Il avait dénoncé un article antivax : le Dr Wargon jugé pour diffamation à l'encontre du patron de France soir

14/04/2023 Par L. C.
Faits divers / Justice
Le directeur du site France Soir avait intenté un procès au médecin urgentiste pour diffamation après un débat houleux intitulé "Les antivax face à la colère des médecins" sur le plateau de BFMTV en septembre 2021.

  Tout commence le 22 août 2021 avec la parution d’une tribune sur le site France Soir, signée sous le pseudonyme Le médecin résistant. Intitulé "Covid-19 (diagnostic, traitements, vaccin) : panorama d’une escroquerie, le texte pointe la "censure", le "sarcasme", et "parfois l’insulte chez nombre de médecins", qualifiés de "khmers blancs". Plusieurs médecins sont ciblés directement, comme le Dr Jérôme Marty ou encore les membres du collectif Fake Med, décrits comme de "véritables terroristes intellectuels". La tribune dénonce également "le lavage de cerveau distillé par les médias propagandistes ‘mainstream’". Opposant "les courageux résistants à l'oppression", que seraient Didier Raoult, Christian Perronne, ou encore Louis Fouché, "aux médecins corrompus", le texte se termine par ces mots : "Un procès devra se tenir. La Veuve s'impatiente." Le 31 août, un collectif de médecins décide de prendre la plume et de publier une tribune dans L’Express pour dénoncer ce qu’ils analysent comme des menaces de mort, "la Veuve" faisant référence à la guillotine, et une mise en pâture du corps médical. "Les limites du tolérable ont été franchies avec la conclusion", estiment les signataires. Le collectif interpelle dans L’Express les autorités afin de stopper "sans plus attendre les fauteurs de troubles dans leur entreprise de destruction". Face au tollé, le site France Soir modifie la fin de l’article, précisant qu’elle faisait non pas référence à la potence mais aux veuves des victimes du Covid. Un édito est également publié, signé par le patron du site, intitulé "’Veuve’ et effets secondaires imaginaires : corrélation n’est pas causalité". Le 2 septembre 2021, le Dr Matthias Wargon, chef du service des urgences de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis, et le patron de France Soir, Xavier Azalbert, sont invités à débattre de cette tribune sur le plateau de BFMTV. "Ah ouais il est bien l’article hein, il nous prend un peu pour des cons monsieur Azalbert mais il est bien", lance d’emblée l’urgentiste. "Ce n’est pas la première fois qu’on essaie de me faire un procès d’intention", se défend Xavier Azalbert, faisant valoir le principe de "liberté d’expression". "La forme est un appel au meurtre", soutient le Dr Wargon, qui analyse le texte en direct. "Et la fin, et la fin quand même […] parce qu’il y a des trucs un peu dégueulasses, […] il y a une phrase que personne n’a notée mais moi j’ai repris votre texte, j’ai fait de l’analyse de texte c’est immonde." "Il est évident que toute forme de violence, on va la condamner", répond le patron du site. "Non, on n’appelle pas à la mort, à faire des menaces", soutient-il, sous le regard agacé du Dr Wargon. "Tous ces gens qui écrivent des saloperies, parce qu’il n’y a pas d’autres mots, qui ont des blogs comme ce monsieur [Xavier Azalbert, NDLR] ne seront pas responsables" si "quelqu'un de perturbé passe à l'acte" et s’en prend à des soignants, dénonce le chef des urgences de l’hôpital Delafontaine de Saint-Denis. Ce dernier souligne que "des médecins ont vraiment peur", rappelant qu’il a lui-même été destinataire de lettres contenant une balle et de la poudre. Le patron de France Soir, qui se décrit comme "un scientifique de formation", porte alors plainte contre le Dr Wargon pour diffamation, lui reprochant six propos tenus sur ce plateau, et notamment d’avoir dénigré son site, qui, selon l’urgentiste, a fait "de la merde". BFMTV est également visé par une plainte. Xavier Azalbert réclame 15000 euros au Dr Wargon au titre du préjudice moral subi.

L’audience a eu lieu hier à la 17e chambre du tribunal de Paris. "On est sur une citation qui donne l’impression d’une procédure bâillon, qui attaque des propos qui sont dans le jugement de valeur et qui sont protégés par la liberté d’expression", a indiqué auprès de 20 Minutes maître Laura Ben Kemoun, l’avocate du Dr Wargon. Plusieurs praticiens ont tenu à apporter leur soutien au Dr Wargon sur les réseaux sociaux.

Selon le Dr Wargon, le verdict devrait être rendu mi-juin.

[avec 20 Minutes]  

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