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Permis de conduire : bientôt une visite médicale pour l'obtenir ou le renouveler ?

Près de cent députés ont signé une proposition de loi visant à conditionner l'obtention et le renouvellement du permis de conduire à une visite médicale. Celle-ci aurait lieu tous les 15 ans, puis tous les cinq ans lorsque le conducteur est âgé de 70 ans ou plus.

04/04/2025 Par Louise Claereboudt
Santé publique
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"La sécurité routière constitue une priorité de santé publique et un enjeu majeur pour notre société", écrivent près de 100 députés dans l'exposé des motifs d'une proposition de loi déposée le 18 mars dernier, qui vise à mettre en place une visite médicale de contrôle à la conduite. Pour les signataires de ce texte, porté par l'ancien ministre de la Santé Frédéric Valletoux, "si les progrès technologiques et les campagnes de prévention ont permis une diminution significative des accidents, il demeure essentiel de renforcer les dispositifs existants pour continuer à protéger les usagers de la route". S'assurer de l'état de santé des conducteurs par exemple.

"L'état de santé des conducteurs joue à ce titre un rôle déterminant dans leur aptitude à conduire en toute sécurité, et ce, à tout âge. Des troubles tels que des déficiences visuelles, auditives, cognitives, ou des maladies chroniques peuvent en effet altérer les capacités nécessaires à une conduite sûre et justifient la mise en place de mesures de prévention", plaident ces députés de tous bords. Actuellement, le contrôle médical de l'aptitude à la conduite est limité à quelques cas : pour raison de santé, consécutif à une infraction (suspension ou annulation du permis) ou pour obtenir (ou prolonger) un permis professionnel (les chauffeurs de poids-lourds par exemple).

Un marronnier législatif

Un arrêté du 28 mars 2022 fixe les affections médicales nécessitant un contrôle médical de l'aptitude à la conduite. Mais il est "insuffisamment connu par les médecins", regrettent les députés signataires de cette PPL, selon qui "cette approche demeure insuffisante pour prévenir des risques plus larges". C'est pourquoi ils militent pour instituer "des visites médicales à intervalles réguliers". Concrètement, ils proposent "de conditionner l’obtention du permis de conduire ainsi que son renouvellement, soit tous les 15 ans, à une visite médicale". Cette visite médicale sera effectuée plus fréquemment lorsque le conducteur sera âgé de 70 ans et plus, "tous les 5 ans". Cela reviendrait donc à remettre en cause le principe du permis de conduire à vie.

Une mesure qui constitue un marronnier législatif, et qui, selon les signataires de cette proposition de loi, serait soutenue par "59% de la population". Elle s'inscrit par ailleurs "dans les débats initiés au Parlement européen depuis 2006". "Désormais, plus de 14 pays européens disposent de dispositifs médicaux relatifs à la conduite, dont l'Espagne, le Portugal, les Pays‑Bas ou encore l'Italie. La France est ainsi l'un des rares pays européens à ne pas exiger de contrôle médical périodique pour ses conducteurs", notent les signataires.

Le 25 mars dernier, le Parlement européen ainsi que le Conseil de l'UE ont trouvé un accord sur les règles européennes du permis de conduire. Il a été convenu qu'"avant la première délivrance d’un permis de conduire, les conducteurs devront passer un examen médical, notamment un examen de la vue et un examen cardiovasculaire", indique le Parlement européen dans un communiqué. Cet examen pourra être remplacé, pour les pays de l'UE qui le souhaitent, par "des formulaires d'auto-évaluation ou, en cas de renouvellement du permis de conduire, par d'autres mesures alternatives".

A également été décidé, dans le cadre de cet accord, que les permis de conduire soient valables 15 ans pour les motos et les voitures – "les États membres peuvent réduire leur validité à 10 ans si le permis peut être utilisé comme pièce d'identité nationale" –, tandis que ceux pour les camions et les autobus devront être renouvelés tous les cinq ans. En outre, il permet aux Etats membres de réduire la validité du permis de conduire des conducteurs plus âgés (à partir de 65 ans).

Cet accord préliminaire doit encore être approuvé par le Conseil et le Parlement, peut-on lire. En cas de feu vert accordé, les États membres de l'UE disposeront de quatre ans pour "transposer les nouvelles dispositions dans leur droit national et se préparer à leur mise en œuvre".

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1 débatteur en ligne1 en ligne
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503 points
Débatteur Passionné
Psychiatrie
il y a 8 mois
Cet arrêté paru au JO qui met plus de 2 ans et demi à se mettre en œuvre et pour qq chose qui est l'identité et constitue l'autonomie de nombreux français jeune ou vieux : le permis de conduire ! L'arrêté du 28 mars 2022 concerne 50 MILLIONS de français titulaires du Permis B et laisse ceux qui veulent ne pas déclarer leur(s) pathologie(s) .. Il n'a PAS été rendu PUBLIC par une campagne d'information !  (Je ne l'ai appris que fin 2024 - bulletin de l'OM) On demande aux médecins de faire le travail de la puissance publique sur leur temps médical sans être payé pour cela, être le garant de la sécurité routière, sans bruitsans être ni Forces de l'ordre ou bien Justice ... et l'on doit conserver la preuve dans le dossier d'avoir informé son patient. Quant aux médecins agréés, il y en 15 dans mon département (Ain) pour 500 000 permis de voiture B potentiels et 36 médecins agréés en Isère ( et pas jeunes de surcroit et/ou en activité classique). La personne avec par ex. un syndrome d’apnées obstructive du sommeil avec ventilation nocturne doit volontairement SE DECLARER et se soumettre à l’examen du médecin agréé en remplissant un questionnaire détaillé et avoir une comptabilité de conduite de 3 ans maxi, celui qui n'est pas dépisté aura droit à 15 ans de permis... Il existe une liste des pathologies empêchant la conduite auto en annexe de l’arrêté de 2022, référence pour les médecins agréés. elle a été décalquée de celle des conducteurs routiers professionnels... ce n'est pas la même situation. Si vous avez Alzheimer, vous ne vous déclarez pas et tout va bien ... En outre, la filière administrative pour gérer le renouvellement des permis rose en carton (échéance janvier 2033)  est nettement sous-dimensionnée  (information mal donnée, délai, ) et mal fléchée , les "français de base" ne connaissent pas cet arrêté ! ( je le constate tous les jours en consultation et... je dois expliquer10 mn voire + et... certains s'énervent ...) Les examens complémentaires sont à la charge du patient intégralement et en concurrence avec les dépistages de pathologies. On a peu de moyens et de temps médical déjà ! et sans parler des délais pour cela ou bien demander d'être reçu par le médecin agréé (38 € la consultation d'aptitude) qui peut demander alors plusieurs avis pour autant de pathologies (neuro, cardio, rhumato par ex.) ce qui va rallonger les délais pour avoir une aptitude légale uniquement. On conduit alors sans permis si l'on utilise sa voiture au quotidien ? D'une bonne idée, on en fait un cauchemar hypocrite juridique, médical et social en cas d'inaptitude forcée (quand on vit à la campagne sans transport en commun) Les politiques n'ont pas pris la mesure (ou le courage) de la dire clairement aux conducteurs. 
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96 points
Médecins (CNOM)
il y a 8 mois
Nos chers députés pensent ils qu’un jour eux aussi prendront de l’âge…. Il faut absolument préserver l’autonomie des personnes âgées et la conduite automobile est une forme d’autonomie… Ont ils seulement analyser dans les accidents graves combien ont pour origine les personnes âgées ? le plus souvent il s’agit de jeunes conducteurs attirés pas la vitesse voire de conducteurs sous l’emprise de l’alcool ou de stupéfiants…arrêtons de stigmatiser nos parents, nos aînés… nous serons probablement eux demain….
Photo de profil de MICHEL OSMIN COUGEU
196 points
Médecine générale
il y a 8 mois
Quid des patients dépressifs et de surcroît sous psychotrope(s) non pas 5/10 ans mais 1 an...? Quid des patients addicts en continu ou par intermittence? Tout ce petit monde pouvant être estimé, par leur médecin, après 1 an voire 6 mois en état de conduire ? Y aurait il des "nuances" apportés par les députés européens et /ou français? Quels médecins seront concernés à réaliser cette visite d'aptitude (médecins agréés?) Sinon, y aura t il une formation avec qualification pratique des généralistes , tout du moins, de l'arrêté du 21/12/2005 avec ses mises à jour définissant la liste des affections médicales incompatibles avec l'obtention ou le maintien du permis de conduire ou pouvant donner lieu à la délivrance de permis de conduire? Si le médecin traitant n'est pas impliqué dans la délivrance de l'avis et/ou en cas de désaccord, pourra t il intervenir à priori et à postériori devant toute évolution notamment favorable à la conduite? Par ailleurs, bien des patients ne seraient pas aptes au moment de la visite ad' hoc ? Si des aménagements du véhicule permettent la conduite dans des conditions de handicap, des réserve(s) pouvant être stipulée(s) par le médecin examinateur? Dans le cas d'aménagement de véhicule, y aurait-il un contrôle du véhicule ultérieurement? Qui paiera cet aménagement pour un patient sans moyen financier, MDPH, AGEFIPH... Dans la situation d'une difficulté visuelle, cas très fréquent, en vision nocturne et après avis spécialisé ophtalmologique rendu obligatoire lorsque le médecin, par exemple, est agréé par la préfecture, y aura t il possibilité de conduite de jour? Car en effet , il en va aussi de la vie sociofamiliale du patient? Par ailleurs l'ophtalmo a t-il les moyens cliniques d'évaluer la vision nocturne dans les conditions de l'éclairage de la voirie? La CNAM sera t-elle partie prenante pour assurer les dépenses inhérentes à ces visites , car il s'agit bien de préserver la santé individuelle mais aussi d'une intervention en santé publique. Il n'est pas interdit de penser que bien des confrères en accord ou pas avec une telle décision de visite d'aptitude, s'interrogent sur ces visites répétitives. Enfin , dans les pays d'Europe appliquant ce type de visite , selon l'âge et la fréquence des visites, et après plusieurs années de pratique, quels résultats en termes de vies sauvées "auteurs et victimes" , en terme de handicap(s) évité(s), en terme de coûts sanitaire et social?
 
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