Cette pratique, peu répandue parmi les jeunes générations, était plus commune auparavant. Elle était destinée à absorber humidité et odeurs, le talc étant déposé soit directement sur les parties génitales, soit sur un sous-vêtement, un tampon ou un diaphragme. L’inquiétude est née il y a près de 50 ans du fait d’une proximité dans la nature entre les minerais servant à fabriquer le talc et l'amiante. Certaines études ont, par ailleurs, mis en évidence un risque augmenté de cancer des ovaires chez les utilisatrices de talc. Cependant elles étaient peu nombreuses et de faible poids statistique, du fait, en particulier que le cancer des ovaires reste peu fréquent (risque de 1,3% sur la vie entière). En outre, des actions judicaires ont été menées, notamment vis-à-vis de Johnson & Johnson, producteur de talc. C’est pourquoi l’étude qui vient de paraitre dans le Jama est fondamentale, mettant un point final à cette question. Il s’agit en effet de la plus grande analyse jamais réalisée à ce jour sur ce sujet. Elle a rassemblé, via 4 grandes études de cohortes menées aux Etats-Unis entre 1982 et 2017 (Nurses’ Health Study, Nurses’ Health Study II, Sister Study, and Women’s Health Initiative Observational Study), 250.000 femmes suivies pendant une médiane de 11 ans. 38% d’entre elles ont rapporté utiliser ou avoir utilisé du talc sur les parties génitales : 10% sur du long terme et 22% en usage fréquent. Au cours de la période de suivi, près de 2.200 cancers ovariens ont été recensés. Après analyse, les auteurs ont conclu qu’ « il n'y a pas d'association statistique significative entre l'utilisation déclarée de talc sur les parties génitales et le risque de cancer des ovaires ». Et ce, quelles que soient la fréquence et la durée de l’utilisation du talc. « C'est une étude bien menée », a commenté Iain McNeish, directeur du centre de recherche sur le cancer des ovaires à l'Imperial College London. Il s’agit cependant d’une étude d’observation, qui ne permet donc pas de conclure sur un lien de cause à effet, mais seulement sur l'absence ou la présence de liens statistiques. « Il reste une incertitude sur l'existence d'une telle association », a écrit Kevin McConway, professeur de statistiques appliquées à The Open University. Si le lien entre talc et cancer existait vraiment, ajoute-t-il, « l'augmentation du risque serait probablement faible ». Aux Etats-Unis, le groupe Johnson & Johnson se défend depuis des années contre des milliers de plaintes contre ses produits talqués, accusés d'être cancérigènes. Il a par exemple été condamné en 2018 à payer 4,7 milliards de dollars à 22 femmes, un verdict contesté en appel. En octobre, la firme a rappelé un lot de talc pour bébé après que des inspections sanitaires ont découvert des traces d'amiante.
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