Idées suicidaires, humiliation, antidépresseurs : cette enquête montre à quel point les étudiants en médecine vont mal

Dépression, burn out, anxiété, épuisement, stress, violence… Ces mots sont depuis longtemps communément associés aux études de médecine. Malgré bon nombre d’alertes, de rapports, le constat reste le même au fil des ans : la santé mentale des carabins est en danger.
En 2017, quatre organisations représentatives d’étudiants en médecine, l’Anemf*, l’Isnar-IMG*, l’Isni* et l’INSCCA (aujourd’hui Jeunes Médecins, ndlr), ont déployé une vaste enquête afin de dresser un état des lieux précis de l’état de la santé mentale des étudiants d’alors. Sans surprise, le constat était alarmant : 66.2% des jeunes et futurs médecins présentaient des symptômes anxieux, 27.7% présentaient des symptômes dépressifs et 23.7% affirmaient avoir des idées suicidaires. Un constat qui, malgré tout, n’avait donné lieu à aucune réponse de la part des ministères de l’Enseignement supérieur et de la Santé, qui ont néanmoins commandé, en 2019, un nouveau rapport sur le même sujet au Dr Donata Marra. Fruit d’une “longue mise en évidence” pour les syndicats, il n’avait pourtant pas fait ciller les ministères, qui s’étaient contentés de promesses d’engagement, sans réels actes. Celles concernant le respect du temps de travail, notamment.
Deux ans plus tard, où en est-on ? La crise sanitaire liée au Covid a permis de mettre en lumière l’engagement et la mobilisation des jeunes et futurs médecins… Mais aussi des tensions sur l’exercice du soin en ville comme à l’hôpital. Beaucoup d’internes ont été réquisitionnés pendant leurs stages, ont enchaîné les gardes et les heures pour prendre en charge le surplus de patients Covid, parfois même au détriment de leur propre formation et de leur santé. Leur situation, déjà précaire, a empiré. Des phénomènes qui ne sont pas sans conséquences pour les carabins.
L’enquête santé mentale relancée
Tous les ans, plus d’une dizaine d’étudiants en troisième cycle de médecine mettent fin à leurs jours. Selon la Fondation Jean Jaurès, un interne à trois fois plus de risques de se suicider qu’un Français du même âge de la population générale. Une étude parue l’an dernier estime, en effet, que le taux de suicide des internes est de 33 pour 100.000. A titre de comparaison, celui de la population générale pour la même tranche d’âge (25-34 ans) était de 10,9 pour 100.000 habitants en 2014. Depuis le début de l’année, quatre décès ont déjà été recensés officiellement. Furieux de l’inaction des instances étatiques, les étudiants en médecine se sont largement mobilisés au cours de ces derniers mois : organisation d’un rassemblement devant le ministère, campagne de sensibilisation massive sur les réseaux sociaux au moyen des #pronosticmentalengagé et #protègetoninterne... Une mobilisation suffisante pour pousser Frédérique Vidal et Olivier Véran à signer, en avril dernier, un grand plan pour prévenir et maîtriser les risques psychosociaux des étudiants en santé.
L’Anemf, l’Isnar-IMG et l’Isni ont également décidé de relancer l’enquête santé mentale** afin de réactualiser les données obtenues en 2017, mais aussi de rechercher d’éventuels...
D'accord, pas d'accord ?
Débattez-en avec vos confrères.