Cancers papillaires thyroïdiens : la surveillance active peut parfois se justifier comme alternative à la chirurgie immédiate

12/01/2018 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme

Actuellement, le consensus semble se faire pour proposer une surveillance active des cancers papillaires thyroïdiens à bas risque plutôt que de proposer une chirurgie immédiate. Cependant, l’expérience avec cette option de surveillance active est limitée, en dehors du Japon.

Afin de décrire la cinétique de la croissance des cancers papillaires de la thyroïde au cours d’une surveillance active, les données des participants d’une cohorte américaine de 291 patients ont été analysées. Il s’agissait de cancers papillaires à bas risque, intra-thyroïdiens, faisant moins de 1.5 cm et chez qui des mesures répétées par échographie ont été obtenues. Sur les 291 patients, 219 (75.3 %) étaient des femmes, d’âge moyen 25 ± 15 ans. Au cours d’une période de surveillance active de 25 mois en moyenne, seuls 11 des 291 patients (3.8 %) ont vu croître de plus de 3 mm le diamètre tumoral, l’incidence cumulée étant de 2.5 % à 2 ans et de 12.1 % à 5 ans. Aucune métastase régionale ou à distance ne s’est développée au cours de la surveillance. Dans tous les cas, les mesures en trois dimensions du volume tumoral permettaient une identification plus précoce de la croissance (8.2 mois avant l’augmentation du diamètre de la tumeur). En analyse multivariée, aussi bien un plus jeune âge au diagnostic (hazard ratio par année = 0.92 ; IC 95 % 0.87-0.98, p = 0.006) que la catégorie du risque au moment du diagnostic (hazard ratio, si inapproprié = 55.17, IC 95 % = 9.4-323, p < 0.001) étaient associés de manière indépendante à la probabilité d’une croissance tumorale. Parmi les tumeurs qui augmentaient de volume, l’étude des cinétiques montrait une croissance de type exponentielle classique avec un temps de doublement médian de 2.2 années (allant de 0.5 à 4.8 ans, r2 médian = 0.75 ; 0.42-0.99). Les vitesses de croissance tumorale au cours de la surveillance active dans une cohorte américaine de cancers papillaires de la thyroïde mesurant moins de 1.5 cm sont donc basses. Les mesures répétées des volumes tumoraux peuvent faciliter l’identification précoce des tumeurs qui vont continuer à grossir et informer sur la fréquence de l’imagerie de surveillance et la nécessité d’une intervention thérapeutique.

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Claire FAUCHERY

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