Ebola : des données suggèrent la présence de réservoirs viraux dans l’organisme des survivants

07/09/2021 Par Marielle Ammouche
Infectiologie
Des chercheurs ont voulu analyser la réponse immunitaire à long terme des malades d’Ebola. Pour cela, ils ont suivi sur 60 mois les patients de la cohorte PostEbogui, qui comprenait plus de 800 personnes infectées par le virus provenant de trois sites en Guinée. Les patients ont été recrutés à partir de mars 2015. 687 sujets ont participé à ce volet « immunitaire ». 45 % étaient des hommes, 55 % des femmes. L’âge médian était de 27,3 ans (21 % avaient moins de 18 ans).

Les analyses ont montré une diminution globale de la concentration en anticorps avec le temps. A 5 ans, 3 quarts des survivants possédaient des anticorps contre un antigène particulier du virus (la glycoprotéine), et 60 % contre deux autres antigènes (la nucléoprotéine et la protéine virale 40-kDa), mais près d’un quart des sujets n’avaient plus d’anticorps détectables après 60 mois. Cependant les premiers semblaient persister plus longtemps. « Ce sont des données précieuses pour la conception de vaccins contre Ebola dans la mesure où les anticorps neutralisants, et donc protecteurs, sont dirigés contre cette glycoprotéine » précise Abdoulaye Touré, co-investigateur principal de l’étude. « Il sera intéressant de comparer la diminution de la concentration en anticorps chez les personnes ayant contracté la maladie à celle induite par la vaccination contre Ebola dans la population. Si un tel phénomène était observé cela pourrait poser des questions de santé publique sur l’efficacité de la vaccination sur le long terme en cas de nouvelle épidémie », ajoute Eric Delaporte, co-investigateur principal. Par ailleurs, les auteurs ont observé que chez certaines personnes, la diminution des anticorps n’était pas régulière, mais qu’il y avait des variations des taux d’anticorps au fil des mois ; parfois même ils augmentaient. En outre, il y avait un lien entre concentration d’ARN viral dans le sang et dans le sperme des sujets. Ainsi, la présence d’ARN viral dans le sperme des survivants était associée à des concentrations élevées d’anticorps dans le sang. Pour les auteurs ces éléments pourraient conforter l’hypothèse de l’existence de réservoirs viraux dans l’organisme qui entrainerait une « re-stimulation immunitaire » des patients sans qu’ils n’aient été réinfectés ou ré-exposés au virus dans le milieu extérieur. « Le risque est de voir de nouveaux cas d’Ebola provenir de survivants. C’est probablement ce qui s’est passé lors de la résurgence de la maladie en Guinée en janvier dernier, 5 ans après la fin de l’épidémie », ajoute Abdoulaye Touré.

L’épidémie d’Ebola, qui a sévi en Afrique de l’Ouest entre 2013 et 2016, a été responsable de 11 000 décès.

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Claire FAUCHERY

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