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Mash : de nouveaux traitements en vue

La stéatohépatite métabolique (Mash) est un facteur de développement silencieux des cancers du foie, mais aussi de cancers courants extra-hépatiques. Son dépistage est fondamental, d’autant que de nouveaux traitements arrivent, comme l’ont souligné les experts de cette pathologie réunis lors de la 11e édition du Paris Mash meeting. 

26/09/2025 Par Alexandra Verbecq
Hépato-gastro-entérologie
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"La stéatose hépatique concerne le plus souvent les patients ayant des facteurs de risque (FDR) cardiométaboliques (obésité, diabète, hypertension…) ou ceux ayant une consommation d’alcool, même non excessive", a introduit le Pr Lawrence Serfaty, président du Paris Mash Meeting, hépato-gastroentérologue (CHU Strasbourg), lors d’une conférence de presse en marge de ce congrès qui s’est tenu à l’Institut Pasteur de Paris les 11 et 12 septembre.

En France, la prévalence de la stéatose hépatique métabolique (MASLD) est d’environ 18 % de la population, dont 25 % des cas évoluent vers la stéatohépatite métabolique (Mash). "Ces patients sont alors à risque de progresser vers une cirrhose et ses complications, en particulier le carcinome hépatocellulaire. L'âge, le sexe masculin, les FDR cardiométaboliques, les facteurs génétiques et ceux liés au microbiote intestinal sont les moteurs de cette progression. La Mash est devenue la deuxième cause de carcinome hépatocellulaire après l’alcool", précise le spécialiste.

Pour le Pr Jérôme Boursier, chef de service hépato-gastroentérologie et oncologie digestive (CHU Angers) : "La Mash est très difficile à détecter car elle évolue silencieusement jusqu’aux complications". Dépisté tardivement, "le carcinome hépatocellulaire est alors de très mauvais pronostic". La commission de The Lancet (Chan et al., 2025) estime que d'ici 2050, le nombre de cancers hépatiques et leurs conséquences doubleront. Pour Jérôme Boursier, "le dépistage à large échelle doit être favorisé. Les tests sanguins ou l'élastométrie permettent de diagnostiquer précocement la fibrose hépatique avancée chez des patients asymptomatiques notamment chez ceux à FDR métaboliques".

Plusieurs études (dont celle de Chan et al., Clin Gastroenterol Hepatol 2024) ont aussi montré que la MASLD était associée à une augmentation du risque de cancers extrahépatiques (colorectal, digestif, sein, endomètre, thyroïde…). "Depuis une dizaine d’années, nous voyons une vague de cancers chez les sujets jeunes. La MASLD peut être une explication. Des travaux préliminaires proposent que le foie pourrait fabriquer des vésicules extracellulaires favorisant le cancer…", explique le Pr Boursier.

Bientôt de nouveaux traitements disponibles

"Les règles hygiéno-diététiques constituent le traitement primaire. Les patients doivent perdre du poids et pratiquer une activité physique. Malheureusement, la grande majorité n’y parviennent pas. Mais s’ils y arrivent, c'est efficace !", prévient Lawrence Serfaty. Une étude (Vilar-Gomez E.et al., Gastroenterology, 2015) avait montré qu’une perte soutenue de 10 % du poids faisait régresser les lésions fibro-inflammatoires après un an de mesures hygiéno-diététiques.

Par ailleurs, sur le plan médicamenteux, de nouvelles molécules arrivent dans le traitement de la Mash. "Le resmetirom a obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM) aux États-Unis et en Europe et devrait être disponible en France en fin d’année. Cet agoniste des récepteurs β des hormones thyroïdiennes (THR-β) induit une hyperthyroïdie intrahépatique faisant diminuer graisse, inflammation et fibrose", détaille le spécialiste. L'essai clinique de phase III Maestro-Nash (Harrison et al., NEMJ 2024) incluant 1 000 patients avec des lésions de stéatohépatite et une fibrose (F2, F3), a évalué le resmetirom 100mg et 80mg vs placebo. Après 52 semaines de traitement, la résolution de la Mash sans aggravation de la fibrose a été constatée chez 26 % du groupe 80mg, 30 % du groupe 100mg, contre 10 % du groupe placebo. Une amélioration du score de fibrose, sans l’inflammation de la Mash a été notée chez 25 % du groupe resmetirom et 10 % du groupe placebo. "Les effets secondaires sont rares, modérés et plutôt digestifs. La poursuite de cette étude vérifiera l’amélioration de la morbimortalité après plusieurs années ainsi que les effets secondaires à plus long terme", ajoute le médecin.

Autre molécule prometteuse, le sémaglutide vient d'obtenir une AMM dans la Mash. L’essai clinique Essence (Arun J. et al. N Engl J Med, 2025), incluant plus de 1 100 patients atteints de Mash au stade F2 ou F3, a évalué ce traitement à la dose de 2,4mg vs placebo. Après 72 semaines de traitement, la Mash a été résolue sans aggravation de la fibrose chez 62 % du groupe sémagutide, contre 34 % du groupe placebo. Une amélioration de la fibrose d'au moins un point sans aggravation de la Mash a été observée chez 37 % du groupe sémaglutide et 22 % avec placebo. Une perte pondérale de 10 % a également été notée chez les patients traités. "Le sémaglutide est intéressant car il traite non seulement le foie mais également l’environnement de la Mash avec les FDR cardiométaboliques. Toutefois, lorsque le traitement est arrêté, le poids remonte…", souligne Lawrence Serfaty. Le tirzépatide (double agoniste GLP-1/GIP) a également reçu une AMM pour l’obésité et le rétatrutide (triple agoniste GLP-1/GIP/Glucagon) pourrait suivre. "Ces molécules induisent une perte de poids encore plus importante. Une efficacité équivalente à la chirurgie bariatrique !", note le Pr Serfaty.

Références :

D’après une conférence de presse lors du Paris Mash Meeting (11 septembre).

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Claire FAUCHERY

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3 débatteurs en ligne3 en ligne
Photo de profil de Procto TYPE
126 points
Incontournable
Gastro-entérologie et hépatologie
il y a 2 mois
De nouveau traitement pour sauver les partients d'eux même, alors qu'ils '' ne sont pas trop médicament '' comme ils aiment le répéter en consultation, mais qu'ils ne vont quand même pas se priver hein ! ​
 
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