Contraception masculine : diverses options, pas toujours validées

03/12/2021 Par Brigitte Blond
Urologie
Une meilleure répartition de la charge mentale est à l’ordre du jour en matière de contraception. Mais, en dehors du préservatif et de la vasectomie, la contraception masculine est encore en cours d’investigation. Ce thème a été abordé lors du 115ème congrès de l’Association Française d’Urologie, qui s’est déroulé du 17 au 20 novembre 2021 à Paris.
 

Envisager une solution masculine à la contraception est parfois indispensable, en particulier quand la femme ne tolère plus sa contraception hormonale, que celle-ci lui est contre-indiquée, ou que les hormones lui font peur. « L’homme y pense, poussé par la pression sociétale », observe le Pr Éric Huyghe, responsable du Comité d’Andrologie et de Médecine sexuelle de l’AFU, chirurgien urologue au CHU de Toulouse. Dans les pays dits « développés », la contraception est du ressort quasi-exclusif de la femme (à 93 %), le reste étant réparti entre préservatif (pour 3 %) et la vasectomie (3%). Dans les pays en voie de développement, la contraception est féminine à 73 % et pour le reste de la responsabilité des hommes (retrait pour 8 %, préservatif 13 % et vasectomie 6 %). « Cela dit, l’idée d’une contraception masculine fait son chemin, notamment chez les jeunes générations, même s’il y a loin de l’idée à la réalisation, scientifique, probablement pas avant 5 ou 10 ans, suppute le Dr Antoine Faix, urologue à Montpellier : la pilule féminine a 60 ans d’avance et la recherche était à l’époque soumise à de moindres contraintes ».
  Préservatif : à compléter avec des spermicides Le préservatif protège hommes et femmes de la grossesse, mais aussi des multiples infections sexuellement transmissibles. Son efficacité contraceptive est correcte, avec un taux d’échec qui varie en fonction de l’utilisation (estimé à 2 dans des conditions idéales, l’indice de Pearl monte à 15 en utilisation courante, la solution de complément en cas de rupture par exemple étant la pilule du lendemain, féminine). Les spermicides mis en parallèle optimisent l’activité contraceptive et devraient être promus, particulièrement auprès des jeunes couples qui sont les plus fertiles. Ce sont les jeunes hommes célibataires qui préfèrent le préservatif, méthode idéale pour eux ou pour des couples récents.

  Vasectomie définitive A l’opposé du préservatif, mode de contraception parfaitement réversible, la contraception à long terme, la vasectomie, est plus sûre (à l’image d’un dispositif intra-utérin) mais la reperméabilisation pour les 3 à 5 % qui changent d’avis ne fonctionne qu’à 50, au mieux 80 % et de moins en moins bien au fil des ans. L’intervention, autorisée en France depuis juillet 2001, consiste à sectionner les canaux déférents qui conduisent les spermatozoïdes des testicules vers la prostate. Elle est facile, rapide (5 à 10 minutes), se fait en ambulatoire, après un délai de 4 mois de réflexion. En cours d’expérimentation, une technique, développée par un institut indien, qui réalise une vasectomie “temporaire“ : un gel est injecté dans les canaux déférents qui filtre les spermatozoïdes et laisse passer les fluides corporels. Elle serait efficace plus de 10 ans, le bouchon pouvant être dissous à la demande par l’injection d’une substance ad hoc.   Slip chauffant toujours à l’étude Toutes les autres méthodes, qui ne sont pas le préservatif ou la vasectomie, ne sont pas totalement validées…

A commencer par la contraception thermique. Elle repose sur le principe que les spermatozoïdes doivent rester au plus frais, 35°, pour être fonctionnels. Le dispositif imaginé par un andrologue toulousain et mis au point au CHU n’est pas au terme de son expérimentation : on connaît son efficacité, qui doit être vérifiée régulièrement sur le nombre de spermatozoïdes par ml de sperme (le seuil contraceptif est de 1 million), mais moins son innocuité : l’ADN de ces gamètes reste-t-il normal au décours des périodes de chauffage, au-delà des atteintes qui persistent pendant les 3 mois de la spermatogénèse ? Une méthode qui n’est donc pas anodine et oblige à une consultation médicale avant de l’adopter, pour être informé de ses contre-indications et de son mode d’emploi, accepter ses contraintes dont le port prolongé, au moins 15 heures par jour, 7 jours sur 7. La disparition des spermatozoïdes est effective après 1 à 2 cycles, soit 4 à 6 mois. Se posent également la question de la variabilité individuelle de l’efficacité, la fertilité étant fonction de l’âge, et celle d’une éventuelle altération de la glande et/ou de ses sécrétions à terme. Si le produit n’est pas commercialisé aujourd’hui, certains fabricants en proposent, qui n’ont par conséquent pas fait leurs preuves, en termes d’efficacité et de sécurité. Autre matériel, qui repose sur le même principe, de chauffage, l’anneau AndroSwitch, qui ne possède pas  de marquage CE et n’a pas fait l’objet d’études cliniques, et dont le principe est de repousser les testicules plus haut dans les canaux inguinaux.

  Les hormones, un parcours d’obstacles Promue par l’OMS et la Chine en particulier, la contraception hormonale masculine repose sur des injections de testostérone à hautes doses hebdomadaires ou à moindres doses et alors associée à un progestatif. Ces combinaisons, perfectibles et sources d’effets indésirables immédiats (acné, baisse de la libido, etc.) et peut-être à long terme, ne disposent d’aucune AMM en France et dans le monde pour la contraception hormonale masculine qui semble moins efficace pour les sujets caucasiens versus les personnes asiatiques. A l’étude encore, des immunocontraceptifs qui font fabriquer des anticorps dirigés contre certains composants des spermatozoïdes, avec un risque d’auto-immunité qui pourrait compromettre la réversibilité. Autre piste, toujours très préliminaire, celle de l’inidamine, dérivé d’un anticancéreux, qui empêche les spermatozoïdes d’arriver à maturation et altérerait la spermatogénèse de façon réversible.  

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