Sans surprise, comme l’explique le Pr Xavier Moisset, neurologue à Clermont-Ferrand, l’actualité des céphalées est dominée le Covid avec pas moins de 14% de la littérature sur ce sujet depuis 2020.
Les données les plus récentes précisent le poids majeur et la persistance de ce symptôme. Après six mois de pandémie, les études estimaient la prévalence des céphalées dans le Covid à 14,7% (données essentiellement chinoises). Mais après 18 mois de pandémie, une revue systématique de la littérature a réévalué la prévalence globale des céphalées à 47,1%. Le Pr Morisset souligne que "la prévalence des céphalées est donc différente selon le fond génétique" et indique "qu’elles sont plus fréquentes dans les formes non graves (environ 60%) et de plus, six mois après l’infection, on constate encore 8% de céphalées".
Mais est-ce vraiment une nouveauté ? Pas vraiment, le spécialiste rappelle que "lors de la pandémie de 1889-1890 appelée grippe russe ou grippe asiatique, dont on soupçonne l’imputabilité à un coronavirus, on décrivait déjà des neurasthénies et des céphalées persistantes". Malheureusement à l’heure actuelle, le problème réside dans l’absence de traitement spécifique (1, 2).
Migraine avec aura : facteur de risque vasculaire
Le Pr Moisset rapporte deux études prospectives, dont la première a évalué 347 patients avec un AVC cryptogénique comparativement à un groupe témoin apparié exempt d’AVC. Le facteur évalué était la présence de migraine avec ou sans aura. Les résultats ont montré une augmentation par un facteur 3,5 des cas d’AVC dans le groupe de patients ayant des migraines avec aura. "Si on considère la valeur liée à la présence de migraine qui est de 2,48, on a l’impression que la migraine de façon générale augmente le risque d’AVC mais c’est seulement celles avec aura, celles sans aura ne conduisant pas à un sur-risque." Avec cette étude, la migraine avec aura devient facteur de risque vasculaire (3).
Une autre étude qui a suivi de 27.858 femmes qui avait plus de 45 ans à l’inclusion pendant 22 ans montre que le risque d’événements cardio-vasculaires est augmenté de 58% chez les patients ayant une migraine avec aura (4). Le Pr Moisset souligne que "la migraine avec aura est un facteur de risque plus important que l’obésité et que l’hypertension".
Des études ont par ailleurs été réalisées afin de déterminer si la migraine pouvait être d’origine génétique. Ainsi, des gènes potentiels ont...
été recherchés chez 2.200 sujets migraineux (famille de migraineux ou migraineux isolés) afin de tenter de trouver une association entre gènes et migraine chronique. Les résultats n’ont pas permis d’identifier de facteurs génétiques mais plutôt un contexte environnemental (5).
Des précisions sur consommation d’alcool et céphalées
Le lien de causalité entre consommation d’alcool et céphalée n’est plus à démontrer. Le Pr Moisset rappelle que selon l’ICHD (International Classification of Headache Disorders) la céphalée retardée induite par l’alcool se développe dans les 5 à 12h après l’ingestion, disparaît dans les 72h et possède au moins 1 des 3 caractéristiques suivantes : céphalée bilatérale, et/ou pulsatile, et/ou aggravée par l’activité physique.
Le neurologue rapporte une étude réalisée par l’Université de Valladolid sur une période de deux semaines en janvier 2018 afin de mieux caractériser le phénotype de ce type de céphalées en termes de durée et de type de douleur selon les critères de l’ICHD. Un mail par semaine a été envoyé à tous les membres de l’Université avec un lien pour compléter un questionnaire en ligne en cas de céphalées post-consommation d’alcool. Sur les 13.535 membres de l’Université, 1.108 ont répondu aux questionnaires. La consommation d’alcool a été en moyenne de 158g (1/2 litre d’alcool à 40° ou 165 cc de vin ou 4 litres de bière à 5°). Les résultats confirment les caractéristiques ICHD de ces céphalées. Ainsi, la durée moyenne des céphalées a été de 6,7h ; et elle était corrélée à la quantité d'alcool consommée. La douleur était à prédominance frontale (43%), d’intensité à 6 ou 7 sur 10, et décrite comme à type de pression (60%) ou pulsatile (39 %), et aggravée par l’activité physique chez 83% des participants (6).
De plus, la céphalée retardée induite par l’alcool combine les caractéristiques de la migraine dans 36% des cas et des céphalées à faible pression du LCR dans 58%, montrant bien que le mécanisme est complexe, et que la déshydration induite par l’alcool n’explique pas entièrement les céphalées.
Enfin, des données concernant le lien entre AVC et céphalées ont montré que plus de 80% des céphalées persistantes apparaissaient dès le jour de l’ischémie et qu’elles étaient plus fréquentes chez les femmes, et en cas d’atteinte de la circulation postérieure. Le Pr Moisset insiste également sur le fait que 5 à 20% des céphalées persistent à 3 mois (7).
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