La DGOS dévoile une nouvelle feuille de route sur la sécurité des patients

29/11/2023 Par M.G.
Patients
Alors que la semaine consacrée à la sécurité des patients s’est achevée ce vendredi 24 novembre, la Direction générale de l’offre de soin (DGOS) en a profité pour dévoiler une nouvelle feuille de route nationale pour “Améliorer la sécurité des patients et des résidents”. Son objectif est de mieux sensibiliser les professionnels de santé aux événements indésirables graves associés aux soins et de les former.
 

La Haute Autorité de santé (HAS) a dévoilé le 21 novembre dernier, ses derniers chiffres concernant les événements indésirables graves associés aux soins (EIGS). Elle a indiqué avoir relevé 2 385 déclarations d’EIGS par les professionnels de santé. Un chiffre en augmentation de 27% par rapport à 2021, mais qui reste inférieur à la réalité. D’après l’étude Eneis 3 publiée en octobre 2021, plus de la moitié de ces EIGS seraient évitables. C’est à partir de ce constat que la Direction générale de l’offre de soin (DGOS) a élaboré une nouvelle feuille de route “Améliorer la sécurité des patients et des résidents”. Elle sera mise en place de 2023 à 2025. Le premier objectif de cette feuille de route est de communiquer sur la sécurité des patients auprès des professionnels de santé et des usagers afin de les sensibiliser et de rappeler les outils déjà mis en place, qui sont encore trop peu utilisés, indique la DGOS. Le second objectif est de former les soignants à la culture de la sécurité, à l’aide d’une formation initiale et continue, en abordant notamment le travail en équipe et une meilleure prise en compte des facteurs humains. “Cela permettra de renforcer les compétences non-techniques, de développer des capacités individuelles dans le stress et de travailler dans l’entraide pour éviter que des EIGS surviennent”, précise Caroline Bizet, cheffe de projet, mission qualité et pertinence à la DGOS. Cette feuille de route cherche notamment à valoriser le travail en équipe. “Alors que les parcours de soins se complexifient, l’idée est de renforcer le déploiement du Pacte (Programme d'amélioration continue du travail en équipe), qui est aujourd’hui très peu développé, pour dialoguer autour de la prise en charge des patients et reconnaître le patient en tant que membre de l’équipe”, explique Caroline Bizet.  

Le Dr Halim Lababidi, chirurgien et chef du bloc opératoire au centre hospitalier de Sens (Yonne) a participé en décembre 2021 à une journée blanche sur la sécurité du patient et le travail en équipe
“Cette journée a débuté par la projection d’un film “serious game” sur la prise en charge d’une patiente avec une faible lumière, donc avec beaucoup de risques d'erreurs. Ce film a été suivi par un débat et un échange très constructif avec l’équipe du bloc opératoire. C'est la première fois qu’on est arrivé à réunir l'ensemble des acteurs du bloc opératoire (anesthésiste, chirurgien, infirmière anesthésiste, aide-soignante…). Nous nous sommes demandés comment on pouvait améliorer la sécurité du patient et comment on pouvait travailler ensemble.
Ensuite, nous avons assisté à plusieurs ateliers. Le premier concernait les check-lists et abordait la thématique : qui doit faire quoi ? On a inclus les notions de radioprotection, d’antibioprophylaxie qui étaient nos points faibles. On a constaté que la check list était vraiment adaptée à nos pratiques.
Le deuxième atelier avait pour but d’éviter les sources d’erreurs majeures. On s’est aperçu qu’on manquait de communication entre les équipes de chirurgie et d’anesthésie. Depuis presque un an, on a fait un pas en avant, en réunissant ces deux pôles. Maintenant on est heureux et on travaille mieux ensemble."
Une nouvelle journée blanche sera organisée en février 2024 au sein de l’hôpital de Sens. 

  La feuille de route cherche également à promouvoir la place du patient, et de ses proches afin d’améliorer la sécurité, notamment en lui permettant de déclarer les EIGS. “On va essayer de rendre la chose encore plus facile, en intégrant une application dans mon espace santé, pour que les patients puissent signaler plus facilement ce qu’ils ont pu constater”, indique Anne Vitoux, qui ajoute qu’il faut également “inciter le patient à poser des questions”.  

Camille Guislain est directrice de soin à la clinique de l’Yveline, a mis en place un outil pour agir contre le risque suicidaire
“Sur notre établissement, nous prenons en charge les patients qui viennent suite à une tentative de suicide, ou qui ont des idées noires… On s’est aperçu que certains de nos jeunes soignants pouvaient être en difficulté. On a donc cherché un outil qui pourrait les accompagner et les former au plan de sécurité de la crise suicidaire. Le soignant va ainsi réfléchir aux choses qui relient le patient à la vie pour que ce dernier puisse s’y appuyer et éviter une crise. Quand nos soignants font le plan de sécurité, les patients sont en capacité de dire s’ils ne vont pas bien. Cela nous permet d’exploiter à la fois les ressources internes et à la fois les ressources externes du patient. Pour notre équipe, c’est une valorisation de leur travail. Depuis, on voit qu’il y a une baisse du nombre de décès et de passage à l’acte. On a généralisé cet outil à l’ensemble de l’établissement."

  Un premier bilan de cette feuille de route aura lieu du 16 au 20 septembre 2024, date de la prochaine semaine consacrée à la sécurité du patient. La campagne nationale concernant la feuille de route aura quant à elle lieu en 2025, et les actions évoquées seront pérennisées de 2026 à 2027.

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