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Applications santé et patients chroniques : les faux amis

Depuis quelques années, les applications mobiles de santé se sont multipliées, promettant de mieux accompagner les patients souffrant de maladies chroniques comme le diabète, l’hypertension ou l’asthme. Mais selon une étude récente publiée dans JAMA Network Open, cette explosion d’outils numériques pourrait bien compliquer davantage le quotidien des patients, plutôt que de l’alléger. 

09/05/2025 Par Rémy Teston
applications santé

Cette étude menée dans le cadre du projet "Hôtel-Dieu plateforme", impliquant l’AP-HP, l’Université Paris Cité et cinq entreprises (Implicity, Lifen, Nabla, Nouveal ainsi que Withings) analyse l’utilisation d’applications médicales chez plus de 10 000 patients chroniques. Un constat sans appel : malgré une offre pléthorique, peu de patients utilisent régulièrement ces applications. 

Les barrières sont nombreuses : complexité d’utilisation, manque d’interopérabilité entre les outils, doublons avec les carnets papier, sans oublier la surcharge cognitive générée par la gestion simultanée de plusieurs applications. Résultat : beaucoup abandonnent après quelques semaines. 

Avec parfois plusieurs pathologies à gérer, les patients chroniques doivent jongler entre des applications différentes, souvent non connectées entre elles. Un patient diabétique hypertendu devra par exemple suivre sa glycémie sur une application dédiée, sa tension sur une autre, et son traitement sur une troisième. Sans parler des portails web des hôpitaux, qui ajoutent une couche supplémentaire de complexité. Résultat : les applications censées améliorer le suivi et réduire les hospitalisations génèrent au contraire des frustrations… et des abandons. 

Un signal d’alerte aux acteurs de la e-santé

Du côté du praticien, il doit également jongler entre une multitude d’outils, ce qui complexifie encore la prise en charge des patients. D’autant qu’une grande partie des fonctionnalités proposées ne sont pas jugées importantes ni utiles. 

Pourtant, le potentiel de ces outils est réel. Bien conçues, elles peuvent améliorer l’observance thérapeutique, détecter précocement des complications, ou encore rassurer les patients en leur donnant des repères clairs. 

Mais pour cela, il faut repenser leur conception : impliquer les patients dès le départ, simplifier les interfaces, et surtout, garantir l’interopérabilité avec les systèmes de santé existants. 

Cette étude permet de sortir de l’angélisme que l’on entend souvent autour du numérique santé et de lancer un signal d’alerte aux acteurs de la e-santé : l’innovation ne vaut rien si elle n’est pas au service de l’humain. L’innovation technologique doit être une alliée des patients chroniques et non un fardeau supplémentaire.

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Claire FAUCHERY

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