Mort subite : de nouvelles données épidémiologiques et thérapeutiques
"Même s’il est largement démontré que la pratique du sport est associée à une réduction de l’incidence des maladies cardiovasculaires (CV), les efforts les plus intenses de résistance peuvent néanmoins comporter un certain risque CV et notamment de mort subite", a précisé la Dre Orianne Weizman, cardiologue à l’hôpital Ambroise Paré, Boulogne-Billancourt. Escape-NET est une étude issue de la collaboration européenne de plusieurs centres experts qui a combiné les données de trois registres nationaux d’arrêts cardiaques en France, aux Pays-Bas et en Suède. La mort subite était ici définie comme associée au sport si elle survenait pendant ou dans l’heure suivant l’arrêt de l’activité physique. L’incidence de la mort subite au cours du sport chez la femme a été estimée à 0,19 cas par million de femmes par an contre 2,63 par million d’hommes par an, soit un risque 13 fois inférieur. En extrapolant, on compterait moins de 100 cas de mort subite au cours du sport dans toute l’Europe chez les femmes par an, pour environ 1 300 cas par an en population masculine. "Ce risque moindre ne s’explique ni par les antécédents ni par le profil des femmes qui présentent un âge moyen similaire et une cardiopathie préexistante dans les mêmes proportions que les hommes. Seul le degré d’intensité de l’effort diffère, la mort subite survenant plus souvent au décours d’un effort très intense chez les hommes (95,8 %)", a expliqué la Dre Weizman.
En ce qui concerne la prise en charge extrahospitalière, pas de différence non plus : autant de témoins, de réanimations cardiopulmonaires initiées, des délais de prise en charge par le Samu ou de défibrillation similaires. "On notait pourtant plus de rythmes non choquables chez les femmes de manière significative (40,7 % vs 19,1 % chez les hommes)", a observé la cardiologue. Dans la grande majorité des cas, la cause de la mort subite au cours du sport était étiquetée comme inconnue ou idiopathique, tout sexe confondu. Les causes les plus fréquentes identifiées étaient l’infarctus du myocarde, les cardiomyopathies et les pathologies du ryhtme. Enfin, le pronostic à l’admission et à 1 mois après l’événement était plutôt bon comparé aux autres contextes d’arrêt cardiaque, sans différence entre les deux sexes.
DSC des résultats rassurants
"Le défibrillateur sous-cutané (DSC) fait partie intégrante de la stratégie de prévention de la mort subite. Il a été développé pour éviter les complications engendrées par le défibrillateur endocavitaire tout en traitant avec la même efficacité les arythmies ventriculaires", a rappelé le Dr David Perrot, cardiologue à l’hôpital Européen Georges-Pompidou, Paris. Or des données suggèrent certains problèmes sur le long terme. Ainsi, "de précédentes études montrent plus de 20% de risque de défaillance de sonde intravasculaire pour le défibrillateur transveineux après 10 ans", ajoute le Dr Perrot. C’est pourquoi la cohorte Honest a été montée. C’est "la première évaluation exhaustive, à l’échelle nationale, du DSC". Il s’agit d’une cohorte observationnelle rétrospective, avec un suivi prospectif des patients, ayant inclus 4 926 patients, soit 97,6% des patients ayant bénéficié de l’implantation d’un DSC en France entre 2012 et 2019. 150 hôpitaux et cliniques ont participé à l’étude.
Les auteurs montrent une évolution profonde dans les caractéristiques des patients entre le début de l’expérience et la pratique récente, avec une augmentation de l’âge des patients, une augmentation de la part de l’implantation en prévention primaire et des cardiopathies structurelles. Durant le suivi, on note 408 (8,3%) patients présentant au moins un choc approprié. L’incidence de chocs appropriés à 1 an a été mesurée à 5,3% et 9,3% à 2 ans. Les facteurs indépendamment associés à un risque accru de chocs appropriés étaient le sexe masculin, l’implantation en prévention secondaire, une cardiopathie structurelle plutôt qu’électrique, et une altération de la FEVG.
528 (10,7%) patients ont présenté au moins une complication, avec une incidence de 7,6% à 1 an et 11,1% à 2 ans. Parmi ces patients, 365 (7,4%) ont présenté un ou plusieurs chocs inappropriés, avec une incidence cumulée de 6,2% à 1 an et 10,1% à 2 ans. Les facteurs prédictifs de thérapie inappropriée étaient un âge jeune et le sexe masculin. Le mécanisme principalement en cause pour ces chocs inappropriés était la sur-détection (81%). A noter que sur les critères secondaires, 201 (4,1%) décès sont survenus durant le suivi, la moitié de cause cardiovasculaire. Deux décès étaient directement imputables au DSC. Pour les auteurs, ces résultats confirment une balance bénéfice-risque favorable pour le DSC, avec peu de complications, celles-ci semblant diminuer au cours du temps.
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