Après ses propos controversés sur les médecins libéraux, Frédéric Valletoux s'explique

19/05/2022 Par A.M.
Interview exclusive
Alors que ses récents propos sur les généralistes et l'obligation de garde ont déclenché une tempête au sein de la profession, le président de la FHF a souhaité répondre aux "invectives" et inquiétudes des médecins sur Egora. Non, Frédéric Valletoux ne considère pas que les généralistes sont des "feignasses". "Je sais quelles sont les journées des médecins de ville, j'ai un immense respect pour leur travail", nous assure-t-il. Pour autant, le représentant des hôpitaux publics refuse que la question de la permanence des soins continue d'être un "tabou". Alors que les services d'urgences se prépare à un été noir, il appelle l'ensemble des acteurs à organiser ensemble la continuité des soins et à "planifier les vacances" en ville. Candidat du parti Horizons aux élections législatives dans la 2ème circonscription de Seine-et-Marne, investi par la majorité présidentielle, Frédéric Valletoux revient également sur ses ambitions politiques.

    Egora.fr : Lors de votre discours inaugural de Santexpo, vous avez déclaré que "la France manque de médecins qui prennent en charge des malades". Qu'avez-vous voulu dire par là ? Frédéric Valletoux : J'ai regardé les statistiques de l'Ordre des médecins et notamment le rapport 2020. Ces statistiques montrent qu'entre 2007 et 2020, le nombre de médecins actifs a légèrement augmenté – de 4000. A la question "la France manque-t-elle de médecins?", j'ai dit "non, pas tant que ça". On manque de médecins, oui, mais on en a globalement plus qu'il y a 15 ans : 4000, ce n'est pas Byzance, mais ce n'est pas la Bérézina non plus. J'ai effectivement fait le constat, comme d'autres observateurs, que l'on manque de médecins qui soient dans l'exercice médical, en ville comme à l'hôpital, car malheureusement, ces dernières années, nombre de médecins et d'autres professionnels se sont détournés du soin immédiat pour aller vers d'autres formes d'exercices professionnels. Je dis des choses qui peuvent être discutées, je ne détiens aucune vérité. A la FHF, on essaie de mettre dans le débat public un certain nombre de sujets pour faire progresser les choses. Mais je me heurte souvent à une interprétation assez caricaturale des propos que je tiens. On extrait un mot, un bout de phrase et je vois certains, une minorité, s'exciter dessus sur les réseaux sociaux. Après mon discours, par exemple, j'ai lu sur les réseaux sociaux que j'aurais traité les médecins de "feignasses". C'est évidemment une interprétation excessive de mon discours, que vous avez sous les yeux et dont je ne me suis pas tellement écarté. A la FHF, à aucun moment, on n'impose une vision ; on dit quel est notre regard sur la situation pour essayer de trouver des solutions. Tout ce que l'on dit peut-être discuté, si ça reste dans le champ du débat serein, respectueux, et pas de la caricature pour exciter et invectiver.  

"A aucun moment je ne pointe la responsabilité de la médecine de ville"

  Comprenez-vous tout de même que certains de vos propos aient pu susciter de vives réactions au sein des médecins libéraux, au risque d'alimenter la tension entre la ville et l'hôpital ? Moi je suis maire. Et je ne suis pas maire de la dernière pluie, je suis maire depuis 15 ans. Je vois monter, aussi bien dans ma ville que dans d'autres territoires (et j'en parle avec énormément de maires) l'angoisse des Français sur cette question de l'accès aux soins, qui n'est pas qu'une question de la médecine de ville mais de l'ensemble des professionnels. Et je fais partie de ceux qui pensent que c'est d'abord à nous, toutes les parties prenantes du système de santé, de construire des solutions. Je pense qu'il n'y a aucun débat qui doit être tabou, aussi bien sur l'hôpital -il y a beaucoup de choses à améliorer : le déroulement des carrières, l'attractivité, le fonctionnement…- que sur la ville.

Mais pour certains, ces propos laissent à penser que la médecine de ville est responsable de la situation… A aucun moment dans ce discours, je pointe la responsabilité de la médecine de ville. La FHF est la première à dire depuis des années -c'était d'ailleurs l'introduction de notre plateforme de propositions en 2017- qu'il faut remettre de la cohérence dans notre système de santé, qui est aujourd'hui "cul par-dessus tête". La porte d'entrée dans notre système de santé doit être le médecin généraliste. Evidemment l'hôpital est en crise, mais la médecine de ville aussi est en crise. Pas parce qu'ils ne veulent pas travailler mais parce qu'il y a de moins en moins de généralistes. Or, il y a trente ans, quand l'Ondam a été créé, quand on a organisé notre système de santé avec les ordonnances Jupé et les textes qui ont suivi, on a décidé que le généraliste devait non seulement être la porte d'entrée dans le système, mais aussi le coordinateur du parcours de soin. Sauf cas exceptionnels, l'hôpital n'est pas le lieu du premier recours. Et ça, nous sommes les premiers à le défendre. Jamais nous n'avons défendu des propositions qui vont à l'encontre de ces principes-là. Nous sommes persuadés aujourd'hui que ça marcherait beaucoup mieux si on avait plus de généralistes, partout dans les territoires. Quand on pointe la crise de la médecine de ville, ce ne sont pas pour pointer les défaillances de ceux qui continuent l'exercice. Moi je les vois dans ma ville : ils sont débordés, travaillent comme des fous et sont angoissés de ce que va être l'avenir de ce premier recours quand ils voient des cabinets fermer du jour au lendemain parce que les médecins craquent, qu'ils ont atteint 65-67 ans, qu'ils ont étiré le temps au-delà du raisonnable. Et un jour ils partent en laissant 1000 personnes sur le carreau… ils ne peuvent pas faire autrement! Ça je le sais, pour travailler souvent avec des médecins de ville. Moi j'ai un grand respect pour les médecins de ville, je sais le travail qu'ils font. Le problème, ce n'est pas ceux qui sont au front. Mais on a perdu 6000 médecins généralistes ces dix dernières années et certaines études disent que l'on va en perdre encore 6000 dans les cinq prochaines années. Le problème, il est là. Aujourd'hui, il y a une confusion de la place de chacun. L'hôpital se porterait mieux s'il n'était pas pour les Français, dans beaucoup de territoires, un lieu de premier recours car ils n'ont pas accès à un médecin généraliste - car les cabinets sont pleins!  

"Il y a une contrepartie au financerment par la solidarité nationale"

  Vous portez depuis plusieurs années la proposition de rétablir l'obligation de permanence des soins ambulatoires (PDSA) pour les médecins libéraux. Cette contrainte ne risque-t-elle pas de décourager davantage les installations de généralistes et de pousser vers la retraite les médecins les plus âgés, comme le soulignent certains lecteurs d'Egora? Bref, que cela n'empire la situation… Moi je plaide depuis longtemps pour que l'on soit capable d'aborder ce sujet-là sans donner l'impression chez certains que soit une question taboue. Pour les Français, ça n'est pas une question taboue et ça ne doit pas l'être pour aucun des professionnels. La question est comment on répartit la charge. Comment dans un système financé par la solidarité nationale, on arrive à ce que tous les professionnels, quel que ce soit leur statut (public, privé, libéral), portent une part de la prise en charge. Il y a une contrepartie au financement par la solidarité nationale. C'est considéré que l'on exerce des missions d'intérêt général. On doit être capable de réfléchir territoire par territoire à comment on organise les choses. Il y a déjà 40% des généralistes qui font de la permanence des soins. La médecine libérale ne s'est pas totalement soustraite à cette question-là. Ce n'est pas un tabou de se demander, alors qu'on est dans une pénurie de soignants, comment on résout ce problème.

Il n'y a pas que la question de la permanence des soins, mais aussi la question des soins non programmés. Dans ma ville, des médecins s'évertuent à conserver des plages horaires en journées pour les soins non programmés pour pouvoir accueillir des patients qui ont besoin d'être vus du jour au lendemain. Travailler sur l'accès aux soins, ce n'est pas forcément demander aux médecins de travailler jusqu'à tard le soir ou le week-end. Ils sont humains. Ils bossent 10-11 heures par jour, on ne peut pas leur demander plus. L'objet, ce n'est pas ça. C'est de se dire comment on se répartit les choses, comment on organise aussi l'accès aux soins en journée. La réponse sera différente d'un territoire à l'autre, selon l'état des forces. Vu la crise qui est là, qui angoisse les Français, et qui va aller en s'aggravant, si l'on n'est pas capables de tous se mettre autour de la table pour trouver des solutions, alors il y aura des solutions qui vont être imposées. Un amendement qui tombera un jour parce qu'il y a un ras-le-bol. Et les solutions imposées ne sont pas toujours les meilleures solutions… Donc essayons de nous mettre autour de la table pour en discuter. Je n'ai évidemment pas la solution, je dis simplement que ce sujet ne peut plus être un sujet tabou. Quand je vois les réactions, je me dis que c'est "circulez, il n'y a rien à voir". Or, je suis désolé, mais on ne peut pas l'envisager comme ça. Je préfèrerais que collectivement on soit capables de discuter collectivement et qu'on puisse dire aux Français : on a conscience qu'il y a un problème et voilà ce que collectivement on vous propose comme solutions. Les Français attendent des solutions.   Ne croyez-vous pas en la réussite du Service d'accès aux soins (SAS), pour prendre en charge en ville les soins non programmés en journée et désengorger ainsi les urgences ? Oui, mais on voit bien que le SAS se met en place progressivement, trop progressivement, très lentement. Il est encore au stade expérimental. Il y a des territoires où cela fonctionne, mais ils sont très peu nombreux. Moi je crois beaucoup au fait que l'on puisse réunir dans quelques mois des états généraux de l'accès aux soins, dans le même format -en termes de méthode- que le Ségur de la santé. L'idée : que tous les acteurs se donnent quelques semaines pour bâtir des solutions communes. Car tous ces problèmes ont été analysés dix fois, on a eu plein de rapports. Tout cela a étudié, renseigné : il n'y a plus à éclairer la décision, il y a juste à trouver des solutions. Dans le cas contraire, le Gouvernement prendrait ses responsabilités et trancherait. Je ne pense pas qu'on puisse attendre et compter sur la généralisation du SAS pour répondre à ces enjeux. Ceux qui s'agacent que l'on parle de la médecine de ville ne regardent qu'une partie des propositions que l'on fait. Ça fait des années que notre fédération plaide par exemple pour l'augmentation du tarif des consultations, notamment en secteur 1. Ça fait également des années que l'on dénonce la bureaucratie. L'hôpital a besoin d'avoir une médecine de premier recours qui tienne son rôle et sa place ; aujourd'hui ce n'est pas le cas : pas du fait de ceux qui sont en exercice - je le redis, ils bossent comme des fous, on le sait- mais du fait qu'il y a plus de départs en retraite que d'installations, et ça c'est un problème majeur.  

"Je suis persuadé que le généraliste doit tenir son rôle de porte d'entrée"

  Soit on décide que l'on met fin au généraliste porte d'entrée du système et coordinateur du parcours des patients et on invente un autre système. Soit on se dit que le système est bon mais il faut qu'on le tienne, donc il faut travailler à des solutions. Moi je suis persuadé que le généraliste doit tenir ce rôle-là, de porte d'entrée et de coordinateur du parcours du patient qu'il suit et qu'il connaît. Donc il y a énormément de choses à faire : attirer les jeunes, revaloriser la spécialité… Il y a plein de propositions qui sont sur la table depuis des années, portées par la FHF, par les syndicats de médecins, par les jeunes. Mais là, on a organisé un système sans être capable de le mettre en œuvre et ça qui créé des tensions à tous les étages.   Dans la plateforme "Ambition 2022", la FHF propose de fixer un nombre minimum de médecin pour 1000 habitants dans les territoires d'ici à 2027. Comment y parvenir alors que les forces vives manquent? Est-ce qu'il faut réguler l'installation ? Je pense que toutes les solutions qui sont imposées ne marchent pas. Tout ça doit être l'objet d'une discussion. Mais il faudra aussi que très clairement, chacun dise quelles sont ses propositions pour lutter contre les déserts médicaux et faciliter l'accès aux soins dans certains territoires. On ne peut pas juste se contenter de dire : "il n'y a pas de débat, circulez il n'y a rien à voir, on bosse déjà comme des fous, cela ne nous concerne pas, au politique de faire son boulot !". Chacun doit aussi arriver avec des propositions. C'est dans la discussion, dans l'émergence de voies de consensus qu'on arrivera à trouver des solutions qui seront acceptées et donc opérationnelles. Moi je ne crois pas aux solutions imposées, mais ce serait dommage d'y arriver. Les propositions que l'on fait, on les verse au débat, pour faire réagir, en espérant que d'autres en proposent de meilleures. Personne, à aucun moment, à la FHF, ne pense avoir la science infuse. On veut juste poser dans le débat public un certain nombre de sujets, de manière sereine. On n'attaque personne. Les hôpitaux ont besoin des généralistes et des médecins de ville. Ce serait une folie d'imaginer le contraire. Le tout hôpital n'est pas notre perspective, notre ligne bleue des Vosges et ce que l'on espère voir mettre en œuvre. On a déjà énormément de sujets à régler…   Justement, face à la crise estivale qui s'annonce dans les services d'urgences, alors que de nombreux SAU sont déjà contraints de fermer la nuit ou de se restreindre aux cas les plus graves, quelles solutions? Sachant que la ville pourra difficilement prendre le relais alors que les médecins qui restent prennent déjà en charge les patients de leurs confrères et peinent à trouver des remplaçants… La proposition que l'on fait, qui est une proposition de bon sens et de responsabilité, est de dire : est-ce que l'on n'a pas la possibilité, territoire par territoire, bassin de vie par bassin de vie, dans les métropoles, dans les territoires ruraux, d'organiser la planification des vacances ? De façon à ce qu'on ne se retrouve pas la première quinzaine d'août (on pourrait aussi parler de la dernière quinzaine de décembre) avec 80% des professionnels d'un même territoire qui partent en vacances. Evidemment que tout le monde a besoin de vacances, mais est-ce qu'on n'a pas la responsabilité collective d'organiser les choses? Voyez, le simple fait d'avoir dit ça une fois, je me suis retrouvé sur les réseaux sociaux avec : "le président de la FHF veut annuler les vacances des libéraux". Est-ce que j'ai une seule fois dit ça? J'ai juste dit est-ce qu'on ne pourrait pas, comme dans plein d'entreprises, plein d'organisations, planifier les choses à l'avance? Pour que dans une ville, il n'y ait pas 8 des 10 cabinets fermés en août, mais qu'on en ait 5 en juillet, 5 en août, par exemple? C'est du bon sens. Quand je dis ça à ma ville, à mes concitoyens, ils le comprennent. Ils ne se braquent pas en disant "on attente à la liberté des uns et des autres". C'est juste une proposition de bon sens. Mais ça a été totalement caricaturé… On le fait bien pour les pharmacies et on le fait même en France -je sais que certains s'en agacent mais c'est une réalité- pour les boulangeries. Les maires le savent : il est interdit dans une ville que toutes les boulangeries ferment car l'accès au pain, qui date de l'Ancien régime, est un droit qui demeure et que l'on doit organiser. Cela paraît désuet mais c'est pour dire que quand on fait cette proposition, on n'est pas chez les Martiens…

La question a pu se poser par le passé et c'est désormais ainsi que fonctionne le service des urgences adultes de l'hôpital Pellegrin à Bordeaux, la nuit : faut-il réguler l'accès aux urgences? Que l'on passe nécessairement par le 15? Je ne crois pas. Je crois qu'il faut d'abord travailler sur d'autres solutions. La plupart des urgences arrivent déjà par le 15. Ce serait punir un peu les patients… Si aujourd'hui la plupart du temps les patients viennent aux urgences, c'est parce qu'ils ont déjà passé 10 coups de fil pour savoir si leur généraliste, ou les généralistes des alentours avaient un peu de place. Je ne pense pas que ce soit la solution, il y a sans doute des solutions alternatives et des paliers à bâtir avant cela.   Vous êtes candidat à la députation en Seine-et-Marne. Quelles sont vos propositions en matière de lutte contre les déserts médicaux, au niveau de votre territoire comme au niveau national? Dans mon département, j'ai déjà travaillé avec la médecine de ville pour essayer de mettre en place des systèmes qui, à la fois, soient attractifs pour des jeunes libéraux et en même temps organisent une coopération entre la médecine de ville et la médecine hospitalière. Il y a sept ans, on a ouvert à Fontainebleau l'une des premières maisons de santé universitaires (MSP-U) de France, à l'initiative des médecins de ville. On a accompagné ces médecins généralistes, on les a en partie financés, on a ... aidé à l'installation dans les locaux de l'hôpital. Aujourd'hui, on a 6 généralistes, en permanence entre 2 et 3 internes, une vingtaine d'autres professionnels de santé. Et on a, en contrepartie, des médecins qui s'engagent à être en secteur 1, à faire des programmes de prévention locaux qu'on a monté sur différents domaines et avec l'hôpital, et qui s'engagent aussi à garder des plages horaires dédiés aux soins non programmés. Et on est à 100 mètres des urgences. On essaie modestement de bâtir des solutions. Et on voit que ce modèle intéresse, puisqu'à Nemours, à 25 kilomètres de Fontainebleau, des médecins de cette MSP-U sont allés en créer une autre. Dans le sud Seine-et-Marne, je m'appuie au contraire sur la médecine de ville pour essayer de trouver des solutions localement aux questions qui sont posées aujourd'hui. En tant que député, je voudrais essayer d'être facilitateur localement pour que chacun retrouve un rôle et sa place dans un système de santé auquel les Français ne comprennent plus rien. Ils ne savent plus très bien comment on y rentre, est-ce que c'est par l'hôpital? Est-ce qu'il faut aller voir le spécialiste tout de suite? C'est un parcours du combattant aujourd'hui pour beaucoup de gens. Au niveau national, évidemment, comme président de la FHF je ne prône pas des choses différentes de ce que je pourrais penser en tant que candidat à la députation. J'ai le même regard sur les sujets de santé : remettre chaque professionnel à sa place, qu'on retrouve du sens dans ce système de santé. Ce sera valorisant pour les médecins de ville, ce sera valorisant pour les hospitaliers, pour tout le monde, si chacun sait quel est sa place et sa mission dans un système qui est complexe aujourd'hui et, je le redis, qui est totalement "cul par-dessus tête".  

Député et président de la FHF : "il n'y a pas de conflit d'intérêt"

  Dans une vidéo en réaction à vos propos mercredi, le Dr Jérôme Marty, président de l'UFML-S, vous interpelle sur votre souhait de conserver la présidence de la FHF si vous êtes élu. Y a-t-il "conflit d'intérêts" comme il le dit ? D'abord, quand il dit "feignasses", c'est de la malhonnêteté intellectuelle. Je n'ai jamais parlé comme ça, je n'ai jamais employé ce mot-là. Je le redis, je sais quelles sont les journées des médecins dans ma ville. Jamais ça ne me viendrait à l'idée. Parler de "conflit d'intérêts", ça relève du pénal. C'est un terme qui recouvre des réalités qui sont pénalement condamnables. Là aussi, on marche sur la tête. Je rappelle que la FHF est une association, qui ne reçoit pas de subventions de l'Etat mais qui fonctionne avec la cotisation des établissements hospitaliers et médico-sociaux qui en sont membres. La FHF a toujours été présidée par un élu. Ce n'est pas une règle écrite mais ça a toujours été convenu, depuis près de 100 ans. Pourquoi? Parce que la FHF est un lobby d'intérêt général, elle est la voix des hôpitaux et du secteur public de santé. Je rappelle que les élus peuvent aussi être des parlementaires : quand il présidait la FHF, Gérard Larcher était sénateur ; quand il présidait la FHF, Jean Leonetti était député-maire. Aujourd'hui je suis maire et demain, si je suis élu, je serai député. Il n'y a pas d'incompatibilité, pas de conflits d'intérêts. Aujourd'hui je n'ai pas de rémunération, pas d'indemnité : la FHF me rapporte zéro euro. Et je ne le fais pas pour ça, je le fais pour l'intérêt intellectuel et parce que je crois dans les valeurs du service public hospitalier. C'est fou de parler de conflit d'intérêts : je ne suis actionnaire d'aucune société, je n'ai pas d'intérêt dans l'industrie pharmaceutique ni dans aucune entreprise de santé et je ne suis pas actionnaire de l'hôpital. Ce n'est pas en lançant des accusations qui relèvent du pénal que l'on peut avoir un débat serein.   Rappelons également que vous n'êtes pas médecin, contrairement à ce que certains lecteurs peuvent penser. Je ne suis pas médecin, et je ne me suis jamais pris pour un médecin. Dans tous les débats que je fais à la télévision, je ne donne jamais d'avis sur le sujet médical. Je précise toujours que je ne suis pas médecin. Moi j'étais journaliste, je n'ai jamais fait croire que j'étais un professionnel de santé. Par contre, sur l'organisation et la place de l'hôpital en termes d'aménagement du territoire, sur l'organisation demain du système de santé, on n'a pas besoin d'être médecin. Je suis élu et porteur d'une légitimité démocratique qui me permet aussi de porter ces sujets dans le débat public. Je ne veux pas faire de démagogie mais je le répète. Notre système de santé a deux jambes : l'hôpital et la ville. A partir du moment où une jambe ne marche plus, notre système ne marche plus. Et aujourd'hui, les deux jambes sont mal : on est à genoux. On a besoin d'avoir une médecine libérale qui tienne son rôle et sa place. Et quand je dis ça, je ne dis pas que ceux qui exercent ne tiennent pas leur rôle et leur place mais qu'aujourd'hui, il y a un tel manque de médecins et de soignants en général… La crise du monde libéral a un peu les mêmes symptômes que la crise de l'hôpital : manque de soignants, manque d'engagement, difficultés à attirer des jeunes et à rendre attractif l'exercice. Plutôt que s'invectiver et s'opposer les uns, les autres, il faut qu'on trouve ensemble des solutions. Les Français attendent de nous des solutions.

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