Idées suicidaires, humiliation, antidépresseurs : cette enquête montre à quel point les étudiants en médecine vont mal

la semaine précédant le sondage. Un quart, à cause du harcèlement. Enfin, dans un contexte de libération de la parole sur les violences sexuelles et sexistes dans le milieu médical, 4% des étudiants interrogés ont reconnu avoir souffert à cause d’agressions sexuelles. L’enquête précise d’ailleurs que plus de trois-quarts des violences sexistes et sexuelles surviennent à l’hôpital. 14% se déroulent en soirée étudiante et 7%, à l'université. Leurs auteurs sont en grande majorité (60%) des médecins thésés. 12% des auteurs sont des soignants non-médecins, 13% des internes et 10% des étudiants en médecine. “À deux reprises dans deux stages différents j’ai eu des médecins hommes un peu trop tactiles de type massage sans autorisation, évidement main sur la cuisse et des comportements de type clin d’oeil, regards insistants... Ces comportements m’ont mise mal à l'aise quand je travaillais avec eux”, rapporte une étudiante en deuxième cycle.
Selon l’Anemf, l’Isnar-IMG et l’Isni, les causes de ce mal-être des étudiants en médecine sont multi-factorielles. Outre le manque de respect des droits et conditions de travail des carabins, ils pointent notamment du doigt l’immobilisme des politiques publiques. Malgré la mise en place du Centre national d’appui à la qualité de vie des étudiants en santé (CNA), conformément aux préconisations du rapport Marra, ce dernier n’a pu être financé que fin 2020, soit quelques mois avant la clôture de la lettre de mission qui l'instituait, jusqu’à fin mai 2021... Ce centre s’est ainsi “heurté à un certain nombre d’embûches institutionnelles et de ralentissements”, estiment les organisations représentatives. De plus, le CNA n’a pas été systématiquement associé aux groupes et réunions ministérielles concernant les études de santé en dépit de plusieurs alertes. Si l’engagement récent d’Olivier Véran et Frédérique Vidal sur les risques psychosociaux des études de médecine est un premier pas en la matière, les syndicats déplorent le fait que le temps de travail hebdomadaire de 48 heures par semaine ne soit toujours pas respecté. Tous les ministres de la Santé successifs l’ont pourtant promis… Mais à l’heure actuelle les internes travaillent en moyenne 58,4 heures par semaine.
Des propositions à différentes échelles pour améliorer les choses
Forts de ce constat, l’Anemf, l’Isnar-IMG et l’Isni ont formulé plusieurs propositions à mettre en place à l’échelle nationale, locale et individuelle pour faire bouger les choses. Ils préconisent d'abord de cesser la dichotomie “étudiants fragiles” contre “étudiants forts” ainsi que de déstigmatiser les troubles psychiatriques chez les médecins. Parmi leurs propositions figurent également : la garantie de moyens humains et financiers, la sanction des auteurs de maltraitances ou de violence et la mise en place d’une commission nationale habilitée à résoudre des contextes locaux difficiles pour lesquels l’université, l’ARS ou l’hôpital ne peuvent trancher.
A l’echelle locale, il est nécessaire, selon les organisations représentatives, de renforcer les relais locaux des structures d'accompagnement ou de désigner un référent qualité de vie au sein de la faculté de médecine appartenant au corps des personnels administratifs, et chargé de faire le lien entre l’étudiant et les structures locales.
Enfin, à l’échelle individuelle, les organisations représentatives insistent sur la nécessité d’assurer la confidentialité d’un étudiant qui serait amené à solliciter de l’aide par un dossier médical protégé avec un secret médical renforcé mais aussi sur l’importance de mettre en place un accompagnement personnalisé des stagiaires et la protection des externes ou internes maltraités pendant leurs stages via une suspension de l’agrément, par exemple.
*Anemf : Association nationale des étudiants en médecine de France ; Isnar-IMG : InterSyndicale Nationale Autonome Représentative des Internes de Médecine Générale, Isni : InterSyndicale Nationale des Internes.
** Enquête menée via un questionnaire, accessible pendant six semaines entre les mois de mai et de juin. 11 754 réponses ont été analysées.
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