"Ça fait deux mois que je ne me verse pas de salaire" : à Paris, la galère d’un généraliste pour toucher une aide à l’installation

“On entend beaucoup de choses avant de s’installer en libéral, notamment que c’est compliqué avec beaucoup de bureaucratie… J’en suis une illustration rapide.” Thomas*, généraliste primo-installé depuis quelques mois dans un arrondissement de Paris, est amer. Après des semaines à monter un dossier pour toucher une aide à l’installation régionale qui devait l’aider à financer ses frais d’équipement, il s’est vu notifier un refus de subvention par la commission chargée de la validation des projets. “Et encore, pour ça, j’ai dû les relancer plusieurs fois”, ironise le jeune praticien de 32 ans.
Remplaçant depuis quatre ans dans une MSP francilienne, Thomas a décidé de reprendre le cabinet d’une des généralistes de l’équipe qui partait s’installer dans un autre département. “C’est le parcours idyllique d’une installation telle qu’on aime le voir, salue son ancien directeur de thèse et confrère de la MSP. J’entends par-là, une personne qu’on fidélise de longue date et qui pose ses valises chez nous.” La maison de santé est située en zone tendue et Thomas souhaite faire du secteur 1.
“J’ai décidé de m’installer en avril 2022, pour une échéance à la mi-juillet”. Il réalise toutes les démarches classiques auprès de l’Ordre, de la Sécu… “Et puis, je me suis aussi renseigné sur les aides à l’installation”, explique-t-il. Pour cela, il contacte l’URPS Île-de-France qui l’aide à faire le point sur les diverses subventions existantes : celles de l’ARS, le contrat de début d’exercice, le contrat d’aide à l’installation des médecins (CAIM)... “Eux m’ont parlé d’une autre aide de la Région, pour l’achat d'équipement.” Cette aide prévoit d’aider les médecins à équiper leur cabinet à hauteur de 50% des dépenses, avec une enveloppe maximum de 15.000 euros, l’aide étant limitée à 30.000 euros par structure. Elle n’est pas cumulable avec d’autres subventions régionales existantes et implique de monter un dossier, qui doit être étudié et validé par une commission spéciale.
Thomas monte donc son dossier, “de 39 pages tout de même”, avec l’aide de l’URPS. “Il y avait un formulaire et il a fallu décrire le lieu d’installation, la plus-value pour la région, les objectifs attendus comme le nombre de bénéficiaires CMU/AME que j’estimais voir, mon numéro Siren alors que j’étais toujours remplaçant au moment des démarches. Il fallait aussi faire un budget prévisionnel des dépenses et ressources… Mais moi, je ne savais rien ! Avant de commencer mon activité, comme c’était ma première installation, c’était difficile à dire…”, lâche-t-il désemparé. Le médecin a également dû s’engager à faire de la permanence de soins ambulatoire et à fournir toutes les factures des équipements achetés.
“Une croissance sans précédent des demandes de soutien”
Il envoie toutes ses pièces en juin, en passant directement par l’URPS en qui il avait “totalement confiance”, car la Région était injoignable. “Ma prédécesseure avait essayé de demander l’aide toute seule mais ne l’a jamais obtenue”, se souvient-il. Son installation étant prévue pour juillet, il avance donc tous les frais. “En gros, j'avais estimé à 28.000 euros le montant total de mes dépenses avec une aide à hauteur de 14.000 euros.” L’été, il n’a toujours aucune réponse du comité. Il les relance donc en septembre. Et la réponse le surprend…
“Bonjour docteur. Dans le cadre du soutien régional aux professionnels de santé, la Région Île-de-France fait face à une croissance sans précédent des demandes de soutien. Au regard du disponible budgétaire et du rayonnement régional des aides allouées, les arbitrages pour...
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