
L'accord mondial sur les pandémies enfin adopté
Après plus de trois ans de travail et de négociations, les Etats membres de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), réunis en séance plénière ce mardi 20 mai, ont enfin adopté l'accord sur les pandémies.

Comme le souligne l’OMS dans un communiqué, il s’agit d’un "pacte mondial historique pour rendre le monde plus sûr face aux futures pandémies", une première. L’objectif affiché est aussi de "combler les lacunes et les inégalités en matière de prévention, de préparation et de riposte face aux pandémies".
Cet accord est basé sur une plus grande collaboration de tous les acteurs du monde de la santé : pays, organisations internationales comme l’OMS, société civile, secteur privé et autres parties prenantes.
Un succès après des négociations souvent difficiles et sur le fil du rasoir, dans un contexte de coupes drastiques dans le budget de l'OMS, pourtant confrontée à des crises toujours plus nombreuses. "Au fond, ce qu'il y a derrière cet accord, c'est cette volonté d'avoir des mécanismes d'alerte, partagés, transparents, plus efficaces que ce que nous avons connu lors du Covid, et c'est de réconcilier les concepts d'efficacité et d'équité", a relevé le président français, Emmanuel Macron, dans un message vidéo.
"Les gouvernements du monde entier font en sorte que leur pays et notre communauté mondiale interconnectée soient plus équitables, plus sains et plus sûrs face aux menaces posées par les agents pathogènes et les virus à potentiel pandémique", a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé. "Les coûts du Covid sur les vies, les moyens de subsistance et les économies ont été considérables et nombreux, et nous, en tant qu’États souverains, avons décidé de nous réunir, comme un seul monde, afin de protéger nos enfants, nos aînés, nos agentes et agents de santé travaillant en première ligne et tous les autres contre la prochaine pandémie. C’est notre devoir et notre responsabilité envers l’humanité", a ajouté la Dre Esperance Luvindao, ministre de la Santé et des Services sociaux de la Namibie, et présidente de la Commission A de l'Assemblée mondiale de la santé.
Les Etats-Unis en opposition
Les Etats-Unis, grand absent des négociations ces derniers mois après la décision de Donald Trump de se retirer de l'OMS, n'avaient pas dépêché de délégué à l'Assemblée mondiale de la santé. Mais dans un message vidéo, le ministre américain de la Santé, Robert Kennedy Jr, a affirmé que l'accord "englobera tous les dysfonctionnements de la réponse de l'OMS à la pandémie" de Covid-19, et a exhorté les autres pays à "envisager de rejoindre" les Etats-Unis en dehors de l'OMS.
Pendant les trois années de négociations, l'accord a été vivement combattu par ceux qui estiment qu'il va limiter la souveraineté des Etats. En 2023 déjà, le milliardaire Elon Musk, avait ainsi appelé les pays à "ne pas céder leur autorité" face au projet d'accord international visant à lutter contre les pandémies. L'OMS l'avait alors accusé de propager des "fake news".
Accès équitable aux traitements
Un des objectifs du texte est de garantir un accès équitable aux traitements préventifs et curatifs en cas de pandémie, avec une implication des laboratoires qui "joueront un rôle clé dans l’accès équitable et en temps opportun aux produits de santé liés aux pandémies", assure l’OMS. Le texte prévoit en effet que les firmes accordent à l’OMS "un accès rapide à un pourcentage visé de 20% de sa production en temps réel de vaccins, de traitements et de produits de diagnostic sûrs, de qualité et efficaces visant l’agent pathogène responsable de l’urgence due à une pandémie".
Processus de ratification
Plusieurs étapes sont désormais prévues pour la mise en œuvre de cet accord. Et tout d’abord l’établissement d’un "système d’accès aux agents pathogènes et de partage des avantages découlant de leur utilisation" (système Pabs), qui devrait être examiné à l’Assemblée mondiale de la santé en 2026. Ce n’est qu’ensuite que l'accord de l’OMS sur les pandémies sera ouvert à la signature et à l’examen en vue d’une ratification, y compris par les organes législatifs nationaux. "Après 60 ratifications, l'accord entrera en vigueur", précise l’OMS.
Références :
D’après l’OMS (20 mai) , avec AFP
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