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"Ce monde se préoccupe plus des insectes rares que des anciens" : le coup de gueule du Dr Hamon
Généraliste à Clamart (92), le Dr Jean-Paul Hamon a récemment visité à domicile des patients âgés dont les maisons sont menacées par l'avancée du Grand Paris. Dans un texte transmis à Egora, il fait part de son indignation.
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"La semaine dernière, le hasard des visites à domicile a fait que je suis allé chez deux vieux patients qui habitent à 50 mètres l’un de l’autre dans un quartier pavillonnaire de l’autre côté de ce qui va devenir une gare du "grand Paris". Le quartier a déjà bien changé avec de nouveaux immeubles que les promoteurs ont bien du mal à remplir... Il reste une trentaine de petits pavillons regroupés qui ont tous reçus des offres de rachat des promoteurs et la ville de Vanves s’apprêtent à pondre un arrêté d’utilité publique ou quelque chose comme ça.
Le mari me dit sur le pas de la porte : 'Vous n’auriez pas un hérisson de l’Himalaya qui pourrait nous sauver ?'
La première visite se fait chez un couple dont le mari est traité pour un cancer en rémission et dont la femme est lourdement handicapée mais le maintien à domicile se fait grâce à l’énergie d’une auxiliaire de vie et au passage régulier d’un kiné. Ils me montrent un courrier de la commune qui leur annonce la venue d’une "conseillère environnementale" qui va venir photographier leur jardin pour voir s’il n’y aurait pas de nids d’espèces protégées ou des plantes rares qui pourraient souffrir de la destruction de leur pavillon… Je regarde ce courrier dont j’ai du mal à réaliser qu’il est bien réel. Il vient bien de la Commune de Vanves, dont Gabriel Attal est conseiller municipal (d’opposition, certes ). Le mari me dit sur le pas de la porte : 'Vous n’auriez pas un hérisson de l’Himalaya qui pourrait nous sauver ?'
Sur cet humour du désespoir, je fais les 50 mètres qui me séparent du pavillon suivant, habité par une femme de 98 ans qui d’habitude fait les 800 mètres pour venir à mon cabinet mais qui là, est bloquée par un genou récalcitrant. Je monte un escalier étroit bordé de chaque côté par trois lauriers roses qui doivent être magnifiques au printemps. Son jardinet doit faire moins de 100m2. Elle m’accueille en me disant qu’elle est dans sa petite maison qui appartenait à ses grands-parents et qu'elle aussi a reçu le fameux courrier, mais que par zèle, elle refusera de recevoir cette conseillère. Elle m’apprend que j’ai également deux vieux couples du coin qui sont aussi mes patients et que la révolution est en marche dans le quartier… Je ponctionne le genou, je fais l’infiltration. Je fais la bise à cette vieille patiente et en sortant de là je me demande ce qui est arrivé à ce monde qui se préoccupe plus des insectes rares que de ces anciens qui mériteraient de finir leurs jours dignement sans être la proie de promoteurs assoiffés de pognon."
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