Symptômes dépressifs des patients souffrant d’une maladie chronique : un soutien via smartphone peut être utile

25/05/2021 Par Pr Philippe Chanson
Médecine interne
La dépression est un contributeur majeur du « fardeau » supporté par les patients atteints de maladies chroniques en général. Compte-tenu d’une relative absence de prise en charge de ces problèmes dans les pays pauvres ou dans les pays à revenus intermédiaires, il a été imaginé de recourir à des interventions numériques en santé mentale mais dont on connaît mal leur efficacité dans ces pays.

Ceci a justifié la mise en place d’une étude randomisée dans 20 sites à Sao Paulo, au Brésil, auprès de 880 patients entre septembre 2016 et septembre 2017, et dans 7 sites à Lima, au Pérou, auprès de 432 patients entre janvier 2017 et septembre 2017. Des patients ayant un score de dépression significatif (Patient Health Questionnaire-9 [PHQ-9] ≥ 10) et traités pour hypertension ou diabète ont eu une intervention digitale à 18 reprises sur 6 semaines grâce à un smartphone qui leur était fourni, ces interventions digitales étant basées sur des principes d’activation comportementale avec le soutien d’infirmières (n = 440 participants dans 10 clusters à Sao Paulo et pour 217 participants à Lima) en comparaison d’une prise en charge habituelle (n = 440 participants dans 10 clusters à Sao Paulo et 115 participants à Lima). Le critère d’évaluation principal était la réduction d’au moins 50 % du score PHQ-9 à 3 mois.  

Sur 880 patients randomisés au Brésil, de 56 ans d’âge moyen, et dont 86.6 % étaient des femmes et sur 432 patients randomisés au Pérou, d’âge moyen 59.7 ans et dont 81.5 % (soit 352) étaient des femmes, 807 (91.7 %) au Brésil et 426 (88.6 %) au Pérou ont eu au moins une évaluation de suivi. La proportion des participants qui, à Sao Paulo, réduisaient leur score PHQ-9 d’au moins 50 % à 3 mois de suivi, était de 40.7 % dans le groupe « intervention digitale » et de 28.6 % dans le groupe « prise en charge habituelle », donnant une différence de 12.1 points de pourcentage (IC 95 % = 5.5 à 18.7), soit un odds ratio ajusté à 1.6 (1.2 à 2.2 ; p = 0.001). A Lima, la proportion des participants avec une réduction du score PHQ-9 d’au moins 50 % à 3 mois de suivi était de 52.7 % dans le groupe « digital » et de 34 % dans le groupe « prise en charge habituelle », donnant une différence de 18.6 points de pourcentage (9.1 à 28 ; odds ratio ajusté = 2.1 ; 1.4 à 3.4 ; p < 0.001). A 6 mois de suivi, les différences entre les groupes n’étaient plus statistiquement significatives.  

Dans ces deux essais randomisés, contrôlés, de patients hypertendus ou diabétiques et présentant des symptômes dépressifs, au Brésil et au Pérou, une intervention digitale faite sur une période de 6 semaines, améliore de manière significative les symptômes dépressifs à 3 mois lorsqu’elle est comparée avec une prise en charge habituelle. Toutefois, l’amplitude de cet effet est faible et les effets ne sont pas maintenus à 6 mois.  

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