loupe

Origines du Covid : un rapport de l'Académie de médecine suscite la polémique

Un rapport sur les origines du Covid publié mercredi 2 avril par l'Académie de médecine suscite la polémique. Deux pistes sont évoquées dans le document : celle de l'origine naturelle opposée à celle d'un accident de laboratoire à Wuhan, en Chine. Le rapport semble pencher en faveur de la seconde hypothèse pour laquelle "il y a plus d'arguments" selon les académiciens. Une position jugée "indigne" par des scientifiques.  

03/04/2025 Par Sandy Bonin
COVID Infectiologie
loupe

"On risque de ne jamais connaître l'origine de la pandémie [du Covid]", admet l'Académie dans un rapport publié ce mercredi. Cinq ans plus tard, l’hypothèse de l'origine naturelle est opposée à celle d'un virus manipulé dans un laboratoire à Wuhan, en Chine, point de départ de la pandémie.

"Connaître l’histoire de la pandémie permet une analyse des risques. Les risques zoonotiques restent majeurs et persistent voire augmentent ; il est donc nécessaire d’établir des recommandations en matière de surveillance épidémiologique", estime le rapport, ajoutant que "les risques liés aux manipulations génétiques de virus sont également croissants". L'Académie plaide donc pour une sensibilisation des chercheurs "face aux risques d’accidents/incidents de laboratoire". 

Si l'Académie de médecine n'apporte pas de nouveaux éléments sur les potentielles origines du Covid, elle synthétise celles déjà connues et semble pencher en faveur de la manipulation du virus en laboratoire. Cette hypothèse est, selon l'institution, "soutenue par un faisceau de faits et d'arguments". L'Académie n'emploie pas ces termes pour l'hypothèse naturelle, se contentant de souligner qu'il n'y pas d'élément permettant de conclure définitivement en sa faveur, pointe l'AFP.

Ce déséquilibre apparaît aussi dans les recommandations formulées par l'Académie. Si certaines visent à mieux surveiller l'émergence de pathogènes dangereux chez les animaux, l'institution insiste bien plus longuement sur la nécessité de mieux encadrer les recherches en laboratoire. Implicite dans le rapport, la préférence pour la thèse du laboratoire a été plus ouvertement assumée par les auteurs du rapport lors d'une conférence de presse mercredi.

"Effectivement, il y a plus d'arguments" pour cette thèse, a déclaré la virologue Christine Rouzioux, professeure émérite en virologie à l'hôpital Necker, tout en assurant qu'il ne fallait pas y voir une "prise de position" en faveur de l'hypothèse du laboratoire.

Le rapport a néanmoins suscité un vif rejet chez des scientifiques favorables à l'hypothèse de l'origine naturelle, telle la chercheuse du CNRS Florence Débarre, qui a supervisé l'étude évoquant les chiens viverrins [des petits carnivores connus aussi sous le nom japonais de tanuki qui ont pu servir d'intermédiaire entre la chauve-souris et l'humain]. "Ce rapport est indigent scientifiquement", a-t-elle jugé dans une réaction à l'AFP et d'autres médias, l'estimant proche du "propos de comptoir complotiste" et "indigne de l'institution qui le publie". Elle dit avoir décelé des erreurs factuelles et juge que certaines affirmations viennent d'articles de presse mal étayés, notamment sur l'existence de failles de sécurité dans le laboratoire de Wuhan.

Rejetant ces accusations, les auteurs du rapport ont préféré insister sur les recommandations développées dans le document. "Les deux hypothèses nous permettent d'émettre un double jeu de recommandations", a pointé Christine Rouzioux. 

La coordination de la surveillance des émergences est donc une priorité pour l'Académie de médecine, qui souhaite renforcer les différents réseaux de surveillance existants en leur donnant des moyens financiers et humains.

L'Académie recommande également "de définir un cadre et des limites, du fait de manipulations à risque" en laboratoires et de "responsabiliser les équipes de recherche sur les risques inhérents à leurs travaux". Elle préconise la mise en place d’un comité éthique et scientifique dédié, au sein de chaque institution. Dans chaque laboratoire, un guide des bonnes pratiques doit inclure les procédures adaptées afin de renforcer les règles de biosécurité et de bioprotection. Elle appelle à "créer des conditions incitant, voire obligeant, à déclarer des incidents/accidents de laboratoires à risque pour la santé humaine".

[Avec AFP] 

Comptez vous fermer vos cabinets entre le 5 et le 15 janvier?

Claire FAUCHERY

Claire FAUCHERY

Oui

Oui et il nous faut un mouvement fort, restons unis pour l'avenir de la profession, le devenir des plus jeunes qui ne s'installero... Lire plus

Photo de profil de MICHAEL FINAUD
4,1 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 8 mois
Il est hautement instructif de constater que dans la prestigieuse Académie Nationale de Médecine, le temple sacré de la Médecine Française , il n'y ait pas de consensus sur les hypothèses. Pour mémoire cette Académie est dirigée par une psychiatre spécialiste de l'autisme, on y trouve deux clans, le clan des Pastoriens et très proches de l'ex-conseil scientifique sous influence des firmes qui plaide pour une hypothèse naturelle et un clan plus indépendant qui va vers l'hypothèse considérée par certains comme complotiste qui est favorable à la fuite de laboratoire, il est difficile d'y voir clair, mais l'Académie Nationale de Médecine devrait tenter de se séparer de ses convergences systémiques d'intérêt, ce serait utile pour la sience.
Photo de profil de Olaf van Ditzhuyzen
43 points
Pédiatrie
il y a 8 mois
L'intervention de la chercheuse du CNRS Florence Débarre est intéressante. Le problème c'est qu'elle en dit trop ou trop peu. Il y aurait selon elle des erreurs factuelles dans le rapport de l'académie de Médecine. Lesquels ? Des chiens viverains auraient pu être des intermédiaires entre la chauve souris et l'homme. Existe t'il des arguments sérieux pour soutenir cette thèse ? Si oui lesquels ? En ce qui concerne la sécurité du laboratoire P4 de Wuhan, il est établi que les enquêteurs internationaux ont été empêchés d'avoir accès aux données pertinentes. Si les autorités chinoises avaient quelque chose à cacher ils ne s'y seraient pas pris autrement.
Photo de profil de JACQUES R
3 k points
Débatteur Passionné
Biologie médicale
il y a 8 mois
C'est sur qu'il est bien plausible que ces chiens vivérins ont servi d'intermédiaire entre les chauves souris de l'ouest chinois du côté du Vietnam et du Laos et le marché de Wuhan comme par hasard à coté de l'institut de virologie où ils faisaient des expériences de gain de fonction. Ils sont pervers ces chiens, ils auraient pu faire ça à Pékin ou Changai mais non. Pour ma part j'ai toujours trouvé C. Rouzioux plutôt fiable et raisonnable.
 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Pédiatrie
Moins de médecins, moins de moyens, mais toujours plus de besoins : le cri d'alerte des professionnels de la...
06/11/2025
14
Concours pluripro
CPTS
Les CPTS renommées "communauté France santé" : Stéphanie Rist explique l'enjeu
07/11/2025
12
Podcast Histoire
"Elle était disposée à marcher sur le corps de ceux qui auraient voulu lui barrer la route" : le combat de la...
20/10/2025
0
Portrait Portrait
"La médecine, ça a été mon étoile du berger" : violentée par son père, la Pre Céline Gréco se bat pour les...
03/10/2025
6
Reportage Hôpital
"A l'hôpital, on n'a plus de lieux fédérateurs" : à Paris, une soirée pour renouer avec l'esprit de la salle...
14/10/2025
8
La Revue du Praticien
Diabétologie
HbA1c : attention aux pièges !
06/12/2024
2