Un euro par boîte de médicament, 2 euros par consultation chez le médecin : le Gouvernement double les franchises
En France, "on consomme trop de médecine, estimait le Président de la République le 16 janvier dernier. Il n'y a pas d'argent magique, quand c'est pas le consommateur qui la paie, c'est le contribuable qui la paie." Alors que les dépenses d'Assurance maladie (hors Covid) ont augmenté de presque 20% entre 2018 et 2022, Emmanuel Macron a annoncé lors de cette conférence de presse un doublement de la franchise sur les médicaments, une mesure qui "responsabilise", a-t-il argumenté. "Au moment où je vois ce que nos compatriotes peuvent dépenser pour les forfaits de téléphonie, la vie quotidienne, se dire qu'on va passer de 50 centimes à 1 euro pour une boîte de médicaments, j'ai pas l'impression qu'on fait un crime terrible", a lancé le chef d'Etat face à la presse. Dans un communiqué diffusé lundi 22 janvier, le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités confirme avoir engagé "les consultations liées à la procédure de publication des textes réglementaires nécessaires" au doublement du montant des franchises qui s'appliquent sur les boites de médicaments, mais aussi sur les actes paramédicaux (de 50 centimes à 1 euro), sur les transports sanitaires (de 2 à 4 euros), et des montants des participations forfaitaires aux consultations médicales et aux examens et analyses de biologie médicale (de 1 à 2 euros). Des reste à charge qui n'avaient pas été augmentés depuis leur création dans les années 2000, fait valoir le ministère. Ces hausses devraient entrer en vigueur en deux temps : "fin mars" pour les franchises, "d'ici début juin" pour les participations forfaitaires. Comme aujourd'hui, ces franchises et participations forfaitaires seront applicables à l’ensemble des assurés, "à l’exception des mineurs, des femmes qui bénéficient de l’assurance maternité, et des bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire". Le plafond annuel de 50 euros sera maintenu afin de ne pas pénaliser davantage les patients ayant le plus fort recours aux soins, notamment ceux en ALD. Le Gouvernement justifie cette mesure par le "déficit chronique" de la Sécurité sociale, en partie lié au vieillissement de la population et au développement des maladies chroniques. Cette mesure devrait permettre de dégager 800 millions d'économies, déjà intégrées dans le budget de la Sécu pour 2024. La France reste malgré tout le pays de l'OCDE où le reste à charge pour le patient est le moins élevé, après le Luxembourg, fait valoir l'exécutif : 7% en 2021, en baisse de 1.8 point en dix ans. Mais cette décision est vivement critiquée d'une part par France assos santé, qui représente les usagers, et par MG France. "Cent euros par an [si les deux plafonds sont atteints, NDLR] sur une petite retraite, c'est pas négligeable", a souligné le Dr Jean-Christophe Nogrette, secrétaire général adjoint du syndicat de généraliste. "Faire payer doublement les gens qui sont malades, ce n'est pas comme cela qu'on responsabilise. On les culpabilise", a déploré Gérard Raymond, président de France Assos Santé, qui redoute "un renoncement aux soins". [avec AFP]
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