Suspendu pour avoir secouru un meurtrier présumé

02/08/2017 Par A.M.
Déontologie

Un infirmier libéral parisien a été mis en examen pour "non dénonciation de crime" et "recel de malfaiteurs" après avoir soigné un homme suspecté d'être à l'origine d'une explosion meurtrière dans la capitale. Il a été interdit d'exercer durant plusieurs mois.

L'été dernier, Carlos*, infirmier libéral de 47 ans, est appelé pour soigner le fils d'un de ses anciens patients, qui se serait coupé. Mais l'homme qu'il retrouve dans une chambre d'hôtel est en fait un inconnu, présentant d'importantes brûlures au deuxième degré aux bras et aux jambes après avoir, dit-il, manipulé de l'essence. "Je lui ai tout de suite dit qu'il devait être hospitalisé au regard de ses blessures, raconte l'infirmier au Point. Il y avait un risque d'infection. J'ai appelé, en sa présence, à trois reprises les urgences, mais il m'a dissuadé en soutenant qu'il était fatigué et qu'il irait voir bientôt un médecin." Le soignant comprend que "quelque chose ne tourne pas rond", mais revient néanmoins prodiguer des soins à son patient à dix reprises. Il est à mille lieux d'imaginer qu'il se trouve en face de l'homme soupçonné d'avoir volontairement provoqué une explosion dans un immeuble de la rue Fondary (15e arrondissement) le 3 août 2016, causant la mort d'une escort-girl présente sur place. La veille, une prostituée avait également été poignardée dans cet immeuble. Son corps a été retrouvé dans une cave du 17e arrondissement. Le suspect est interpellé et écroué à la fin de l'été, en compagnie de sept complices présumés. L'infirmier, lui, est convoqué six mois plus tard par la police Il est mis en examen pour "non dénonciation de crime" et "recel de malfaiteurs". Il se voit également interdire d'exercer sa profession. "Cette interdiction d'exercer m'a fait beaucoup de mal. J'avais un peu d'argent de côté, ce qui m'a permis de régler mes charges, mais sinon comment aurais-je fait ? À un moment, j'ai envisagé le pire. Je me suis senti bafoué et humilié." La sanction est finalement levée le 6 juillet par la chambre d'instruction de la cour d'appel de Paris. "Je vais chercher des remplacements ou une collaboration, mais je ne veux plus travailler comme un dingue comme je le faisais avant, lance-t-il. J'ai compris qu'il fallait, dans cette société, d'abord se protéger." Son avocat a déposé une requête en nullité de sa mise en examen, arguant qu'aucun élément ne permet de dire que l'infirmier savait ce qu'il s'était passé. [avec lepoint.fr]

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