Cannabis contre la douleur : des études insuffisantes

18/02/2020 Par Brigitte Blond
Algologie
Intervenant lors de la 6è édition des Carrefours de la Douleur, organisés par Mylan le 24 janvier à Paris, le Pr Serge Perrot, chef du Centre d’étude et de traitement de la douleur de l’Hôtel-Dieu et de l’hôpital Cochin (Paris), a fait par de ses doutes concernant l’utilisation du cannabis contre la douleur, à la lumière de rares études robustes.

La plante, et en particulier sa variété la plus utilisée, Cannabis sativa, que l’on connaît encore mal, abrite 400 composés dont 60 au moins auraient une action sur le système cannabinergique. Celui-ci est constitué principalement de deux types de récepteurs : les CB1 présents dans le système nerveux central, qui interviennent sur les déterminants de la douleur, du sommeil, de la mémorisation, etc. ; et les CB2, en périphérie, en relation avec le système immunitaire, aux effets possiblement anti-inflammatoires. Trois de ces cannabinoïdes ont été plus particulièrement étudiés : le tétrahydrocannabinol (THC), psychoactif surtout ; le cannabidiol, myorelaxant et antiépileptique ; et le cannabinol. « La difficulté de l’interprétation des études vient de la grande hétérogénéité des différentes variétés du cannabis et de ses nombreuses formes “d’administration“ (résine, fleurs séchées, etc.), regrette le Pr Perrot. Le cannabis est devenu, par ailleurs...

un sujet très fantasmatique aujourd’hui d’autant que sa libéralisation est actée dans certains pays, pour son usage récréatif ou thérapeutique ». Autre frein, les effets du cannabis sont la résultante d’une pharmacologie complexe, certains de ses composés se comportant comme des agonistes partiels (le THC), d’autres comme des antagonistes (le rimonabant, un cannabinoïde qui favorise la perte de poids), d’autres encore (le cannabidiol) comme des agonistes inverses… Les premières indications du cannabis thérapeutique sont, sans que l’on connaisse véritablement son mode opératoire, celles de la douleur (soins de support, SEP, etc.). « La qualité des études jusqu’ici est faible, son efficacité paraît limitée… et ses effets indésirables (proches des effets de l’alcool en aigu, syndrome amotivationnel en chronique, émergence de psychoses, etc.) limitants si l’on se réfère aux données de l’usage récréatif », observe-t-il. Un élément positif toutefois, le risque de dépendance avec le cannabis est faible, de 10 %, versus celui du tabac, de l’alcool ou des opiacés (30 %). Pour les experts européens de la douleur, les médicaments à base de cannabis peuvent être raisonnablement envisagés pour le traitement de la douleur neuropathique chronique. Dans les autres indications douloureuses, cancer notamment, la prescription doit être décidée au cas par cas.  

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Claire FAUCHERY

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