Cancer du sein : des particularités chez la femme jeune

25/09/2019 Par Marielle Ammouche
Cancérologie

Sur les 60 00 femmes touchées chaque année par un cancer du sein, près de 3 000 ont moins de 40 ans, ce qui représente 5% des cas. A la veille d’Octobre rose, mois de dépistage du cancer du sein, l’Institut Curie a souhaité attitrer l’attention sur cette catégorie de patientes, qui ne sont pas ciblées par le dépistage organisé. Même si le risque de cancer du sein chez la femme jeune est faible, la réalité d’une tumeur maligne est souvent méconnue que ce soit par les femmes elles-mêmes, qui banalisent la découverte d’une masse mammaire à cet âge, mais aussi par les professionnels de santé. Un retard au diagnostic est alors souvent constaté. « Si les tumeurs bénignes sont les anomalies mammaires les plus fréquentes chez la femme jeune, le cancer du sein existe aussi avant 40 ans. Il faut donc être vigilant face à toute anomalie survenant au niveau des seins, quel que soit l’âge », souligne le Dr Florence Coussy, gynéco-oncologue à l’Institut Curie. Des facteurs hormonaux à connaitre Des facteurs héréditaires bien connus (mutations du gène BRCA, en particulier) peuvent être à l’origine de ce type de cancer. Mais, en dehors de ces facteurs génétiques, les causes hormonales arrivent en tête des facteurs de risque. Doivent ainsi attirer l’attention : une première grossesse plus tardive (passée en moyenne de 25 ans à 30 ans ces vingt dernières années), ou des premières règles plus précoces, « ce qui allonge la période d’imprégnation hormonale, donc les risques de cancer du sein » rappelle l’institut Curie.  « De multiples autres facteurs plus ou moins hypothétiques s’additionnent et ne sont pas spécifiques des femmes jeunes : manque d’activité physique, surpoids, environnement, tabac, alcool… », explique le Pr Jean-Yves Pierga, chef du Département d'oncologie médicale à l’Institut Curie. « Les femmes jeunes, qui consomment davantage d’alcool qu’auparavant n’ont pas forcément conscience qu’il s’agit d’un facteur de risque du cancer du sein », ajoute-t-il. La prise en charge précoce de ces cancers est d’autant plus importante...

qu’il existe une proportion plus importante de tumeurs agressives, à type de cancers triple-négatifs chez les plus jeunes (25% des cancers du sein chez les moins de 40 ans, contre environ 15% dans les autres classes d’âge). Les formes hormono-dépendantes restent néanmoins majoritaires. En conséquence, le pronostic chez la femme jeune, comme pour l’ensemble des cancers du sien est très favorable, avec une survie élevée (90% à 5 ans chez les moins de 45 ans), quasiment identique à celle des autres femmes (92% à 5 ans entre 45 et 74 ans). Dans ce contexte, un parcours de soin et de prévention est mis en place pour les femmes dès 25 ans afin de mieux les informer. « L’idée est de proposer un dépistage, non plus en fonction de l’âge, mais en fonction du risque individuel de développer un cancer du sein (risque familial, facteurs de risques, etc.). Cela permettra de proposer une surveillance adaptée à chacune » précise l’Institut Curie. La survenue d’un cancer pendant la grossesse pose des problèmes supplémentaires du fait du diagnostic fréquemment tardif, de formes agressives et de complications de la prise en charge. Une expertise pluridisciplinaire est nécessaire. Une prise en charge globale Le traitement du cancer du sein chez la femme jeune est peu différent des autres. « Le traitement hormonal peut prendre une forme plus spécifique, le type d’hormonothérapie étant adapté au statut ménopausée ou non de la patiente », précise Florence Coussy. Se posent cependant des questions supplémentaires, liées à la contraception, la fertilité, ou la sexualité, en plus de l’impact entraîné par la maladie sur la vie sociale et professionnelle. En particulier, la préservation de la fertilité doit être prise en compte, du fait de la toxicité de la chimiothérapie sur la fonction ovarienne. Et la sexualité est souvent perturbée, en lien avec les séquelles de la chirurgie (cicatrices, changement de volume, douleurs et troubles de la sensibilité …), de la radiothérapie, de la chimiothérapie (perte de cheveux et de pilosité …) et de l’hormonothérapie (sécheresse vaginale, bouffées de chaleur…). « On essaie d’être à l’écoute de cette problématique. Avant, pour schématiser, lorsqu’une patiente abordait ce sujet en consultation d’oncologie, on lui répondait : vous êtes guérie du cancer du sein vous devriez être contente. Aujourd’hui, cette problématique de retour à une vie de couple est de mieux en mieux intégrée », affirme Jean-Yves Pierga. L’Institut Curie mène de nombreuses recherches pour améliorer la prise en charge du cancer du sein chez la femme jeune. Il s’agit notamment de l’étude Feeric, lancée en 2018, qui vise à recueillir de multiples données sur les femmes de 18 à 43 ans touchées par un cancer du sein, de façon à élaborer des recommandations à destination des professionnels. L’Institut mène par ailleurs un projet de recherche, « Femmes jeunes et cancer du sein », dédié à l’étude du parcours de soin de ces patientes.

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