HTA et dysfonction sexuelle : un problème fréquent

18/05/2021 Par Corinne Tutin
Cardio-vasculaire HTA
Le changement d’anti-hypertenseur ou l’addition d’un inhibiteur de PDE5 peut améliorer la dysfonction érectile.

Les cliniciens s’intéressent de plus en plus aux relations entre HTA et dysfonction sexuelle et ce sujet a fait l’objet d’un article de position de l’ESH en 2020, a rappelé le Pr Charalambos Vlachopoulos (Hôpital Hippocrate d’Athènes)*. Les nouvelles techniques d’imagerie reposant sur les radionucléides ont confirmé que l’athérosclérose des artères péniennes peut être une source de dysfonction érectile, qui précède l’apparition des lésions coronaires dont le calibre est plus grand. « Les inhibiteurs de type 5 de la phosphodiestérase ont un intérêt non seulement pour traiter ce trouble sexuel mais plus généralement pour améliorer la prise en charge de la maladie vasculaire », a ajouté ce spécialiste grec. Du reste, une étude rétrospective conduite chez les hommes avec un angor stable a montré que les inhibiteurs de la PDE5 réduisent le risque de décès, d’infarctus du myocarde et de geste de revascularisation plus efficacement que l’alprostadil, une prostaglandine E1 utilisée pour améliorer les troubles de l’érection. Selon les études, la prévalence de la dysfonction érectile est de 20 % à 70 % chez les patients avec une HTA essentielle, a indiqué le Pr Konstantinos Imprialos (Université Aristote de Thessalonique). Ce qui pourrait correspondre à un taux doublé par rapport aux normotendus. En cas d’HTA, la dysfonction sexuelle est aussi plus sévère. « Mais, il est souvent difficile de déterminer si le trouble sexuel est lié à la maladie ou aux médicaments, HTA et dysfonction érectile partageant des mécanismes communs comme dysfonction endothéliale, inflammation infraclinique et athérosclérose, a expliqué le Pr Dimitrios Terentes-Printzios (Hôpital Hippocrate, Athènes). Les hypertensiologues admettent cependant  qu’une dysfonction sexuelle peut être déclenchée ou aggravée par la prise de diurétiques thiazidiques ou thiazidiques like, de l’anse, épargneurs du potassium, de bêta-bloquants traditionnels ou d’antihypertenseurs à action centrale (clonidine), tandis que les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC), les inhibiteurs calciques et les bêta-bloquants à effet vasodilatateur comme le nébivolol et les alpha-bloquants et les inhibiteurs des récepteurs de l’angiotensine II ont des effets neutres ou même éventuellement bénéfiques. Une étude ayant comparé le valsartan avec le carvédilol a décrit une amélioration de la fonction sexuelle par rapport à l’état initial sous valsartan, tandis qu’au contraire une détérioration a été constatée sous carvédilol.  D’autres études ont rapporté des effets positifs sur la sexualité d’autres sartans comme le losartan, parfois en association avec un inhibiteur calcique.  L’administration de diurétiques thiazidiques est associée à une incidence de 4 à 32 % de dysfonction érectile, a mentionné le Pr Terentes-Printzios, sans que l’on comprenne bien le mécanisme. Dans ce cas, on pourra changer le médicament thiazidique pour l’indapamide. En cas d’utilisation d’un inhibiteur de l’aldostérone, on privilégiera un médicament non minéralocorticoïde. En cas de trouble érectile sous bêta-bloquant, on pourra opter pour le nébivolol, un bêta-bloquant préservant mieux la sexualité, ainsi que l’ont attesté des études randomisées, et qui stimule la production de monoxyde d’azote endothélial, ce qui pourrait favoriser la relaxation endothélium-dépendante du corps caverneux.  Il faut aussi conseiller au patient, notamment en l’absence d’alternative thérapeutique,  d’adopter une vie plus saine (arrêt du tabac, pratique d’une activité physique). Par ailleurs, pour améliorer le trouble sexuel, on renforcera la prise en charge (glycémie, lipides) et on conseillera le patient sur le plan sexuel. Un inhibiteur de PDE5 peut aussi être ajouté, en l’absence de contre-indication. Le patient devra, quoi qu’il en soit, être bien évalué et suivi sur le plan cardiovasculaire car la présence d’une dysfonction sexuelle est un facteur indépendant d’infarctus du myocarde, d’événement cérébrovasculaire et de mortalité globale dans une proportion respective de 62%, 39% et 25 %.

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