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"Expéditive", "inutile"... Polémique autour d'une possible revalorisation de la consultation d'aptitude à la conduite

L'examen médical du permis de conduire pourrait très bientôt être revalorisé, selon un projet d'arrêté actuellement dans les tuyaux. Aujourd'hui rémunérée 36 euros, cette consultation pourrait passer à 50 euros. Une réforme "profondément injuste" pour la Fédération des diabétiques, qui rappelle que cette visite n'est pas prise en charge.    

11/09/2025 Par Louise Claereboudt
Diabétologie
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Les honoraires versés aux médecins de ville agréés pour le contrôle médical d'aptitude à la conduite pourraient bientôt être revalorisés. Un projet d'arrêté visant à réévaluer le tarif de l'examen médical du permis de conduire attendrait une validation officielle par les cabinets des ministères de l'Intérieur et de la Santé, a-t-on appris.

Le tarif de cette visite médicale pourrait passer de 36 à 50 euros pour les médecins agréés exerçant dans leur cabinet, et de 50 à 80 euros pour la commission médicale composée de deux médecins agréés, qui se réunit en cas d'infraction liée à une consommation de stupéfiants ou d'alcool.

Ce projet d'arrêté, fermement dénoncé par la Fédération des diabétiques dans un communiqué de presse, "devrait voir le jour d'ici la fin de l'année ou le début d'année prochaine", indique à Egora la responsable des affaires publiques de l'association, Léonie Gerbier. Sa mise en œuvre pourrait toutefois être retardée du fait du récent départ de la déléguée interministérielle à la Sécurité routière, Florence Guillaume. Un poste occupé par intérim par Michèle Lugrand depuis le 1er septembre.

Contacté par Egora, le Dr Dominique Richter, président du Syndicat des médecins du permis de conduire (Smacmac), "seule organisation habilitée à négocier" avec la Délégation à la sécurité routière (DSR)*, confirme l'existence d'un tel projet. "Mais il n'est pas encore formalisé", précise le généraliste, étonné de voir l'information être divulguée via un communiqué. "Les tractations entre notre syndicat et la DSR sont confidentielles."

Le syndicat de médecins agréés réclamait de longue date 50 euros pour l'examen médical d'aptitude à la conduite. Le tarif de cette consultation est en effet "bloqué depuis le 1er mai 2017", rappelle Dominique Richter.

La plupart du temps les patients sont face à un médecin expéditif qui prend l'argent et regarde à peine son interlocuteur

Du côté de la Fédération des diabétiques, cette augmentation ne passe pas. "Il s'agit d'une mesure profondément injuste, qui viendrait impacter fortement le portefeuille des personnes qui vivent avec un diabète, déjà largement mis à mal par les multiples hausses du coût de la santé, et qui sera encore aggravé par le doublement annoncé des franchises et participations forfaitaires", fustige l'association.

Cette dernière souligne que cette visite médicale est "déjà vécue comme un fardeau par les personnes qui y sont soumises, qui sont nombreuses à n'y voir aucune utilité : les médecins agréés qui la réalisent en cabinet sont perçus comme expéditifs, et la plupart connaissent insuffisamment le diabète pour évaluer réellement la situation de la personne", tacle la fédération. "Nous avons un service juridique qui est appelé toutes les semaines au sujet du permis de conduire […] Le plus souvent parce que les patients veulent nous faire remonter des problématiques qu'ils ont rencontrées lors des entretiens avec les médecins agréés", rapporte Léonie Gerbier.

"Soit le médecin ne connaît pas du tout le diabète : il va demander au patient s'il se sent bien, s'il connait son risque d'hypoglycémie et paf mettre un tampon. Ça dure 30 secondes pour 36 euros. Soit le médecin va demander des justificatifs à n'en plus finir à des personnes qui connaissent très bien leur pathologie et viennent souvent avec un justificatif de leur diabétologue ou de leur médecin traitant pour prouver que l'équilibre du diabète est bon. On n'a pas de juste milieu", observe la responsable des affaires publiques de la fédération.

Et d'ajouter : "La plupart du temps on est face à la première situation avec un médecin expéditif qui, clairement, prend l'argent et regarde à peine son interlocuteur dans les yeux." La fédération dénonce par ailleurs le paiement en espèces imposé par certains médecins agréés. "Des patients nous disent que le médecin leur a demandé de retirer de l'argent alors même qu'il y a parfois un TPE sur le bureau. […] Il y a clairement dans la tête de certaines personnes l'idée qu'il pourrait y avoir de l'argent qui serait fait au black", rapporte Léonie Gerbier, précisant qu'il n'est "pas question d'accuser les médecins de quoi que ce soit".

Il faut arrêter de prendre les médecins pour des bandits

Des affirmations que Dominique Richter rejette en bloc : "Dire que les médecins travaillent de façon expéditive, c'est une honte. Ils attaquent les médecins en quelque sorte. Chez moi l'examen d'un usager dure entre 20 et 25 minutes." "Il faut arrêter de prendre les médecins pour des bandits", exhorte-t-il, réfutant les allégations selon lesquelles les médecins agréés imposeraient le paiement des rendez-vous en espèces. "C'est du n'importe quoi. Le mode de paiement est tout à fait légal : espèces, carte bancaire ou chèque", assure-t-il.

Et de défendre l'utilité de cet examen : "Pour le diabète, il y a des règles très strictes : depuis l'arrêté du 28 mars 2022, on ne doit voir que les diabétiques sous insuline ou qui ont un traitement qui entraîne une hypoglycémie. Les autres – un diabétique qui prend de la metformine seule par exemple – ne sont plus tenus de faire une visite médicale […] On n'est pas là pour empêcher les gens de conduire mais pour qu'ils conduisent en toute sécurité, qu'ils ne fassent pas de malaise hypoglycémique au volant."

Le syndicaliste, par ailleurs formateur, rappelle que le temps de formation des médecins agréés a été "doublé pour faire passer plus d'informations". "C'est normal que tout ça se paie !"

La Fédération des diabétiques promet, de son côté, de "ne pas lâcher l'affaire". Léonie Gerbier affirme que la DSR se serait engagée à fournir un cadre plus strict sur le déroulé de la visite médicale "pour faire en sorte que celle-ci soit mieux acceptée par les patients" et qu'elle ait "un aspect plus préventif qu'aujourd'hui avec, par exemple, un contrôle de la vision, qui n'est pas réalisé à chaque fois".

"On est preneur d'une mesure qui vise à renforcer le caractère médical de la visite", poursuit la représentante de la fédération. "On voudrait d'abord voir comment se passent ces nouvelles visites. Si vraiment il y a une amélioration du service médical rendu, peut-être qu'on pourra réfléchir ensemble à revaloriser la consultation, mais pour nous ça ne pourra pas se faire sans une prise en charge", insiste-t-elle.

*Contactée, la Sécurité routière n'a pas répondu à nos sollicitations. 

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Claire FAUCHERY

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4 débatteurs en ligne4 en ligne
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503 points
Débatteur Passionné
Psychiatrie
il y a 3 mois
je crois qu'on va etre submerge en temps non medical pour savoir si un conducteur avec pathologies citée en annexe I ou II peut conduire. la liste des pathologies n'est pas complete et ne filtrera pas les inconscients sauf à postériori après un AVP et l'on ne met l'accent que sur des pathologies dont le raisonnement et la description a bien vieilli si l'on en croit les neurologues et gériatres au sujet de leur partie. Transposer l'aptitude camion ( un gars qui doit en pleine possession de ses moyens pendant au moins 8 heures ce n'est pas Yvette 72 ans, HTA et DT2 avec troubles de l'équilibre et anxiété du soir qui conduit dans son canton comme adjoint au maire et va deux fois en bretagne voir ses cousines. on veut un conducteur chimiquement pur inaltérable!! Une jeune de 21 ans qui de dort de 24 h sans alcool est autant dangereux qu'avec 1.2 g/l, s'il a 40° C de fièvre idem et pourtant il présente pas les pathologies cites en annexes du décret transposé d'une directive de Bruxelles. Quid des médecins agréés formés 15 heurs seulement en avril 2025 soit 3 ans et demi après la sortie du decret d'avril 2022. Et que doit-on mesurer exactement ? c'est quoi l'aptitude au volant ? Que peut dire une cardiologue, un psychiatre, un neurologue un rhumatologue pour sa partie., il faut des tests plus spécifiques. Les diabétiques ont raison de dire que certains médecins agrées appliquent juste la liste de l'arreté en 3 mn ( (plusieurs de mes patients me l'ont décrit) et en liquide aussi. Les généralistes et spécialiste de ville sont déjà en surbooking et on vient leur demander des avis pré-agrément qu'ils sont incapables à definir précisément. et les médecins agréées qui tireront le parasol, voire le "barnum de précaution" et obligera à des examens en concurrence à ceux destinées au diagnostic de maladies? Les délais vont se rallonger pour chacun de ceux voulant continuer à conduire. : on manque de lits, de créneaux et des spécialistes pour juste faire de l'aptitude.. On n'arrivera pas à tout faire. l'arrêté demars 2022 est mal calibré, mal connu ( aucune publicité !!), mal indiqué. Mes patients policiers, fonctionnaires de la prefecture, moniteurs d'auto école ne connaissent pas cet arrêté, ni mes confreres généralistes. Donc c'est quoi ce capharnaüm ?? d'autant que se soigner et demander l' agrément c'est avoir des visites tous ans pour les PL et les 2 à 5 ans pour les VL. Cela va faire tousser surtout les vieux qui sont des électeurs.... Seules l'Allemagne la Pologne et la France ne demande pas d'aptitude au volant , L'Espagne , le Portugal et l' Italie le font de maniere stricte sans avoir fait baisser la mortalité routière. En Suede, le vieux conducteurs ont refusé ces tests et obligent leur famille à les convoyer les rendant dépendants de leur famille et reseaux de travailleurs sociaux. : les conditions ont été assouplies On veut donc une conducteur "chimiquement pur" sans defaut qui n'existe pas ! IL faut des dispositifs de démarrages adaptés à la voiture et aux troubles congitifs ou physique comme toucher différents interrupteurs ( phares clignotant dans un ordre jamais repetifs et presser des pedales , souffler dans un détecteur d'alcool et avoir une camera qui repère des troubles de l'attention... si vous n'y arrivez à le faire en temps imposé, la voiture ne doit pas démarrer ou bien c'est la voiture autonome à 95 % au moins. Cet Arrete est une fausse bonne solution !
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4,6 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 3 mois
36 eu de 2017, avec l'inflation, correspondent à 42 eu. Sinon, je suppose qu'il en va de médecins agréés comme de tous les autres. Certains sont expéditifs (ce qui ne veut pas dire forcément superficiels, mais ça, c'est un autre débat), d'autres qui prennent plus de temps. On retombe comme toujours sur la question du contrôle des prix et d'un tarif unique. Payer le médecin du permis de conduire, c'est comme payer une assurance : en cas de souci, on va lui tomber dessus. Personnellement, non, merci. Même pour 50 eu; encore moins pour 36 eu.
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1,1 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 3 mois
Décidément on n’en sortira jamais . Les diabétiques se sentent stigmatisés et veulent au minimum une visite remboursée. Ben voyons. Et les épileptiques aussi et les parkinsoniens itou. Et pourquoi pas alors les chauffeurs de bus, de camions, d’ambulances, de taxi, de VTC… qui sont soumis à la même visite non remboursée ? Mais eux ne sont pas malades, eux, me rétorquera t’on. Mais cela nous rassure tout de même de savoir que ces professionnels sont contrôlés, non? La visite d’aptitude du permis de conduire vaut ce qu’on y met dedans, et si le médecin agréé fait bien son travail elle est plus qu’utile. Il faut tout de même savoir que sa signature au bas du document engage la responsabilité du médecin en cas d’accident.,,Ceci explique sans doute que les jeunes confrères ne se bousculent pas au portillon. Au passage, l’absence de visite, et pire, la non déclaration PAR l’usager à son assurance de sa pathologie( on est pas dans le secret là!), peut entraîner des conséquences bien plus chères que le coût - même non remboursé de la visite d’aptitude.
 
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