Suicide d'une médecin-conseil : la CPAM jugée pour homicide involontaire
La caisse d'Assurance maladie du Bas-Rhin a été jugée, jeudi 9 octobre, par le tribunal correctionnel de Strasbourg pour homicide involontaire après le suicide d'une médecin-conseil. Le verdict est attendu le 13 novembre.
Le 12 décembre 2023, une médecin-conseil de l'Assurance maladie du Bas-Rhin a mis fin à ses jours en se défenestrant du service médical, à Strasbourg. Elle avait laissé un mot sur son clavier d'ordinateur, confiant ne pas arriver à s'améliorer et à s'intégrer : "Je n'en peux plus. Je craque, je vous demande pardon."
Une enquête sur les conditions entourant ce drame avait été ouverte en interne, tandis que le parquet de Strasbourg avait saisi l'inspection du travail, rapportent LesDernières Nouvelles d'Alsace. Le 9 octobre, la caisse d'Assurance maladie était ainsi jugée par le tribunal correctionnel de Strasbourg pour homicide involontaire.
Selon nos confrères, la médecin-conseil était mère de trois enfants. Elle avait travaillé comme médecin-conseil auprès de la direction régionale entre 2008 et 2016. Elle s'était ensuite tournée vers le libéral, puis la médecine du travail avant de devenir médecin collaboratrice à l'établissement français du sang. "Mais en sept ans, les conditions de travail avaient changé", peut-on lire dans le quotidien régional. "A partir de 2019, tout a été réorganisé pour de la performance entraînant une perte d'autonomie et de sens au travail", d'après le procureur.
50 000 euros d'amende requis
Ainsi, quand la médecin est revenue auprès de la caisse d'Assurance maladie en 2023, elle n'a plus reconnu son métier. "Il y avait une surcharge de travail, des logiciels de travail pas adaptés… La réorganisation a tout cassé", confie notamment une ancienne collègue.
Du côté de la caisse d'Assurance maladie, on assure pourtant avoir mis en place des solutions pour améliorer les conditions de travail de la médecin. "Une technicienne a renoncé à ses journées de télétravail pour l'assister, le nombre de ses consultations a été réduit, une alerte a été donnée par sa manageuse", a détaillé Me Georges Holleaux, avocat de l'établissement, lors de l'audience.
L'inspection du travail estime, de son côté, que "l'établissement est passé à côté d'une situation grave et n'a pas traité l'alerte correctement". D'autant que, juste avant son suicide, la victime avait reçu un nouveau planning, accroissant sa charge de travail, notent nos confrères.
A l'issue de l'audience, 50 000 euros d'amende ont été requis. Le verdict est attendu le 13 novembre prochain.
La sélection de la rédaction
Comptez vous fermer vos cabinets entre le 5 et le 15 janvier?
Claire FAUCHERY
Oui
Oui et il nous faut un mouvement fort, restons unis pour l'avenir de la profession, le devenir des plus jeunes qui ne s'installero... Lire plus