honte

Déconventionnement : "Cette menace est irresponsable, indécente et, pour les médecins eux-mêmes, très dangereuse"

Dans une tribune au vitriol publiée dans Le Monde, un collectif composé, entre autres, de professionnels de santé alerte sur les dangers d'un déconventionnement massif de médecins, notamment pour les patients les plus précaires.

29/03/2024 Par Sandy Bonin
Déconventionnement
honte

"Le déconventionnement ne peut fonctionner que dans les lieux où se concentrent les classes sociales les plus aisées. Partout ailleurs, dans les banlieues populaires, dans les campagnes, il met en grave péril la santé des habitants. C’est aussi la porte ouverte au retour de toutes les pratiques, autrefois courantes en France, des radiesthésistes, rebouteux et autres guérisseurs, voire des prières de protection", écrivent les auteurs de cette tribune. Ce collectif*, incluant notamment l'ancien président de la Mutualité française Etienne Caniard ou encore Gilles Noël, vice-président de l'Association des maires ruraux de France, estime que le déconventionnement "équivaut à se détourner de la mission sociale de la médecine en faveur du genre humain tout entier". 

Comment un tel projet a-t-il pu germer dans le cerveau de gens qui furent d’excellents élèves à l’école?

"Cette menace est irresponsable, indécente, et, pour les médecins eux-mêmes, très dangereuse, sinon autodestructrice. Elle ouvre la porte à des évolutions catastrophiques pour notre société républicaine car s’attaquant à ses fondements : liberté, égalité, fraternité", mettent-ils en garde.  "La conséquence serait un renoncement massif et catastrophique aux soins." "Comment un tel projet a-t-il pu germer dans le cerveau de gens qui furent d’excellents élèves à l’école, avant de s’engager dans une décennie d’études très exigeantes et de prêter le serment d’Hippocrate ?", s'interrogent les auteurs de la tribune.

"La difficulté d’une négociation n’autorise pas à dire n’importe quoi", jugent les signataires, qui rappellent "les revenus des médecins, s’ils ne sont certes pas immérités et si, en moyenne, ont baissé ou peu progressé depuis deux décennies, également rongés par l’inflation, placent cependant cette profession dans le haut du panier" en gagnant en moyenne 6 700 euros net pour les médecins généralistes et 9 600 euros pour les spécialistes.

Beaucoup de médecins sont "trop motivés par l’argent"

"De tels écarts devraient au moins obliger à une certaine modestie des prétentions, quand le pays est dans une situation financière vraiment difficile. Les médecins ne sont pas non plus les seuls à être concernés par l’inflation du montant des charges (des frais professionnels déductibles pour eux). Leurs rodomontades ne sont pas dignes de leur place dans la cité", taclent les signataires qui constatent que beaucoup de médecins sont "trop motivés par l’argent" ou "trop liée aux firmes pharmaceutiques". 

"Maximiser le profit, celui de quelques-uns au détriment du bien-être de tous. Veut-on que les hommes vivent ainsi ? Nous ne pouvons nous y résigner", conclut le collectif. 

[avec LeMonde.fr]

 

*Le collectif est composé de : Régis Bayle, maire d’Arrigas (Gard), président de la communauté de communes du Pays Viganais et conseiller régional d’Occitanie ; Etienne Caniard, président honoraire de la Mutualité Française ; Fabien Cohen, chirurgien-dentiste de santé publique ; Michel Limousin, médecin, rédacteur en chef des « Cahiers de santé publique et de protection sociale » et membre du conseil scientifique de la Fondation Gabriel Péri ; Gilles Noël, maire de Varzy (Nièvre), premier vice-président de l’Association des maires ruraux de France ; Thierry Philip, professeur de cancérologie ; Emmanuel Vigneron, professeur émérite des universités.

Comptez vous fermer vos cabinets entre le 5 et le 15 janvier?

Claire FAUCHERY

Claire FAUCHERY

Oui

Oui et il nous faut un mouvement fort, restons unis pour l'avenir de la profession, le devenir des plus jeunes qui ne s'installero... Lire plus

1 débatteur en ligne1 en ligne
Photo de profil de ROMAIN L
17,5 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 ans
Cette tribune est véritablement une synthèse. Une synthèse de tout les arguments qui me donnent envie de me déconventionner : chantage au serment, mythe du médecin nanti, ingrat, vénal, corrompu et aux compétences douteuses. Ses signataires démontrent leur méconnaissance profonde de la médecine générale libérale. Messieurs, si nous avions aussi peu de conscience professionnelle que vous le prétendez, nous serions déjà déconventionnés depuis bien longtemps et notre profession ne serait plus l'une de celles où l'on se suicide le plus. Messieurs, je ne sais pas d'où vous sortez vos chiffres, mais je vous donne volontiers les miens : sur mon activité de médecin de famille, je gagne, en équivalent net, environ 15 € de l'heure. Et vous ? Messieurs, qu'on soit clairs : je renie le serment d'Hippocrate. J'obéis au code de déontologie médicale, point. Il est invraisemblable que vous osiez exiger de moi que je sois corvéable à merci sous l'unique prétexte que la santé des gens n'a pas de prix. Ma santé d'abord. La médecine est mon métier, pas mon sacerdoce. Je ne me sacrifierai pas pour elle, pas pour vous. VOUS êtes les premiers responsable de la dégradation des soins en France, par votre mépris constant et votre refus de regarder la réalité en face : la soviétisation du système de santé est un échec total. Le problème est intégralement politique. Persistez dans votre posture et je vous garantis que ça finira par vous péter dans les mains.
Photo de profil de Nicolas  Delestret
305 points
Incontournable
Psychiatrie
il y a 2 ans
Que tous les signataires de cette tribune déclare de façon transparente leurs revenus et leur temps de travail réel. Je ne citerais pas de nom, mais j'ai déjà vu dans quelle condition travaillent certains de ces spécialistes moralisateur de la prise de position politique... Souvent bien planqué dans des offices intégralement financés par l'état, une liberté totale, et une quantité de travail on va dire modéré (je pèse mes mots). C'est même en général pour ça qu'on a le temps pour faire de la politique, avoir des relais dans la rédaction du journal le monde, twitter, rédiger des pétitions etc. Pour le reste tout a déjà ete dit. Ce sont précisément ces gens qui donnent envie de se déconventionner. Selon eux, tout médecin à travers le monde dont les revenus ne seraient pas SOUS TUTELLE DE L'ETAT sont des médecins qui se torchent avec le Serment d'Hippocrate. C'est totalement ridicule. On peut tout à faire respecter le serment d'Hippocrate sans être sous tutelle du ministère de la santé ! D'ailleurs, même si je ne suis pas très bon en Histoire, j'ai la quasi certitude que la CPAM n'existait pas à l'époque d'Hippocrate. Bref comme d'habitude. Beaucoup de sentiment de supériorité, beaucoup narcissisme mal placé. Beaucoup rhétorique fallacieuse également, pour essayer de cacher la seule et unique finalité de leur idéologie totalisante : l'état c'est bien. Le libéralisme, c'est le mal. Eh bien non Messieurs, le libéralisme ce n'est pas le mal ! C'est vous, qui êtes dangereux, totalitaires, méprisants, antilibéraux, anti démocratiques. Dans cette affaire, les patients, vous vous en fichez au moins autant que les autres. Sinon plus.
Photo de profil de Dominique SOUVESTRE
2,6 k points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 2 ans
Merci à Romain L de relire mon message en intégralité. Les éléments que je donne sont purement factuels et incontestables. Si vous avez envie de croire à vos appréciations personnelles purement subjectives, c'est votre problème. Quand je vous dis que mon loyer n'a même pas doublé en 37 ans, c'est la pure vérité et je tiens mes quittances à votre disposition. Par contre, que les difficultés NON FINANCIERES soient majeures aujourd'hui et bien plus grandes qu'en 1984, je n'ai jamais dit le contraire. Il y a 40 ans, il était facile de faire des gardes de N et de WE pour compenser le manque à gagner en semaine. Aujourd'hui, il est impossible d'échapper à l'insupportable pression des patients. C'est bien cela qui m'a fait raccrocher il y a 3 ans.
 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Pédiatrie
Moins de médecins, moins de moyens, mais toujours plus de besoins : le cri d'alerte des professionnels de la...
06/11/2025
14
Concours pluripro
CPTS
Les CPTS renommées "communauté France santé" : Stéphanie Rist explique l'enjeu
07/11/2025
12
Podcast Histoire
"Elle était disposée à marcher sur le corps de ceux qui auraient voulu lui barrer la route" : le combat de la...
20/10/2025
0
Portrait Portrait
"La médecine, ça a été mon étoile du berger" : violentée par son père, la Pre Céline Gréco se bat pour les...
03/10/2025
6
Reportage Hôpital
"A l'hôpital, on n'a plus de lieux fédérateurs" : à Paris, une soirée pour renouer avec l'esprit de la salle...
14/10/2025
8
La Revue du Praticien
Diabétologie
HbA1c : attention aux pièges !
06/12/2024
2