Maladie de Basedow : vigilance particulière chez la femme enceinte
La maladie de Basedow est l’étiologie la plus fréquente d’hyperthyroïdie (70 %) chez la femme jeune. Sa fréquence diminue avec l’âge, mais elle présente des risques de complications chez la femme enceinte.
La maladie de Basedow est liée à la présence d’anticorps antirécepteurs de la TSH (Trak) stimulants dont "l’action permanente au niveau de la cellule thyroïdienne va entraîner une production et une libération augmentées des hormones thyroïdiennes sans rétrocontrôle et une augmentation de la taille et de la vascularisation de la thyroïde provoquant un goitre diffus hypervasculaire", a précisé la Dre Hélène Lasolle, endocrinologue aux Hospices civils de Lyon, lors des JNMG 2025.
Au niveau extrathyroïdien, des signes oculaires d’exophtalmie apparaissent en premier lieu (30 à 50 % des cas), des signes d’inflammation oculaire et, de manière beaucoup plus rare, un myxœdème prétibial (< 1 %). Si l’orbitopathie peut être de sévérité variable, elle est infraclinique ou mineure dans 60 à 70 % des cas, de sévérité moyenne dans 25 à 35 % des cas et, enfin, sévère dans 5 % des cas. Cette dernière catégorie pouvant impacter le pronostic visuel en cas de survenue de neuropathie optique, "les formes graves constituent une urgence thérapeutique nécessitant d’adresser le patient rapidement vers un ophtalmologue qui connaît la pathologie thyroïdienne", a précisé la spécialiste.
En cas de suspicion de maladie de Basedow, le dosage de TSH est l’examen de référence de première intention. S’il n’est pas indispensable au diagnostic clinique, le dosage des Trak est toutefois nécessaire pour apprécier l’intensité des phénomènes immuno-inflammatoires "et pour avoir un taux d’anticorps de départ qui va nous permettre ensuite, dans les mois ou années à venir, de monitorer la réponse au traitement et les possibilités d’arrêt du traitement par antithyroïdiens de synthèse [ATS]", a rapporté la Dre Lasolle.
La prise en charge de la maladie de Basedow passe par la prescription d’ATS pendant 12 à 24 mois. Ces derniers n’ont pas d’effet immédiat, donc il faudra attendre une quinzaine de jours avant d’avoir une efficacité clinique franche. "Il faut informer les patients sur le risque de complications comme la fièvre ou l’angine sous ATS, et non seulement prescrire une numération formule sanguine avant leur initiation mais aussi en avancer une aux patients à faire en urgence en cas de fièvre ou d’angine", a-t-elle insisté. La survenue d’une agranulocytose contre-indique définitivement la reprise d’ATS et concerne environ 0,5 à 1 % des patients. Une hospitalisation pour la mise en place d’une antibiothérapie est alors nécessaire. Par la suite, les patientes sont éligibles à la chirurgie ou à l’irathérapie.
"De manière générale, en cas de survenue d’une grossesse, la TSH doit être dosée régulièrement durant le premier trimestre, car l’enfant, dont la thyroïde n’est pas fonctionnelle, est alors dépendant des hormones thyroïdiennes de sa mère", a rappelé la Dre Lasolle. En cas de maladie de Basedow, un dosage des Trak doit aussi être préconisé, et ce quel que soit le délai entre la survenue de la grossesse et l’antécédent de maladie. "En effet, la T4 passe plus difficilement la barrière placentaire que les hormones thyroïdiennes, ce qui conduit à un risque de dysthyroïdie fœtale, même après une thyroïdectomie."
Diagnostic biologique : une démarche progressive
L’hyperthyroïdie est avérée devant une valeur de TSH effondrée (< 0,1 UI), une T4L élevée (> 22 pmol/l) et une T3 élevée (> 5 pmol/l). L’hypothyroïdie correspond à des valeurs de TSH supérieures à 5 UI associées à une T4L basse (< 10 pmol/l). Enfin, l’hyperthyroïdie et l’hypothyroïdie sont infracliniques lorsque le taux de TSH est respectivement inférieur à 0,4 UI ou supérieur à 5 UI, associé à une T4L normale. La valeur de T3 est inutile dans le diagnostic des hypothyroïdies cliniques ou infracliniques. En tout état de cause, la relation logarithmique linéaire entre T4 et TSH explique que le dosage de la TSH seule en première intention conduise à un dépistage plus sensible des dysthyroïdies. Par la suite, un diagnostic en cascade pourra s’établir en "indiquant sur l’ordonnance de réaliser le dosage de la TSH, celui de la T4L en cas de valeur anormale, puis celui de la T3 en cas de T4L abaissée. Cela permet d’éviter les dosages inutiles et les coûts associés ainsi que de nombreux déplacements au patient", a rappelé la Dre Hélène Lasolle.
Au programme de ce congrès :
- Obésité : une nouvelle définition
- Obésité : de nouveaux outils pour améliorer la prise en charge globale
- Stéatopathies métaboliques : dépister précocement les patients à risque de fibrose avancée
- VIH : mieux intégrer la PrEP comme outil de prévention
- Dysménorrhée chez l’adolescente : quelle prise en charge ?
- Maladie de Parkinson : une prise en charge à adapter au fil du temps
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