'Optam. Je sais que les dérives de certains sont très minoritaires", a-t-elle reconnu. Ces constats ont toutefois poussé le Gouvernement à défendre, dans le budget de la Sécurité sociale pour 2026, une "surtaxe" de ces dépassements. "Mon intention n'est pas de pénaliser le secteur 2", a promis Stéphanie Rist, redisant qu'elle ne "souhaite pas passer en force sur ce sujet". "Il faut qu'on se mette autour de la table pour avancer intelligemment, de manière lucide et concertée", a appelé la ministre, estimant que "c'est l'ensemble du système qu'il faut remettre à plat".
Des discussions seront ouvertes "dans les prochaines semaines", sous l'égide de la Cnam, et avec les syndicats de médecins et de tous les acteurs : "Ce chantier ne peut pas se faire sans vous." Il faut "refondre la nomenclature des actes - en cours -, s'accorder sur les conditions d'accès au secteur 2, reprendre les contrôles sur les pratiques excessives, refondre le nouveau contrat de maîtrise des honoraires, et repenser l'engagement des organismes complémentaires", a listé la ministre. Celle-ci a également évoqué le "virage de la pertinence" "pour retrouver la justesse du soin". Une politique déjà engagée dans le cadre de la convention médicale au travers notamment des outils d'aide à la décision. "Nous mettrons sur la table les outils et les financements."
La médecine spécialisée sera au centre de la réussite de France santé
Enfin, la ministre a évoqué le réseau de 5000 sites labellisés France santé d'ici 2027. "Même si on pense intuitivement aux soins de premier recours, la médecine spécialisée sera au centre de la réussite de France santé", a-t-elle déclaré. "On ne peut pas penser parcours de soins sans coordination et sans intégration des spécialistes". Dans ce cadre, Stéphanie Rist a promis de "lever les verrous" au niveau des équipes de soins spécialisés, "pour qu'elles se déploient plus vite". "Comptez sur moi pour essayer de déverrouiller ce qui est verrouillé." La rhumatologue de profession a assuré "être là pour accélérer les solutions, débloquer les situations chaque jour sans attendre".
"La période exige des efforts, mais elle offre aussi une opportunité, celle de co-construire ensemble avec un constat partagé, avec des solutions fondées sur vos réalités, dans la responsabilité et le respect de chacun", a conclu la ministre.
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