Adaptation des corrections visuelles : le torchon brûle entre les ophtalmos et les opticiens
Un décret paru ce vendredi 28 juin au Journal officiel définit les conditions d'adaptation par les opticiens des primo-prescriptions de lentilles ou de verres correcteurs. Elle sera possible même sans accord écrit du prescripteur, s'alarment les ophtalmologistes et les orthoptistes.
Pris en application de la loi Rist du 19 mai 2023, le décret paru au JO du jour "détermine les conditions dans lesquelles l'opticien-lunetier est autorisé à adapter la prescription de l'ophtalmologiste ou de l'orthoptiste lors de la première délivrance de verres correcteurs ou de lentilles de contact".
"Après réalisation d'un examen de la réfraction", l'adaptation est possible "sauf opposition du prescripteur mentionnée expressément sur l'ordonnance et à condition d'avoir obtenu une réponse favorable ou réputée favorable de la part du prescripteur". Mais si l'ophtalmologiste ou l'orthoptiste ne répond pas dans les dix jours, sa réponse "est réputée favorable", tranche le texte.
"Intérêt financier"
Une dernière disposition "en contradiction avec les accords préalablement établis lors des réunions de travail avec le ministère de la Santé", pointent le Snof, le SNAO* ainsi que les CNP ophtalmologie et orthoptie dans un communiqué diffusé ce vendredi matin. Les deux professions dénoncent "une réécriture unilatérale et dangereuse" du texte. "Le soutien de certains représentants des opticiens à cette modification du décret démontre leur grande ignorance des pathologies oculaires graves, pouvant entrainer une modification de la réfraction et nécessitant un avis médical spécialisé : glaucome, diabète, cataracte, kératocône, etc.", estiment-ils, allant jusqu'à accuser les opticiens d'être motivés par l'"intérêt financier" et par "la volonté de se soustraire au contrôle médical des professionnels de santé"…
Unis, les représentants des ophtalmologistes et orthoptistes annoncent qu'ils formeront un recours en annulation de ce décret auprès du Conseil d'Etat.
De son côté, le Rassemblement des opticiens de France, saluant une mesure de fluidification du parcours de santé, "demande à ses adhérents de respecter scrupuleusement les directives de ce décret, notamment la démarche d’obtention d’un accord écrit du prescripteur avant toute adaptation".
*Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof), Syndicat national autonome des orthoptistes (SNAO).
La sélection de la rédaction
Rémunération, attractivité, conditions d'exercice... la consultation à 30 euros va-t-elle changer la donne?
Isa C
Oui
Moins d argent ou plutôt caisse vide pour les autres …. Comme d hab !!... Lire plus