Les bénéfices d’une limitation des glucides dans les premiers mois de vie
Une vaste étude tirée d’une expérience historique ayant eu lieu après la 2ème guerre mondiale montre qu’une limitation des sucres de la conception jusqu’aux 2 ans de l’enfant a un impact favorable sur sa santé cardiovasculaire.
Le sucre occupe une part grandissante dans l’alimentation des plus jeunes – en lien avec des stratégies marketing des industriels de plus en plus développées. Parallèlement, un nombre croissant de données suggèrent que les 1 000 premiers jours (de la conception à l’âge de 2 ans environ) constituent une période de vulnérabilité biologique accrue, pouvant entrainer des conséquences métaboliques à long terme.
Des chercheurs ont donc voulu mener une vaste étude afin de préciser si une exposition précoce aux sucres alimentaires était associée à un risque accru de maladies chroniques cardiovasculaires à l’âge adulte.
Ils ont eu l’idée de s’intéresser à la période d’après seconde guerre mondiale, période de 14 ans au cours de laquelle les autorités britanniques avaient instauré un rationnement en sucres dans le cadre d’un vaste programme de rationnement alimentaire. Ce rationnement comprenait, en particulier, une limitation pour chaque adulte, y compris les femmes enceintes, à 40 g de sucre par jour, et la suppression des sucres ajoutés pour les enfants de moins de 2 ans. L’objectif de ce programme était d’assurer une répartition équitable des denrées alimentaires et de prévenir les pénuries et famines.
L’étude, dont les résultats viennent d’être publiés dans le British Medical Journal, a ainsi été réalisée sur une cohorte britannique qui a rassemblé 63 433 participants de la UK Biobank nés entre octobre 1951 et mars 1956. Les auteurs ont alors comparé les personnes exposées in utero et pendant les 1 à 2 années précédant la naissance au rationnement en sucres à celles ne l’ayant jamais été. Les principaux critères d’évaluation étaient l'incidence des maladies cardiovasculaires, des infarctus du myocarde, de l'insuffisance cardiaque, de la fibrillation auriculaire, de l'accident vasculaire cérébral (AVC), ainsi que la mortalité cardiovasculaire.
Il en ressort que l'exposition à un rationnement en sucres durant les 1 000 premiers jours de vie était associée à des risques cardiovasculaires plus faibles à l'âge adulte. Ainsi, le risque de présenter une maladie cardiovasculaire était diminué de 20% chez les personnes ayant subi le rationnement ; celui d’infarctus du myocarde de 25% ; celui d’insuffisance cardiaque de 26% ; celui de fibrillation auriculaire de 24% ; et celui d’AVC de 31%. En outre, la mortalité cardiovasculaire était aussi réduite de 27%.
Concernant le diabète et l’hypertension, les auteurs ont calculé que le rationnement en sucres constituait environ 31 % de l’effet protecteur, alors que le poids de naissance avait un impact beaucoup plus faible (2,2%).
De plus, cette association s'est également traduite par un retard d'apparition des maladies. « Par exemple, les participants exposés à un rationnement du sucre in utero et pendant les un à deux ans suivants ont développé une maladie cardiovasculaire environ 2,53 ans plus tard que les participants non exposés » décrivent les scientifiques.
Et sur le plan des paramètres cardiaques, ils ont aussi mis en évidence que le rationnement en sucres était associé à une légère augmentation de la fraction d’éjection du ventricule gauche et de de l'index de volume d'éjection systolique du ventricule gauche.
« Ensemble, ces résultats soulignent les bénéfices cardiovasculaires durables d'une exposition limitée au sucre pendant les 1 000 premiers jours suivant la conception » concluent les auteurs.
Références :
d’après Jiazhen Z. et al. BMJ (22 octobre)
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