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"Un tournant pour l’hôpital" : la loi instaurant un ratio minimal de soignants par patient parue au JO

Adoptée la semaine dernière à l'Assemblée nationale, la loi instaurant un ratio minimal de soignants par patient hospitalisé a été publiée ce mercredi 29 janvier au Journal officiel. 

30/01/2025 Par Louise Claereboudt
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C'est désormais officiel. Une semaine après son adoption par l'Assemblée nationale, la loi relative à l'instauration d'un nombre minimum de soignants par patient hospitalisé est enfin parue au Journal officiel, ce mercredi 29 janvier, après un parcours législatif de près de deux ans. La loi, portée par le sénateur de gauche Bernard Jomier, a pour objectif de "garantir la qualité des soins et des conditions d'exercice" à l'hôpital.

L'article unique de la loi vise à définir "pour chaque spécialité et type d'activité de soin hospitalier, un ratio minimal de soignants par lit ouvert ou par nombre de passages pour les activités ambulatoires". Ces ratios, qui seront définis par décret après avis de la Haute Autorité de santé, devront tenir compte "de la charge des soins liée à l'activité" et "distinguer les besoins spécifiques à la spécialisation et à la taille de l'établissement".

Ils entreront en application à compter du 1er janvier 2027.

L'organisation des soins qui en résultera devra être soumise à l'approbation des commissions médicales et des commissions des soins infirmiers, de rééducation et médico-techniques, précise la loi. Le texte prévoit, en outre, que lorsque les ratios ne peuvent "être respectés pendant une durée supérieure à trois jours, le chef d’établissement en informe le directeur général de l’agence régionale de santé territorialement compétent".

Jusqu’ici, les infirmières françaises devaient gérer deux fois plus de patients que dans les standards internationaux

Dans un post publié sur ses réseaux sociaux, le porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI), Thierry Amouroux, a salué une "avancée majeure". Elle est le "fruit de plusieurs années de mobilisation auprès des parlementaires pour faire reconnaître une évidence : soigner dignement ne peut se faire sans des effectifs adaptés".

"En imposant des ratios sécurisés, cette loi répond à une urgence vitale, a poursuivi le syndicaliste. Jusqu’ici, les infirmières françaises devaient gérer deux fois plus de patients que dans les standards internationaux, compromettant la qualité des soins et augmentant le risque d'erreurs médicales". Au-delà de l'impact sur les patients, "ce texte envoie un message fort aux soignants, épuisés et désabusés", alors que "180 000 infirmiers ont quitté la profession faute de conditions de travail compatibles avec leur engagement".

Thierry Amouroux appelle désormais à "aller plus loin", et à donner les moyens nécessaires à la HAS pour "évaluer et accompagner la mise en œuvre de cette loi dans les établissements de santé". "Sans moyens concrets, ce texte resterait une déclaration d’intention", met-il en garde, enjoignant le Gouvernement à "joindre les actes à la parole". "Cette avancée législative doit marquer un tournant pour l’hôpital public et l’ensemble des soignants."

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Claire FAUCHERY

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3 débatteurs en ligne3 en ligne
Photo de profil de Michel Rivoal
10,7 k points
Débatteur Passionné
Anesthésie-réanimation
il y a 10 mois
Le diable est dans les détails. Je le formulais dans un autre post. Sans moyens supplémentaires, le risque est au minimum de fermer des lits, voire de retirer des autorisations de fonctionner et de changer radicalement le profil des hôpitaux dits de proximité. Le fait de soumettre les décisions aux commissions de soins infirmiers et aux CME n'y change rien quand la fusion des structures ou la "soumission" des hôpitaux petits ou moyens aux plus gros dans le cadre des GHT peut finir le travail en regroupant les activités dans les sites qui deviendrons des "usines" à soins au détriments de ceux qui gèreront les soins de suites et/ou les soins de premiers recours, c'est à dire les urgences sans lits d'aval. J'ai cette sorte de pessimisme quand, quelque soit la période (d'abondance.... Oui cela a existé, ou de pénurie budgétaire... Il semblerait que ce soit plutôt le cas actuellement), la tendance est aux regroupements,, relocalisations et pas au maillage et d'un accès aux soins facilité. J'espère me tromper mais les statistiques sont têtues: les marqueurs d'activité seraient en faveur d'une augmentation significative de soignants par rapport aux critères européens. En France, la tendance est systématiquement à la réduction du nombre de lits plutôt qu'à l'augmentation des effectifs !
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365 points
Incontournable
Psychiatrie
il y a 10 mois
Whaou quel tournant de la part d'un individu qui ne travaille pas dans un hôpital! Et le syndicat des infirmiers qui fait de la lèche...ils savent pertinemment que c'est par manque de moyens que les infirmiers ont des difficultés à gérer un certains nombres de patients, et que si on embête les services si ce décret absurde n'est pas respecté ils seront encore moins bien traités ces infirmiers... En plus qu'un patient peut prendre beaucoup plus de temps et d'énergie qu'un autre. Une énième mesure administrative qui va mettre encore plus les services en tension-j'imagine mal l'infirmière dire qu'elle a trop de patient donc qu'elle ne peut pas s'occuper de tel ou tel patient. C'est l'excès de bureaucratie qui rend l'exercice encore plus difficile pour tout le monde!
Photo de profil de Jean Yves CROUZY
1,4 k points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 10 mois
Chers collègues, il ne fera pas bon être hospitalisé dans les années qui viennent avec les réductions de lits que cette loi va entraîner. N’a t- on pas envisager un seul instant de créer des conditions d’embauche décentes dans le service publique ? Pourquoi dans ce pays nous ne trouvons que des solutions décroissantes ?
 
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