Pour cela, ils ont réalisé une étude d’observation et utilisé des données prospectives poolées provenant de 2 études de cohortes finlandaises, la Health and Social Support Study et la Finnish Public Sector Study comprenant 114 657 adultes âgés de 16 à 78 ans à l’entrée dans l’étude en 1998-2013. Une cohorte de 499 357 adultes, âgés de 38 à 73 ans à l’entrée dans l’étude en 2006-2010, provenant de la UK Biobank a servi de cohorte de réplication dans une population indépendante. L’IMC et les caractéristiques cliniques étaient évalués au début de l’étude par l’intermédiaire de liens avec les données nationales de santé des différents pays. Les participants ont été suivis jusqu’au décès ou la survenue de pathologies. La durée moyenne de suivi était de 12.1 ± 3.8 années dans les cohortes finlandaises et de 11.8 ± 1.7 années dans la cohorte britannique. L’obésité était associée à 21 pathologies cardio-métaboliques, digestives, respiratoires, neurologiques, musculo-squelettiques et infectieuses après ajustement et en ne gardant que les hazard ratios > 1.5. En comparaison avec des sujets de poids normal, le hazard ratio ajusté de développer au moins une maladie liée à l’obésité était de 2.83 (2.74 – 2.93) avec une fraction attribuable dans la population de 19.9 % (19.3 – 20.5) en cas d’obésité. Toujours pour l’obésité, le HR pour en développer deux était de 5.17 (4.84 – 5.53) ; fraction attribuable de 34.4 % (33.2 – 35.5), et de 12.39 (9.26 – 16.58) ; fraction attribuable de 55.2 % (50.9 – 57.5) pour la survenue d’une multi-morbidité complexe (≥ 4 maladies indépendantes). La proportion des participants ayant une multi-morbidité complexe était la même à l’âge de 75 ans chez les sujets de poids normal et à l’âge de 55 ans chez les participants ayant une obésité et le degré d’obésité était associé à une multi-morbidité complexe de manière dose-réponse. En comparaison avec l’obésité, les associations entre le surpoids et les multi-morbidités complexes étaient plus modestes (HR = 2.67 ; 1.94 – 3.68 ; fraction attribuable dans la population 13.3 % ; 9.6 – 16.3). Des résultats comparables étaient observés dans la cohorte UK Biobank. En conclusion, l’obésité est associée à plusieurs conséquences en termes de morbidité et pourrait représenter une cible majeure pour la prévention des multi-morbidités évitant la complexité des mesures préventives avec de multiples cibles. Du fait de l’accumulation de maladies disparates, les multi-morbidités complexes présentent en effet une cible difficile à prévenir si chaque maladie est ciblée de manière séparée dans la mesure où l’obésité expose à une aggravation progressive des charges entraînées par ces multi-morbidités hétérogènes. Viser l’obésité est probablement une cible plus simple pour prévenir les multi-morbidités complexes que de s’intéresser à la prévention de chacune de ces cibles de manière individuelle. Bien évidemment, tout ceci nécessite des modifications profondes du style de vie.
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