Cancer du sein : une large étude confirme un risque associé aux traitements de la ménopause

30/08/2019 Par Marielle Ammouche
Cancérologie
Depuis 2002, et la publication des résultats de l’étude Women Health Initiative (WHI), les prescriptions de traitement hormonal de la ménopause (THM) se sont effondrées, et cette substitution n’est désormais indiquée qu’en cas de symptômes particulièrement gênants. Depuis cette date aussi, les études se sont multipliées, pour tenter d’évaluer réellement la balance bénéfices/risques du THM.

  De nombreuses limites de l’étude WHI ont été mises en évidence (schéma thérapeutique non retrouvé en France, population âgée, risque cardiovasculaire élevé des participantes, traitement généralement débuté à distance du début de la ménopause…). Plusieurs études sont aussi venues contredire les résultats de WHI tant au niveau vasculaire qu’au niveau cancéreux ; tandis que d’autres essais, au contraire, ont confirmé l’existence d’un surrisque. Dans ce contexte, l’essai qui vient d’être publié dans The Lancet par une équipe internationale est d'une importance majeure. Il a non seulement été réalisé sur une très grande population de femmes, mais il a aussi détaillé les résultats en fonction des différents types de traitements ainsi que de leur durée. Il en ressort que le THM est associé à une augmentation légère du risque de cancer du sein, qui s’accroit avec la durée du traitement. Le risque diminue mais persiste environ 10 ans après son arrêt. L’étude a porté sur plus de 108 000 femmes ménopausées ayant développé un cancer du sein provenant de 58 études épidémiologiques, pour la plupart, des études observationnelles. Les auteurs montrent que tous les traitements hormonaux de la ménopause (THM) sont associés à un risque accru de cancer du sein, à l'exception des traitements locaux aux œstrogènes. Le risque augmente avec la durée du traitement et apparait supérieur avec une association œstrogènes-progestérone qu’avec un traitement par œstrogènes seuls. Ainsi, au cours des 4 premières années de traitement, le risque relatif (RR) était de 1,6 avec l’association œstrogènes-progestérone, et de 1,17 avec les œstrogènes seuls. En cas de traitement de 5 à 14 ans, les risques s’élevaient à 2,03 et 1,33 respectivement. Le risque apparaissait aussi plus important en cas de traitement quotidien (RR de 2,3 avec un traitement combiné sur une période de plus de 5 ans) qu’avec un traitement intermittent (RR de 1,93). Après arrêt du traitement, un excès de risque persistait pendant plus de 10 ans, son ampleur dépendant de la durée de l'utilisation antérieure. En risque absolu, une femme de cinquante ans qui a suivi pendant cinq ans un THM associant des œstrogènes et de la progestérone en continu avait un risque de 8,3 % de développer un cancer du sein dans les vingt années qui suivent le début du traitement, contre 6,3 % pour les femmes du même âge n'ayant eu aucun traitement. Ce qui correspond, selon les auteurs, à 1 cas pour 50 femmes. La proportion était de 7,7 % pour celles ayant suivi un traitement par intermittence (un cas pour 70), et de 6,8 % pour celles traitées par œstrogènes seuls, estiment les chercheurs (1 cas pour 200 utilisatrices). "Les médecins doivent tenir compte du message de cette étude mais aussi [prendre en considération] les symptômes de la ménopause, en envisageant soigneusement les risques et les bénéfices d'un traitement pour chaque femme", souligné Joanne Kotsopoulos, du Women's College Hospital de Toronto (Canada), dans un commentaire sur l'article. "Cela peut dépendre de la sévérité des symptômes, des contre-indications au THM, de l'IMC, et peut prendre en compte les préférences de la patiente", a ajouté la chercheuse spécialisée dans le cancer du sein.  

Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?

François Pl

François Pl

Non

Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus

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