Gare aux médicaments néphrotoxiques !

21/10/2021 Par Roxane Goulam
Pharmacologie
[JNMG 2021] L’insuffisance rénale appelle à une prudence dans l’exercice médical au quotidien. Or de nombreux médicaments sont pourvoyeurs d’effets indésirables sur le plan rénal. Alors comment prescrire avec vigilance pour éviter au mieux les complications ? 

Lors d’une session des Journées Nationales de Médecine Générale (JNMG, Paris La Défense, 30 septembre-1er octobre 2021), le Pr Corinne Isnard Bagnis (hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris) a fait un tour d’horizon du potentiel néphrotoxique de quelques molécules couramment prescrites. 

 

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens 

Disponibles sans ordonnance pour certains, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont particulièrement inducteurs de dérèglements au niveau de la physiologie rénale. Ils entraînent entre autres une rétention hydrosodée, avec des poussées tensionnelles parfois associées à des complications cardio-vasculaires. Encadrer la prescription et la limiter dans le temps est donc primordial. Le Pr Isnard Bagnis rappelle que l’acide acétylsalicylique à faible dose à visée antiagrégante n’est pas néphrotoxique, il ne faut donc surtout pas l’arrêter ! 

 

La fluindione 

Alors que de nombreux pays prescrivent davantage d’autres anti-vitamines K, comme la warfarine, en France, c’est la fluindione qui reste plus largement plébiscitée. Attention toutefois au risque de néphropathies immuno-allergiques induites. En cas d’apparition de ce type d’atteintes, il faudra procéder à un relais de traitement et ne pas hésiter à faire pratiquer une biopsie rénale. Des corticoïdes à faible dose et sur courte durée pourront être administrés pour éviter toute cicatrisation rénale sous forme de fibrose. 

 

Les inhibiteurs de la pompe à protons 

Des études épidémiologiques et toxicologiques alertent quant à un possible lien entre inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) et toxicité rénale. Bien que ces données doivent être renforcées, en cas de doute sur une néphrotoxicité, il convient de rediscuter la prescription des patients sous IPP au long cours, d’en réévaluer le caractère indispensable et éventuellement de passer à une autre classe médicamenteuse. 

 

Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion et les sartans 

Ces médicaments ne sont pas à proprement parler néphrotoxiques, mais la survenue d’évènements intercurrents en cours de traitement, comme des diarrhées ou une hypotension, pourraient conduire à une insuffisance rénale aigüe et justifier un arrêt du traitement. Il faut donc informer le patient de ces risques, afin qu’il pense à consulter le cas échéant. 

 

Les antibactériens 

Enfin, il faut garder à l’esprit que nombre d’agents anti-infectieux peuvent causer une insuffisance rénale. 

Faut-il octroyer plus d'autonomie aux infirmières ?

Angélique  Zecchi-Cabanes

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