Une année en autonomie dans les déserts pour les internes de MG : les carabins furieux contre les sénateurs

04/06/2019 Par Aveline Marques
Lors de l'examen du projet de loi de santé au Sénat, lundi après-midi, les parlementaires ont adopté un amendement transformant la "dernière année" d'internat de médecine générale en année "de pratique ambulatoire en autonomie", réalisée en priorité dans les zones sous-denses. "Il est inacceptable de brader la formation des futurs médecins pour répondre aux problématiques d’accès aux soins", fulminent les syndicats étudiants.

  "Ce dispositif permettra de déployer plusieurs milliers professionnels de santé dans les territoires sous-dotés", a souligné le sénateur socialiste Yves Daudigny, porteur d'un amendement faisant de la dernière année du troisième cycle de médecine générale (et d'autres spécialités listées par décret, notamment l'ophtalmologue et la gynécologie) une "année de pratique ambulatoire en autonomie", réalisée en priorité dans les zones sous-denses. Un dispositif "transpartisan" approuvé à une écrasante majorité de 311 voix contre 16. Et ce, malgré l'avis défavorable d'Agnès Buzyn. Pour ses promoteurs, c'est une "réponse efficace et rapide à la problématique des déserts médicaux", "admissible par tous". Familiarisés à l'exercice dans les territoires en manque de médecins, les jeunes médecins seront plus susceptibles de s'y installer, espèrent les sénateurs.   "Nous sommes encore loin de pouvoir accueillir la totalité des étudiants" Si Agnès Buzyn a jugé la mesure cohérente avec le Saspas (stage ambulatoire en soins primaires en autonomie supervisée) et la réforme du troisième cycle, "qui prévoit une évolution progressive vers une autonomie complète", elle estime néanmoins que "l'obligation de stage en ambulatoire n'est pas souhaitable compte tenu des ressources". "Nous avons l'objectif de mettre à disposition un nombre suffisant de maîtres de stage en zone sous-dense, mais nous n'y sommes pas encore : nous avons augmenté de 17 % le nombre de maîtres de stages universitaires entre 2017 et 2018. C'est une augmentation progressive, mais nous sommes encore loin de pouvoir accueillir la totalité des étudiants", a relevé la ministre de la Santé.

"Nous avons aussi besoin de médecins hospitaliers", a-t-elle ajouté, rappelant que 27 % des postes de PH sont vacants."Dans ces conditions, vos amendements reviendraient à imposer, la dernière année, un modèle de quasi-exercice", a déploré Agnès Buzyn, proposant de rester sur une "autonomie supervisée par le généraliste". "Il faut rendre les territoires attractifs plutôt que de les imposer aux étudiants", a-t-elle insisté. Dans un communiqué commun publié ce mardi matin, l'Anemf, l'Isni et l'Isnar-IMG ont manifesté leur opposition à cette "disposition ubuesque". "Avec cette mesure, l’internat de médecine générale de 3 ans se voit privé par les sénateurs d’une de ses années de formation ", s'alarment-ils "Les maquettes de formations ont été construites pour permettre une autonomisation progressive de l’étudiant", avec pour objectif une autonomie totale à la fin de l'internat, rappellent les organisations étudiantes. La maquette actuelle compte six semestres : un premier stage en ambulatoire chez le médecin généraliste, dit de niveau 1, un stage dans un service d’urgence, un en santé de la femme, un en santé de l’enfant, un dans un service de médecine polyvalente et enfin un semestre professionnalisant en autonomie supervisée chez un médecin généraliste dit Saspas.

"Quels stages seront remplacés" pour mettre en place cette année "en complète autonomie sans aucune supervision et sans la moindre plus-value pédagogique" ?, interpellent les jeunes. "Qui portera la responsabilité de ces étudiants livrés à eux-mêmes et parachutés sur un territoire ?". Pas question pour eux de "brader la formation des futurs médecins pour répondre aux problématiques d’accès aux soins, engendrées par des erreurs politiques d’il y a 30 ans."

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Claire FAUCHERY

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