C’est par écran interposé que le ministre de la Santé a tenu à échanger avec les adhérents de la CSMF, en ouverture de l’Université d’été de la confédération, qui se tient jusqu’à dimanche, à Antibes. Très sollicité par la crise sanitaire, Olivier Véran s’est néanmoins prêté au jeu des questions-réponses avec les médecins en visio, tenant d’emblée à les féliciter pour leur engagement "sans failles" au plus fort de la crise sanitaire. "Pour soigner, pour la vaccination, pour répondre aux doutes. Les Français savent qu’ils peuvent compter sur vous", a-t-il affirmé avant de poursuivre : "Depuis 18 mois je le dis, la médecine de ville a pleinement assumé sa mission". Applaudi par l’assemblée après ces mots, le ministre n’en a pas moins été secoué par les différents médecins ou représentants de la CSMF, présents de la salle. Interrogé sur la question de l’exercice salarié qui progresse de plus en plus chez les généralistes, tandis que celui en libéral recule, par le Dr Luc Duquesnel, président Les Généralistes-CSMF, Olivier Véran a voulu se montrer rassurant. Il a, en effet, commencé par rappeler que la pénurie de médecins était "globale" et que le numerus clausus avait fait jusque-là "beaucoup de dégâts". Il a d’ailleurs présagé que pour trois années encore, "la situation démographique [allait] s’aggraver". Mais, loin d’être pessimiste, le ministre a aussi rappelé que beaucoup d’outils avaient été mis en place pour compenser ce manque de médecins : "C’est pour ça qu’on développe en parallèle la télémédecine, les équipes de soins primaires, spécialisés", cite-t-il notamment, avant d’assurer que les efforts faits cette année sur le numerus clausus finiront par porter leurs fruits.
Le ministre a également été interpellé par une généraliste de la région Centre-Val-de-Loire sur la question du SAS (service d'accès aux soins). Participant à l’un des projets pilote, lancé sur le territoire, la médecin lui a rappelé que ses confrères n’acceptaient pas les conditions de financement des régulateurs et effecteurs prévus par l’avenant 9, signé fin juillet. Alors que le SAS ne démarrera qu’en mars 2022, elle s’inquiète donc de savoir dans quelles conditions vont être lancés les projets pilotes et si les projets vont réellement pouvoir avancer. « On est complètement bloqués alors qu’on est prêts à démarrer », a regretté cette présidente de CPTS, précisant qu’il existe dans son département des milliers de patients sans médecin traitant. « L’avenant 9 s’appliquera », lui a répondu le ministre. « Je vous dis ma conviction, c’est que ça va fonctionner. Les premiers échos que j’ai, c’est qu’on aura des médecins volontaires pour faire fonctionner ces plateformes de SAS, qui sont très attendues à la fois des patients et des médecins. » « On peut se donner les moyens de voir si ça fonctionne », a aussi demandé le ministre. Lancement d’un appel à projet dans les territoires pour les équipes de soins spécialisés Le Dr Franck Devulder, président de la branche spécialistes de la CSMF, a, lui, profité de cet échange avec le ministre pour l’interroger sur les équipes de soins spécialisés. Aussi, pour « inciter les spécialistes à faire des propositions sur le périmètre et les missions » des équipes de soins spécialisés, Olivier Véran a annoncé qu’il avait demandé aux ARS de lancer un appel à projets dans les territoires. Cela donnera lieu à des projets "préfigurateurs" d’expérimentation, sur lequel les médecins pourront s’appuyer dans le cadre de futures négociations conventionnelles. Le ministre a enfin profité de cette tribune pour mettre en avant des "avancées" : le décloisonnement, le numérique avec "Mon Espace Santé". "On est à un tournant de notre histoire collective avec ce tournant numérique", a-t-il salué, comparant même ce changement à celui du prélèvement de l’impôt à la source. "Je fais le pari, je postule, je souhaite que nous ayons cinq années supplémentaires pour pouvoir pousser les réformes dans notre pays. Et, la campagne qui va commencer doit être l’occasion pour les représentants des professionnels de terrain de faire valoir les projets qu’ils veulent porter", a aussi dit Olivier Véran. "Nous inventons ensemble notre système de santé, nous le faisons avancer, nous l’améliorons, en nous rassemblant quand la situation l’exige", a-t-il conclut.
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