Les médecins saluent la nomination au ministère de la Santé d'Aurélien Rousseau… et le mettent en garde contre la technocratie

21/07/2023 Par Aveline Marques
Sa nomination est une surprise, plutôt bien accueillie par les professionnels de santé. De l'UFML aux Libéraux de santé, en passant par les syndicats de praticiens hospitaliers et le mouvement Médecins pour demain, voici un florilège des réactions du monde de la santé à l'arrivée d'Aurélien Rousseau avenue de Ségur. 

 

Les attentes sont fortes ce vendredi, au lendemain de la nomination d'Aurélien Rousseau, ancien directeur de cabinet de la Première ministre et ancien directeur général d'Ile-de-France, au poste de ministre de la Santé et de la Prévention. Contrairement à ses trois prédécesseurs, le nouveau locataire de l'avenue de Ségur n'est pas médecin, mais haut-fonctionnaire. Son arrivée a malgré tout été saluée par l'UFML comme par Les Libéraux de santé. Le Dr Jérôme Marty, président du syndicat de médecins libéraux, a loué sa "capacité de réaction de la crise du Covid", relevant une gestion "positive" (et "rare") de l'ARS d'Ile-de-France.  

Pour Les Libéraux de santé, qui représentent 10 syndicats de professionnels, Aurélien Rousseau "a l'expérience du monde de la santé et de ses difficultés"; "il connait très bien la réalité du système de santé et les défis auxquels les professionnels de santé libéraux sont confrontés au quotidien". Interrogée par l'AFP, la Dre Agnès Gianotti, présidente de MG France, a estimé que le nouveau ministre était "quelqu'un avec qui on pourra échanger".  

Quant à l'Intersyndicat national des praticiens d'exercice hospitalier, il souligne qu'Aurélien Rousseau "est connu pour ses prises de position à la défense des hôpitaux publics, lesquels ont été laissés en grande souffrance jusqu'à aujourd'hui". La Fédération hospitalière de France appelle d'ailleurs le ministre à s'atteler sans attendre à la tâche car les sujets sont "nombreux et urgents". Et de citer l'élaboration du PLFSS 2024, "qui sera un moment de vérité pour financer à leur juste hauteur les établissements publics de santé et médico-sociaux", l'attractivité des carrières médicales et paramédicales et le Grand âge, "pour lequel une grande loi de programmation est plus que jamais urgente". 

L'UFML et le mouvement Médecins pour demain mettent toutefois en garde le ministre de la Santé contre la technocratie. "Monsieur le Ministre, il va vous falloir tourner le dos au logiciel habituel de ce ministère marqué par la trop grande prééminence de l’administration, une administration qui étouffe en quelques semaines les ministres les uns après les autres…", alerte le syndicat de médecins libéraux. "Nous attendons de vous que vous sortiez des bricolages et de la pensée magique." "Notre système sanitaire est notre bien commun, vous avez montré pendant le Covid votre capacité à agir en terre inconnue et ce n’est pas ce qui caractérise habituellement notre haute administration. Face au drame d'un secteur sanitaire en effondrement, il nous faudra faire preuve d'inventivité, et nous sommes prêts à collaborer pour y parvenir. Les médecins n’ont plus le temps d’attendre", presse l'UFML. 

Si Médecins pour demain ne cache pas ses "inquiétudes quant à une dérive volontaire du Gouvernement de technocratiser la politique, loin de la France de terrain", ils espèrent que le nouveau ministre sera "à l'écoute". "Les médecins, loin d'être les corporatistes que l'on décrit ça et là, sont des hommes et des femmes dévoués à leur tâche, qui ne demandent, au fond, qu'une seule chose : être valorisés dans leur métier, se sentir à nouveau utiles au lieu d'être injustement décriés, en un mot retrouver l'humanisme qui nous habite tous en lieu et place du stakhanovisme prôné par nos institutions", résume le mouvement de libéraux. 

Aurélien Rousseau au ministère de la Santé, Marguerite Cazeneuve à la Cnam : y a-t-il conflits d'intérêts?

XAVIER BOGOPOLSKY

XAVIER BOGOPOLSKY

Oui

J’ai voté 2 fois pour Macron et maintenant j’ai la nausé. Aucune dignité, aucun respect de la fonction publique. De plus, donner... Lire plus

7 débatteurs en ligne7 en ligne
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878 points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 ans
Le titre de l'article est un biais classique. Il est erroné de parler des médecins en général quand on interroge les liders massimos des syndicats ("Les médecins saluent...). Un simple coup d'oeil à vos sondages ou bien aux réactions des médecins, souvent appuyées par des faits assez troublants, aurait pu éviter de faire cette erreur. Le sens de cette nomination. En réalité les médecins ont très vite compris que cette nomination est le retour du business as usual de la technocratie Française après le passage de Braun. Or le parcours à l'ARS du nouveau ministre est très loin de représenter une garantie. Les ARS répétons le ont totalement échoué dans leur mission de santé publique lors de la pandémie. Le but de cette nomination est d'administrer la holding que eprsonne n'arrive à mettre au pas: Sécu, Assurance maladie, direction de la SS au ministère, ministère, ARSs, tout cela c'est l'état. Rousseau est avant tout l'administrateur général de ce système très obèse, très inefficace mais qui est un monopole tout puissant. Il va donc exercer un rôle de haut fonctionnaire là où il faudrait réformer en profondeur tant les dysfonctionnement sont nombreux et graves. C'est le signe que le deuxième quinquennat est fini dans le système de soins. Une forme d'arrogance pour écarter le conflit d'intérêt. Que ses intérêts soient ou non convergents avec ceux de son épouse, il y a une galaxie Cazeneuve dont il est la pièce rapportée. La connivence ne produit aucune valeur ajoutée pour le système de soins. Au contraire il devrait y avoir un blocage de toute possibilité de sortir de la normalisation du système afin de ne pas inquiéter les marchés de la dette. On peut accueillir favorablement cette probable reprise en main mais ce boulot devrait avoir été effectué dans le premier quinquennat en dépit de la Covid-19. En revanche le ministre tout à cette tâche dévorante devra se priver d'avoir des projets pour améliorer le système. Or il y a des sujets de fonctionnement qui attendent des décisions: la convention unique qui paralyse la médecine à l'acte, le statut des hôpitaux qui les condamne à la "crise" permanente et aux déficits, la santé publique pour faire mieux que des flyers avec une agence extrêmement coûteuse etc. Bref Rousseau devrait faire le job de normalisation du système et comme ce dernier est un mammouth où chacun fonctionne en silo cela va prendre du temps et de l'énergie, les réformes attendront une fois de plus. La convention bouée de sauvetage des "syndicats" Les représentant des syndicats sont la garantie de façade de ce système. Mais surtout ils vivent des "subventions à la vie conventionnelle" qui sont le codicille de la convention. En réalité ces subventions représentent presque tout l'oxygène de leur respiration. Car les cotis sont rares... Voilà pourquoi ils misent sur une convention qui va les alimenter et bien sûr il va falloir que les représentés fassent de grosses concessions, qu'ils vont essayer de leur faire avaler. Ainsi va le pays de renoncement en aggravation dans un secteur sinistré bien avant l'arrivée d'E. Macron. Dans un secteur où l'idéologie le dispute à la médiocrité tant dans l'organisation chaotique que dans la qualité de la production de soins que nous n'osons plus mesurer.
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Résistant
Chirurgie générale
il y a 2 ans
la technocratie:il est lui-même technocrate,et marié avec qui vous savez:la FRANCE est 1 pays du TIERS-MONDE! ancien directeur ARS ILE DE FRANCE!
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14,8 k points
Résistant
Chirurgie générale
il y a 2 ans
ancien du PCF:"çà vous pose un homme,comme être de garenne çà vous pose 1 lapin"DESPROGES
 
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