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Huit médecins démissionnent des urgences de Laval pour protester contre une réorganisation

Depuis le 9 septembre, le service des urgences du CH de Laval (Mayenne) est en crise. En cause, la réaffectation du médecin du Smur aux urgences et la possibilité de transférer les appels la nuit au régulateur… d'Angers.

13/09/2024 Par Aveline Marques
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Article modifié le 13/09/24 à 17h42 : ajoute réactions de l'ARS

 

"Je suis partagé entre la tristesse et un sentiment de gâchis. On aurait pu mieux faire pour l’hôpital", déplore dans Ouest-France le Dr Pierre-Maxime Rafaud, médecin démissionnaire des urgences de Laval. Comme lui, sept autres médecins (2.8 ETP au total) ont annoncé leur départ depuis le 9 septembre, jour où les praticiens ont pris connaissance de la réorganisation du service des urgences décidée par le directeur de l'établissement. "Le mail de la direction indiquait que la restructuration était à effet immédiat. Nous avons été surpris par la brutalité sur la forme et l’inconséquence de cette annonce", témoigne le médecin.

Face "à la raréfaction du nombre" de praticiens, il a été décidé que le médecin du Smur serait désormais affecté aux urgences. "C'est ce qui se fait dans une très large majorité des centres hospitaliers en France. C'est ce que je souhaite mettre en place pour essayer d'enrayer cette tendance qui consiste, non seulement, à réguler la nuit, mais à réguler aussi de plus en plus le jour, ce qui me paraît tout à fait dommageable pour les patients", justifie le directeur de l'établissement, Sébastien Tréguenard, au micro de France Bleu. A Laval, la régulation de l’accueil aux urgences du CH est en effet "de plus en plus fréquente et sur des plages horaires de plus en plus étendues", une situation "insatisfaisante pour la population", souligne l'ARS Pays-de-la-Loire dans un communiqué transmis à Egora, précisant par ailleurs que cette évolution a été validée par la CME.

Ce n'est pas seulement l'absence d'un médecin dans les ambulances du Smur qui inquiète les praticiens, mais aussi le projet de transférer, la nuit, les appels reçus par les ARM de Laval… au médecin régulateur du Samu d'Angers. Les praticiens redoutent les conséquences d'une augmentation de 30% des appels au Samu 49, anticipant "des retards de déclenchement de secours" en Mayenne. "Le CHU d'Angers est prêt à étudier cette solution. Il nous a donné des gages de faisabilité et va se renforcer pour accueillir ces appels supplémentaires", rassure le directeur. "Ce projet doit être étudié pour garantir les délais de réponse et la qualité des soins, tant pour la Mayenne que pour le CHU d’Angers. Aucune décision n’a été prise à ce jour, et il est excessif d’inquiéter la population en indiquant qu’elle sera mise en danger", insiste l'ARS de son côté.

Pierre-Maxime Rafaud estime quant à lui que cette réorganisation va encore faire perdre de l'attractivité à l'hôpital de Laval. "C’est très intéressant pour un jeune médecin, pouvoir porter les trois casquettes au Samu, au Smur et aux urgences", relève-t-il. Et de déplorer : "Nos propositions faites à la direction ont toujours reçu une fin de non-recevoir".

Considérant au contraire que cette nouvelle organisation va "améliorer la répartition des charges de travail et d’optimiser les ressources médicales", l'ARS "insiste sur l'importance de maintenir un dialogue constructif, évitant les propos caricaturaux et excessifs, afin de trouver des solutions concrètes au bénéfice de tous". Une réunion de travail se tiendra à la préfecture de Laval le 13 septembre avec les élus, directions d’établissements et représentants médicaux, associations et syndicats concernés.

[avec Ouest-France.fr et Francebleu.fr]

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Claire FAUCHERY

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3 débatteurs en ligne3 en ligne
Photo de profil de Charles Jeleff
12 points
Aide Médicale Urgente
il y a 10 mois
8 médecins pour 2,8 ETP ? Mais que disent les autres médecins du service, notamment ceux qui ne font pas de SMUR? La mutualisation est indispensable dans un service. Il n’y a pas de raison que certains médecins attendent sans rien faire d’autre « l’éventuelle sortie qui ne va rien bouleverser dans le pronostic du patient à moyen terme » , pendant que les autres medecins sont  »au charbon » à s’occuper d’une file d’attente de plus en plus fournie. C’est une résistance ringarde et basée sur l’intention d’en faire le moins possible, et qui fait du tord à notre métier Charles Jeleff, Urgentiste depuis 1988
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10,7 k points
Débatteur Passionné
Anesthésie-réanimation
il y a 1 an
Un exemple de la complexité si ça vous dit de le lire. Mayenne: 300 000 habitants, 5 000 Km2. Préfecture: Laval 50 000 hab Agglomération: 95 ou 120 000 selon les périmètres. 100 généralistes/ 100 000 hab, Siège de la régulation du SAMU. Service d’urgences 1: 39 000 passages, SMUR 1 (auto régulé): 1 000 sorties et service de surveillance continue 1. Hôpitaux: 10 dont 1 privé. Essonne: 1 300 000 h., 1 500 Km2 Préfecture Évry. Médecins dans le département: 60 généralistes / 100 000 hab. SAMU centre 15: Corbeil, seul siège de la régulation. Hôpitaux pourvus de SMURs: 6. Hôpitaux publics: 14 (dont 6 spécialisés en soins de suite dépendants du « grand Paris ») et à terme groupés sous 2 GHT, Sud et Nord Essonne. Hôpitaux privés et cliniques: 14 dont 1 spécialisé en chirurgie cardiaque. Bassin de vie de mon ex hôpital en Essonne: 200 000 Hab. Urgences: 35 000/an. SMUR 1: sorties/an: 1 500. Surveillance Continue: 1. Pas de régulation locale. Alors, où sont les déserts? Qui sont les mal lotis? C'est souvent compliqué de savoir comment organiser les soins en France. Les comparaisons sont difficiles. En revanche le dialogue est nécessaire entre les médecins, leur administration et les tutelles et le moins qu’on puisse dire, c’est que ce n’est pas toujours le cas!
Photo de profil de BERTRAND SCHMITT
1,1 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 1 an
Ah ces ARS qui expliquent, de réunions en réunions, à ceux qui bossent comment ils doivent bosser mieux! Quand mettra t’on fin à cette gabegie?
 
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