Cancer de la prostate sans métastase: une nouvelle molécule en passe de bouleverser la prise en charge
Cette résistance se manifeste par une augmentation du taux de PSA, alors que la propagation de la maladie n’est pas encore visible radiologiquement (sur un scanner ou une scintigraphie osseuse). Pour préciser l’évolution de la maladie, on peut utiliser la vitesse d’augmentation du PSA, qui lorsqu’elle est élevée "est un critère de mauvais pronostic pour ces patients, la maladie risquant de devenir métastatique dans les deux années suivantes", précise l’Institut Gustave Roussy dans un communiqué. Or, jusqu’en 2018, il n’existait pas de traitement standard pour ces patients, tous les essais randomisés ayant été négatifs ; et les nouveaux traitements mis à disposition ces dernières années concernant uniquement les patients atteints d’un cancer métastatique. "Pour ces patients c’est la double peine ! On leur annonce que le cancer rechute malgré l’hormonothérapie mais qu’ils doivent attendre que la maladie s’aggrave et se dissémine pour recevoir un nouveau traitement", souligne le Pr Karim Fizazi (Institut Gustave Roussy).
C’est donc pour ces patients qu’a été conçu l’essai Aramis, mené par l’Institut Gustave Roussy - promu par les laboratoires Orion Pharma et Bayer HealthCare –, dans le but d’analyser l’efficacité et la tolérance de la darolutamide, un nouvel inhibiteur des récepteurs aux androgènes. Deux années supplémentaires sans progression tumorale Les résultats ont été présentés au congrès de l'American Society of Clinical Oncology (Asco) spécialisé dans le cancer génito-urinaire (San Francisco, 14-16 février 2019). Ils sont aussi publiés dans The new England Journal of Medicine. Cet essai comparatif de phase III a inclus 1509 patients présentant un cancer de la prostate non métastatique ayant reçu un traitement local et devenus résistant à l’hormonothérapie. Leur taux de PSA était supérieur ou égal à 2 ng/ml et doublait rapidement (10 mois ou moins) au moment de l’inclusion. Les patients ont été répartis pour recevoir soit la darolutamide à raison de 2 comprimés de 300 mg, soit l’équivalent en placebo ; le traitement hormonal conventionnel étant maintenu. Les résultats ont démontré que la darolutamide était efficace à la fois sur la mortalité et la survie sans progression de la maladie. Ainsi le traitement permettait de réduire de 59 % du risque de métastases ou de décès. La médiane de survie sans métastase est de 40,4 mois avec le darolutamide contre 18,4 mois pour le placebo. "Le bénéfice global pour les patients est un gain de près de deux années supplémentaires sans propagation de la maladie. De plus, tous les patients semblent en bénéficier de manière équivalente, il n’existe pas de sous-groupes", précise le Pr Fizazi. La réduction du risque de décès est de 29 % et le taux de survie à 3 ans est de 83 % pour les hommes traités par darolutamide contre 73 % pour ceux du groupe contrôle. La médiane de survie sans progression de la maladie (métastase et/ou rechute locale) est de 36,8 mois avec le darolutamide contre 14,8 mois avec le placebo. La réduction du risque de progression tumorale est de 62 %. De même, le risque d’apparition de douleurs est diminué de 35 %. Un bon profil de tolérance Par ailleurs, la darolutamide a montré un profil de tolérance similaire à celui du placebo avec des effets secondaires généralement bénins : fatigue (12 % des patients avec le darolutamide contre 9 % avec le placebo), douleurs (9 % dans les deux cas), diarrhée (7 % contre 6 %), hypertension (7 % versus 5 %), chutes (4 % versus 5 %) ou fractures (4 % dans les deux cas). La darolutamide n’est pas la seule molécule de ce type actuellement à l’essai. Deux autres ont été testées depuis un an avec de bons résultats en termes d’efficacité sur la survie sans métastase et la réduction du risque de décès. C’est le cas de l’essai Prosper avec l’enzalutamide, et de l’essai Spartan avec l’apalutamide. En revanche, le profil de tolérance de ces deux autres molécules pourrait s‘avérer moins favorable que celui de la darolutamide.
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