Sexisme à l'hôpital : une femme médecin sur trois victime de discrimination en 2024
La baisse des comportements sexistes envers les femmes médecins observée ces dernières années à l'hôpital semble connaître un coup d'arrêt, selon le sixième baromètre annuel de l'association Donner des Elles à la Santé, publié jeudi 5 juin.
Aujourd'hui, quatre femmes sur cinq (78%) estiment avoir été discriminées au cours de leur carrière en raison de leur sexe ; elles étaient 87% en 2020. Au cours des douze derniers mois, elles sont aussi 33%, soit une médecin hospitalière sur trois, a indiqué avoir été victimes de discriminations à l'hôpital. Un chiffre en hausse par rapport à l'an passé, comme le révèle le sixième baromètre de l’association Donner des Elles à la Santé, réalisé par l’Ipsos auprès de 500 médecins hospitaliers* et publié jeudi 5 juin.
"Pour la première fois depuis 2021, la baisse quasi-continue de la plupart des comportements discriminatoires marque un coup d'arrêt, voire s'inverse", écrivent les auteurs de l'enquête, précisant que les hommes médecins "minimisent fortement [les] comportements soulignés par les femmes, avec des écarts allant parfois du simple au double". Et si les femmes ont tendance à estimer que ces comportements discriminatoires progressent, les hommes, eux, "les voient en diminution", peut-on lire.
Selon le baromètre, les femmes médecins ont dénoncé "un nombre beaucoup plus élevé" de comportements sexistes et agressions sexuelles en 2024. Plus de la moitié (53%) d'entre elles affirment avoir été victimes de telles violences au cours des douze derniers mois, contre 39% l'an dernier. Une hausse qui pourrait s'expliquer par "une meilleure prise de conscience que ces situations ne sont plus acceptables", notent les auteurs du baromètre.
Ainsi, 39% des répondantes ont dû faire face à des paroles, commentaires ou blagues à connotations sexistes sur leur physique, apparence ou tenue ; 28% des questions intrusives et répétées sur leur vie privée ou sexuelle ; 17% des gestes inappropriés ou attouchements sans leur consentement ; 12% des pressions répétées pour obtenir des faveurs sexuelles de leur part ; et 8% des situation d'agressions sexuelles.
Ces comportements et violences ne sont pourtant pas sans conséquences sur les femmes qui en sont victimes, souligne l'étude. 54% des femmes concernées reconnaissent que cela a eu un impact important sur leur vie (stress, confiance en soi, relations avec les autres…). De plus, une femme sur quatre (27%) a développé des problèmes de santé mentale ou des troubles du sommeil. "Pourtant, seules 2% d'entre elles ont consulté un spécialiste (psychologue ou psychiatre)", pointe le baromètre.
Des projets "bébé" retardés
Autre point abordé dans cette étude : l'intérêt des médecins hospitalières pour les postes à responsabilités, qui continue de progresser. Il rejoint désormais quasiment celui observé chez les hommes. Toutefois, sur les douze derniers mois, près d'une femme médecin sur dix s'est vu refuser un poste avec davantage de responsabilités au prétexte qu'elle était une femme.
Enfin, la maternité reste une "difficulté" pour la carrière des femmes. Le sujet de la grossesse et du congé maternité ou paternité est "problématique" pour de nombreux médecins, en particulier les femmes, souligne l'étude. Deux femmes médecins ont évoqué le sujet avec leur supérieur hiérarchique, et une sur trois s'est vu conseiller de ne pas prendre de congé maternité sur une période donnée. Conséquence : 39% des femmes médecins ont déjà retardé un projet de grossesse pour des raisons liées à leur travail.
Le baromètre met également en lumière un nouvel élément : de plus en plus d'hommes médecins (44%) déclarent avoir pris un congé paternité depuis le début de leur carrière – ce chiffre est de 69% pour les femmes. Pour les hommes, comme pour les femmes, le fait de prendre un congé paternité ou maternité est rarement "puni" par une incapacité de retrouver son poste : plus de 80% d'entre eux affirment avoir retrouvé leur poste à l'identique à leur retour.
*Les répondants sont des femmes et des hommes. Ils ont été interrogés entre le 18 février et le 13 mars 2025.
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